Click: nouveau living lab orienté expérimentation numérique créative

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Par · 25/11/2016

Un 4ème living lab est en train de voir le jour en Wallonie. Du côté de Mons. Son thème: les technologies numériques appliquées au monde des industries culturelles et créatives. Animateur et pilote: l’institut Numediart de l’UMons.

Nom de baptême: Click.

L’idée de lancer ce nouveau living lab dans ce domaine spécifique est né d’un constat: “entre les idées qui émergent par exemple d’un hackathon et le lancement d’une start-up sur base de cette idée, même prometteuse, il y a souvent un fossé, une série d’obstacles à franchir. Idem pour ce qui est d’idées naissant lors d’un brainstorming en entreprise et le financement et le lancement du projet”, souligne Guy Vanden Bemden, directeur de recherche en Innovation et Créativité à l’UMons et par ailleurs responsable du Click.

Comme tous les living labs, le Click permettra aux créateurs, entrepreneurs, porteurs de projets de tester en situation réelle, en contact direct avec les utilisateurs potentiels, la validité de leur idée ou de leur concept. En mode co-création avec les usagers, les industriels, les acteurs commerciaux (ou autres) à qui ils destinent le fruit de leur imagination.

Couvrir toute la chaîne de ces obstacles qui séparent le moment de l’idéation, voire du pré-prototypage, du lancement opérationnel de la solution: validation du modèle économique et de l’approche technologique, retour/réactions de la cible, tests en conditions réelles.

Le Click procurera trois types de services:

  • un accompagnement technologique: évaluation du projet, mise à disposition de résultats de recherche et d’une “boîte à outils” (provenant de l’Institut Numediart), guidance pour la création d’un proof of concept ou d’un MVP (minimum viable product)
  • Guy Vanden Bemden (Click): “aider les idées qui émergent par exemple d’un hackathon ou d’un brainstorming en entreprise à franchir les obstacles qui les séparent de la concrétisation.”

    accompagnement des usagers: création d’une communauté d’utilisateurs – ce volet est encore en cours, les responsables du Click devant encore parachever la sélection des premiers “living testers”

  • environnement de test: ce volet, aussi, n’est pas encore opérationnel. “Nous recherchons un ensemble de lieux propices à l’expérimentation grandeur nature. Ils sont potentiellement de nature variée même s’il s’agit essentiellement, dans un premier temps, de musées”, indique Guy Vanden Bemden. “Notre volonté est de pré-équiper un certain nombre de ces lieux, caractérisés par une importante fréquentation publique. Ces sites doivent garantir une pérennité dans la mesure où ils serviront de vitrines pour une série de projets qui se succéderont dans le temps.”

Le Click n’est donc pas encore tout-à-fait prêt puisqu’il lui faut encore se constituer une première communauté fidélisée d’utilisateurs-testeurs et trouver des partenaires pouvant mettre des lieux d’expérimentation grandeur nature à disposition (à long terme).

Toutefois deux premiers projets-pilote ont déjà été accompagnés (voir plus bas).

Un projet sur 5 ans

Financé dans le cadre du projet-coupole DigiStorm (financement: FEDER), le living lab Click s’est imaginé, dans un premier temps, dans une perspective à 5 ans.

Une thématique sera développée chaque année. 2016, par exemple, a été dédiée à des projets orienté musées.

2017 sera placée sous le signe des “performances et spectacles augmentés”.

2018 aura (probablement) pour thème le tourisme mobile.

Paramètres communs que doivent respecter les projets qui poseraient leur candidature à une incubation au sein du living lab Click? “Présenter un effet structurant, constituer et impliquer une communauté d’utilisateurs, opérer en collaboration avec un partenaire qui s’engage à préserver l’infrastructure à long terme.”

Arts et regards

En 2016, deux premiers projets-pilote, imaginés au sein de Numediart, ont déjà été sélectionnés et ont fait l’objet d’une expérimentation par le Click.

You-Motion (partenaires: i-Movix et le musée des Beaux-Arts de Mons) consiste en une installation interactive qui filme, à très haute vitesse (500 images/seconde), les émotions qui s’affichent sur le visage d’un visiteur de musée lorsqu’il est confronté à un élément d’exposition qui l’étonne, le surprend…

Reg’Art (à prononcer “regard”) vise à comparer la manière dont un visiteur regarde réellement une oeuvre (le parcours détaillé que suit son regard pour la découverte d’une oeuvre) avec… ce qu’un programme informatique avait “prédit” que serait ce cheminement du regard. Partenaire: Ittention, spin-off de Numediart.

Détecter mais aussi prédire le cheminement d’un regard, compte tenu du contexte. Ittention explore ce domaine en l’appliquant à la réalité virtuelle et augmentée.

Cette prédiction machine est un domaine qu’explore l’institut Numediart. Ses chercheurs travaillent par exemple sur des réalisations de type AR Gaze Prediction (PredictVR), afin de prédire, à même un casque de réalité virtuelle, la direction que prendra le regard de l’utilisateur. Que le contexte soit celui d’une découverte interactive artistique ou d’une finalité franchement commerciale (par exemple le parcours d’un regard dans un rayon de magasin). Ces recherches en “détection, incitation et prédiction de regard” permettront notamment de mieux comprendre la mesure et la “capture” d’attention.

Dans le cadre du projet Reg’Art, “l’analyse du parcours que suit le regard peut être utile pour l’artiste-auteur dans ses propres recherches graphiques”, déclare Guy Vanden Bemden.

Confronter la réalité avec ce que le prédictif algorithmique avait anticipé permettra par ailleurs d’améliorer les algorithmes et la génération artistique automatique.

Outre ces projets, nés de l’imagination des chercheurs et des étudiants de l’Institut Numediart, le Click s’ouvrira évidemment à des projets portés par des tiers – des créateurs individuels ou encore des entreprises.

L’un des premiers projets “externes” acceptés dans le cadre du Click est par exemple un projet qui a vu le jour lors du tout récent Hackathon Réalité virtuelle de Mons et qui vise le développement d’une manette d’interaction très bon marché pour environnements immersifs et réalité augmentée.


Pour rappel, trois autres living labs ont déjà vu le jour en Wallonie:

  • le WeLL, dédié à l’e-santé et implanté sur le site du parc scientifique Sart-Tilman à Liège
  • le Smart Gastronomy Lab, à Gembloux, qui explore notamment de nouvelles approches technologies au service de l’expérimentation nutritionnelle et gastronomique
  • Connexences, à Charleroi, orienté vers l’innovation industrielle pour PME. [ Retour au texte ]