RVC prépare son entrée en Bourse

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Par · 15/12/2016

La société namuroise RVC, spécialisée dans les solutions de gestion (en compris mobile) de maintenance technique et énergétique de bâtiment, prépare une entrée en Bourse – sur la place de Paris – pour le mois de février ou de mars prochain. Levée de fonds espérée: un million d’euros pour une société dont l’évaluation de départ est de 4 millions.

Objectif: financer la croissance attendue de ses activités et se doter les moyens de l’accompagner. En engageant des commerciaux, en renforçant l’équipe technique et en identifiant des partenaires avec qui s’allier pour couvrir une plus large zone géographique (l’expansion doit venir, pour une bonne part, de France).

Jusqu’ici, la société avait pu compter sur des aides bancaires (Belfius et ING) mais, ces derniers mois, un double signal, venu de Belfius elle-même et d’un spécialiste des IPO, Louis Thannberger (plus de 400 à son actif, dont celle du groupe SEB), est venu lui souffler à l’oreille qu’il était temps de voir plus grand. C’est en tout cas la manière dont Christian Van Parys, patron de RVC, présente les choses.

Le moment opportun

RVC, pour l’instant, c’est 6 personnes – dont 3 informaticiens. Ou, plutôt – cela vaut la peine de le souligner – trois informaticiennes.

Créée en 1981, rachetée et repositionnée en 2009 par Christian Van Parys, RVC est active sur trois créneaux complémentaires: les technologies mobiles, la dématérialisation des processus administratifs et la gestion des consommations d’énergie et d’eau.

Ses cibles de clientèles incluent des gestionnaires immobiliers (privés et publics), des opérateurs de maintenance, des chauffagistes, des climaticiens et, depuis 2015, des frigoristes.

Solutions? Powerges, logiciel de gestion de maintenance d’installations techniques (chauffage et autres), disponible sur tablette (iOS et Android), permettant l’encodage direct, sur le terrain, des tâches techniques et la génération des attestations (entretien, TVA…), agréments et rapports.

Elyci online (e-log your Cooling Installation), une solution d’édition d’attestations, de flux de traçabilité et d’interventions.

Emisas (Energy Management and Information System for Action and Savings). RVC fut l’un des partenaires du projet européen Emisas (projet H2020 Societal Challenges). Objectif: “développer et démontrer une solution permettant de “réduire de 15 à 30% la consommation de gaz et d’électricité dans une centaine de bâtiments – bureaux administratifs, installations sportives et culturelles, écoles… – dans quatre villes européennes”: Namur, La Louvière, Côme (Italie) et Torrevieja (Espagne).”

L’un des dispositifs utilisés par RVC est le boîtier Xemtec, de conception suisse, un lecteur optique qui permet de collecter des données d’une multitude de formats de compteurs et d’en permettre ainsi une analyse d’un point de vue optimisation des consommations et des comportements de consommation, de procéder à des sous-comptages (par type d’usage de l’énergie – chauffage, ventilation, éclairage – et par utilisateur).

Croissance en accélération

Côté chiffre d’affaires, la société se pointait, à la fin de l’exercice fiscal précédent, à environ 500.000 euros. En mars 2017 (clôture de l’exercice en cours), elle devrait avoir réalisé une progression de 40%, se situant aux alentours des 700.000 euros. Son plan de progression, lui, est nettement plus dynamique. Tablant sur l’extension au marché français et à une demande croissante, elle ambitionne de doubler son chiffre d’affaires pour 2018 (1,36 million) et de continuer à un rythme accéléré jusqu’à dépasser les 6,7 millions à l’horizon 2022. De quoi offrir de belles perspectives aux investisseurs…

Les espérances chiffrées de croissance reposent sur des intentions d’extension, tant géographique (vers la France) que thématique. Après la collecte et le traitement des données de consommation énergétique, RVC imagine que sa solution Powerges pourra aussi inclure d’autres domaines techniques: gestion et maintenance d’ascenseurs, contrôle d’installations d’incendie, voire éoliennes.

Christian Van Parys (RVC): “L’une des premières mesures que nous prendrons sans doute est de recruter un responsable pour le marché français.”

La société en est évidemment encore loin mais ne veut pas se priver de ce genre d’opportunités. Si elles doivent se concrétiser, elles exigeront bien entendu de nouveaux développements et, donc, de nouveaux moyens.

Côté pénétration du marché français, Christian Van Parys penche pour une formule de franchisés et, éventuellement, des accords avec des partenaires commerciaux, disposant d’une équipe assez nombreuse, de commerciaux présentant un profil complémentaire (actifs par exemple dans les technologies mobiles ou les solutions IT pour le secteur immobilier).

“L’une des premières mesures que nous prendrons sans doute est de recruter un responsable pour le marché français qui puisse mettre en place cette infrastructure. Si une antenne RVC devait s’ouvrir, ce serait sans doute dans la région de Lyon…

Autres pistes d’extension et de croissance: les éditeurs d’ERP utilisés dans le secteur de la gestion de documents (il s’agirait pour RVC d’intégrer Powerges avec leurs propres solutions) et les grands opérateurs tels que Cofely. Mais, là aussi, il ne s’agit encore que de perspectives théoriques.

Convaincre le secteur public

Les gestionnaires immobiliers publics, on l’a vu, sont l’une des cibles de clientèle de RVC.

Une application mobile qui permet de gérer et d’historiciser tous les documents, attestations, agréments liés à la maintenance énergétique.

Comment Christian Van Parys espère-t-il convaincre les communes, par exemple, d’adopter sa solution pour le suivi des consommations de leurs bâtiments, elles qui sont encore rares à avoir mordu à cet hameçon, en dépit de sollicitations malgré tout assez nombreuses?

Le cheval de Trois, selon Christian Van Parys, pourrait être le capteur optique pour collecte des relevés. “Une collecte automatique, systématique, au fil de l’eau, des consommations lui procure un pilotage bien plus efficace et réactif que de se baser uniquement sur l’analyse des factures énergétiques. Elle obtient une vue immédiate sur les consommations des bâtiments, sur les anomalies et peut agir plus rapidement…” Avec les économies qui peuvent s’en suivre.

Autre argument que la société espère décisif: le mode SaaS que propose RVC. “Pour quelques centaines d’euros par an, la commune dispose d’une solution et reprend la maîtrise de son cadastre énergétique.”

Pourquoi Paris?

Pourquoi avoir choisir une introduction en Bourse à Paris et qu’espérer de ce mode de financement plutôt qu’un autre? Voici la vision qu’en donne Louis Thannberger, conseiller de RVC.

L’entrée en Bourse se fera en place de Paris sur le nouveau segment “gold” en phase de création aux termes de la réforme de marché en cours. Christian Van Parys n’a pas choisi, lui-même, de privilégier Paris à Bruxelles mais s’est laissé guidé par les conseils de Louis Thannberger.

C’est lui qui a recommandé à RVC de viser une introduction sur le nouveau segment “gold”, positionné, dans la hiérarchie, entre le Marché Libre (“la Bourse pour apprendre, la Bourse pour comprendre”, comme il l’appelle) et l’AlterNext. Ce segment n’est pas encore tout-à-fait créé. RVC serait donc l’une des toute premières à s’y lancer.

Parmi les principales caractéristiques: des sociétés qui ont déjà pas mal d’années d’existence et qui proposent un flottant d’au moins un million d’euros. “RVC a le profil-type de ce qu’attendent les gros investisseurs”, estime Louis Thannberger. “Une société venant de l’économie réelle, traditionnelle, mais avec une dimension high tech, une belle progression du chiffre d’affaires et la perspective d’une croissance encore accélérée à l’avenir.”

Il croit dur comme fer dans les chances de progression de la société. Pour plusieurs raisons: un statut de quasi premier arrivant sur ce créneau de la gestion intégrée du suivi de consommations, une concurrence encore rare.

“Il y a toujours une prime, en Bourse, pour le premier entrant.”

Et il défend bien évidemment les arguments de la Bourse: “Le financement des entreprises, en Europe, se fait encore trop par le crédit, dans un contexte de système bancaire qui continue d’être exposé aux risques. Entrer en Bourse permet en outre à une société de faire parler d’elle, de gagner en crédibilité et d’attirer des talents.”

Toujours selon lui, un patron d’entreprise a davantage intérêt à ouvrir son capital à des centaines voire milliers de petits investisseurs que de s’allier à un gros investisseur (par la voie du financement à risque). “Un gros actionnaire interdit souvent au dirigeant de faire ce qu’il veut. Avec ne serait-ce que 20% du capital, le financier, celui qui paie, est toujours celui qui commande.”

Entre rester majoritaire mais ne plus avoir son mot à dire et accepter une foule de petits actionnaires mais demeurer maître de la situation, la question ne se pose pas aux yeux de Louis Thannberger. “Le plus important est de rester totalement libre. Il vaut mieux pour le patron d’une entreprise d’être minoritaire mais de rester indépendant.”