PiggyBee revoit son modèle de transport participatif

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Par · 23/01/2017

PiggyBee, qui a vu le jour en 2012, vient d’obtenir, sous forme de prêt convertible, un financement de 50.000 euros auprès du fonds public W.IN.G.

Lancée par David Vuylsteke, PiggyBee fut l’une des premières start-ups, chez nous en tout cas, à tenter l’expérience du transport désinstitutionnalisé (pour ne pas utiliser le terme d’ubérisation). L’application permet en effet à quiconque de trouver une bonne âme pour prendre en charge la livraison d’un (petit) colis. Particularité: PiggyBee vise exclusivement le créneau des transports internationaux, moyenne ou longue distance.

Les transporteurs occasionnels imaginés au départ étaient donc les voyageurs (touristes ou hommes/femmes d’affaires) qui empruntent l’avion, voire le train et l’avion.

Un créneau moins meurtrier

A la fois pour des raisons de préférences personnelles et de terrain encore relativement vierge, David Vuylsteke s’est focalisé dès le départ sur “le transport international – ou du moins “longue distance” – de produits qu’on ne trouve pas localement ou encore sur le transport d’objets personnels sur ce type d’itinéraire.”

Au fil du temps, plusieurs de ses coachs lui ont soufflé l’idée de se réorienter vers du transport local mais il a préféré ce tenir à l’écart d’un terrain déjà très concurrentiel, peu différenciant: “je me serais simplement égaré dans le cadre, par exemple, de livraisons locales ubérisées”. Egaré pour ne pas dire asphyxié…

David Vuylsteke: “L’intérêt qu’a manifesté W.IN.G vient notamment du fait que le modèle est “scalable” et peut servir tout type de livraisons, sans l’apport de ressources telles que véhicules, flotte d’avions, entrepôts ou “hubs logistiques” dont ont besoin nos concurrents traditionnels.”

L’investissement consenti par W.IN.G sera mis à profit pour développer de nouvelles fonctionnalités et tester certaines hypothèses.

Pour ce qui est des fonctions nouvelles, il y aura notamment la mise en oeuvre d’un service d’escrow (voir ci-dessous), l’évolution du mécanisme de prise en contact entre demandeur et transporteur (le simple courriel fera place à une messagerie en ligne), la gestion des paiements, l’amélioration des profils utilisateurs et des mécanismes de vérification – “obligatoires dans le cas d’un objet personnel en vue d’éviter le transport potentiel d’objets illicites”…

Côté “hypothèses”, que veut tester PiggyBee? “Au niveau du profil de nos utilisateurs, il a été décidé de repartir d’une – belle – feuille blanche pour encore mieux cerner qui ils sont. Je viens de recommencer une série d’interviews (utilisateurs) en vue d’affiner le “couteau marketing”.

Nous tenterons de cibler davantage le groupe d’utilisateurs – et de routes – qui pourra nous amener au prochain seuil de croissance. Faut-il par exemple prendre la communauté qui grandit le plus vite ou celle qui “rapporte” le plus et permet d’améliorer le service?

Idem au niveau des destinations. La sélection, plus fine, s’effectuera suite à cette série d’interviews. Néanmoins, les données que nous avons accumulées à ce jour permettent déjà d’identifier des routes “populaires”, tel que le transport à partir des Etats-Unis vers la France ou la Belgique mais également l’Inde, la Russie ou l’Argentine.”

Il s’agira également de tester de nouvelles modalités de paiement. David Vuylsteke estime qu’un certain nombre d’utilisateurs préféreront le système actuel de pourboire laissé à leur appréciation – un petit côté “solidaire” que la plate-forme veut préserver. La forme du pourboire devrait aussi rester libre. Si l’argent comptant est évidemment une option, PiggyBee avait aussi imaginé au départ un système de récompenses (trajet depuis l’aéroport, visite de la ville… en échange du transport d’un objet). “Certains restent sensibles à cette option qui est maintenue.”

Mais les différentes possibilités feront l’objet de tests plus approfondis: formules solidaires, tarif variant selon le type ou la valeur de colis, paiement en-ligne… L’évolution vers un modèle de monétisation structuré servira aussi à donner de la crédibilité à PiggyBee et à lui donner des arguments nécessaires pour convaincre les futurs investisseurs. Une nouvelle levée de fonds est en effet envisagée – une fois le travail de validation d’hypothèses terminé et concrétisé.

Le modèle économique de PiggyBee?

Pendant longtemps, David Vuylsteke est resté fermement ancré dans un modèle de tarif laissé à l’appréciation de la personne qui désire faire livrer un colis (ou à celle du destinataire). Dans un esprit non lucratif.

L’expérience et l’arrivée de W.IN.G. modifient quelque peu l’optique. “Les utilisateurs nous ont demandé de les assister davantage, plutôt que de laisser les discussions pratiques et les question d’argent à leur entière discrétion.

Nous allons donc suggérer un pourboire (modifiable) en fonction de la distance, de la taille mais également de la valeur des objets transportés. Il faut savoir que la plate-forme propose le transport de deux types d’objets: les objets personnels (environ 40% des demandes) et les objets que l’on souhaite acheter ou faire acheter par le voyageur. Pour ces derniers, nous allons mettre en place un système d’escrow: le demandeur paiera l’article à l’avance en versant la somme à PiggyBee, qui jouera l’intermédiaire de confiance. Le voyageur achètera l’objet en fonds propres (avec la garantie que PiggyBee détient la somme) et sera remboursé une fois la livraison confirmée par le demandeur. Cette sécurité en plus devrait avoir pour effet d’accroître le panier moyen d’achats effectués via le site, qui est actuellement d’environ 250 euros.”

PiggyBee se rémunèrera par voie de commission.

La “cible” de la société, en termes de transporteurs et de demandeurs de transport, demeure celle des particuliers (voyageurs, touristes, professionnels amenés à se rendre dans des contrées lointaines) mais David Vuylsteke espère que les nouvelles fonctions ajoutées, notamment pour fiabiliser le service, lui ouvriront le portes d’envois de type B2C, voire B2B.


PiggyBee en quelques chiffres

La plate-forme annonce actuellement 7.400 inscrits, 4.500 demandes de transport, 6.000 voyages effectués.

La traction semble démarrer: en 2016, le nombre d’utilisateurs a doublé par rapport aux 3 années précédentes. Et la croissance est désormais de 15% par mois.