Inauguration du musée informatique NAM-IP

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Par · 28/10/2016

La gestation fut longue mais les initiateurs du musée informatique NAM-IP – Numerical Artifacts Museum Informatique Pionnière de Belgique – ont réussi leur pari. Ce musée entièrement dédié aux “ancêtres” informatiques, regroupant les collections Bull, Unisys, Lemaire et Maredsous (Informatique & Bible), a officiellement été inauguré ce jeudi 27 octobre.

Aménagé dans l’espace rénové de l’ancien hall omnisports de l’Ecole Saint-Aubain à Salzinnes (Namur), il héberge et dévoilera désormais à la vue de tous des collections jusqu’ici éparpillées et, pour certaines, menacées d’expulsion de leurs anciens locaux.

Après l’inauguration officielle, la véritable ouverture au public s’effectuera dès ce samedi. Les visiteurs pourront le découvrir en semaine, du mardi au vendredi (10 h-16 h). Avec aussi, d’avril à octobre, une ouverture le samedi (10 h-17 h).

L’adresse: rue Henri Blès, 192A, 5000 Namur (Salzinnes).

Des visites guidées seront proposées (une bonne heure de découverte commentée à prévoir). Prix de l’entrée: de 6 à 8 euros.

Namur veut en faire un outil d’attractivité mais aussi un instrument de revitalisation et de lutte contre la fracture numérique. Mais le rayonnement espéré va bien entendu largement au-delà de la zone namuroise.

“Il n’y a pas d’autre musée informatique dans 375 kilomètres à la ronde”, souligne Réginald-Ferdinand Poswick, l’une des chevilles ouvrières majeures de cette aventure. “Le plus proche est celui de Nixdorf-Siemens à Paderborn. Un autre se trouve à 75 kilomètres au nord de Londres. NAM-IP a dès lors l’ambition de devenir un pôle d’attraction national et international.”

L’ambition, en dépit de l’espace somme toute restreint, n’a rien d’irréaliste. Non seulement les collections sont riches et diversifiées mais les visiteurs étrangers étaient déjà nombreux à s’intéresser aux collections alors qu’elles étaient encore séparées. Ainsi le musée Unisys, géré jusque là par Jacques Laffut, avait encore récemment accueilli des délégations d’étudiants venues de… Floride. Parce que certaines pièces sont uniques et d’autres n’avaient été produites qu’en Belgique – à l’époque où Burroughs produisait encore à Seneffe (pour ceux qui s’en rappellent encore).

Un espace vivant

Le NAM-IP ne sera pas uniquement un espace pour vieilleries et pour nostalgiques. Il se veut aussi un centre de documentation et de référence, un lieu où chercheurs et nouvelles générations viennent étayer leurs connaissances et leur compréhension de l’informatique d’aujourd’hui – et de demain. Des visites guidées seront organisées à destination des écoles (divers groupes d’âge) et du grand public avec démonstrations par les collectionneurs et les gestionnaires du musée. Ce sera aussi un lieu où se tiendront des conférences.

L’ancien et le nouveau

L’espace d’exposition couvre 400 m2. De quoi exposer environ 20% des collections. Le reste est stocké dans les containers qui servent aussi de mise en scène. Le musée opérera par expositions thématiques successives, histoire d’exposer tour à tour ce qui se cache dans ses réserves.

La premier exposition, qui débute ce week-end, est consacrée aux “machines qui comptent”. Tout ce qui est machines à calculer (celles qui ont fait les débuts de l’ère électronique), trieuses, machines statistiques (dont la fameuse machine d’Herman Hollerith) y est donc mis à l’honneur, aux côtés d’autres équipements (mainframes, minitels, premiers PC, premiers portables…).

Machine statistique d’IBM.

Trieuse Bull.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retour à l’ère des premiers PC.

Terminal CII Honeywell Bull.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tous les équipements, périphériques et curiosités diverses ont été organisés selon une ligne de temps qui démarre bien avant le début du siècle dernier.

Que peut-on y voir dans cette première exposition?

Une panoplie de “machines à calculer” ; un peloton de machines à cartes perforées datant de 1960 – et encore fonctionnelles ! – ; une ribambelle d’écrans en tous genres, installés en frise au-dessus de l’espace d’exposition ; une “machine à calculer” Moon-Hopkins (Burroughs), copie conforme de celle dont le chanoine Georges Lemaître, astronome, physicien et professeur à l’UCL, s’est servi pour établir la théorie de l’atome primitif, déterminante dans la formulation de la théorie du “Big Bang”.

L’une des stars de l’expo n’est autre que la “machine à statistiques” à cartes perforées d’Herman Hollerith, mère de tous les ordinateurs. Elle a servi aux calculs statistiques de recensements de population aux Etats-Unis de… 1888 à 1890.

Petit brin d’histoire: ce même Herman Hollerith allait ensuite fonder la société Tabulating Machine Co en 1896 dont la direction fut assurée par Thomas J. Watson. En 1917, la société se rebaptisait… IBM (International Business Machines).

L’un des 4 derniers exemplaires de la “machine à statistiques” d’Hollerith est à voir à Namur…

Il ne subsiste que 4 exemplaires de sa “machine à statistiques” dans le monde. Trois sont aux Etats-Unis. Une autre avait fait le déplacement jusqu’à Bruxelles à l’occasion de l’Expo universelle. Elle est devenue une pièce du patrimoine local, prêté par IBM pour les besoins de l’exposition au NAM-IP.

La première exposition du NAM-IP permet également de découvrir :

  • 4 générations de mainframes Sperry-Univac/Burroughs/Unisys, dont le dernier était encore opérationnel… en mars 2016
  • 4 trieuses qui ont oeuvré pendant 50 ans, au coeur de la Caisse d’Epargne pour le calcul des pensions des Belges
  • ou encore le tout premier distributeur MisterCash installé en Belgique.

4 générations de mainframes côte à côte. Dont le dernier, encore en activités au début de l’année…

On peut également y découvrir des “curiosités” telles que ces premières impressions de l’hébreu ancien sur des imprimantes laser IBM-3800… “Un élément symbolique de l’exposition”, souligne Réginald-Ferdinand Poswick. “Cela permet de faire prendre conscience aux visiteurs que nous vivons une véritable révolution. Nous passons de la révolution de l’écriture, qui fut celle de l’alphabétique, de la lecture, de la lettre, à la révolution numérique, qui est celle du chiffre. A l’heure où tout est numérisable: formes, couleurs, concepts… Où le numérique devient l’“écriture” universelle.”

Nombre de systèmes sont encore fonctionnels. Ainsi ce terminal Burroughs qui vous accueille par un écran qui était encore typique voici à peine 3 décennies…

Les différents espaces des collections exposées sont codés par des couleurs: bleu pour IBM et l’espace Informatique & Bible (Maredsous), vert pour Bull, rouge pour Unisys.