Nouveaux adhérents et objectif “scale-up” pour le European Startup Network

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Par · 08/09/2016

Ces mardi et mercredi, les différentes associations nationales européennes qui se sont érigées en porte-parole et représentantes des start-ups de leurs pays respectifs (il s’agit de startups.be pour la Belgique) se sont réunies à Bruxelles.

Non seulement pour officialiser l’existence du European Startup Network, déjà sur les rails depuis quelques années. Mais aussi pour s’entretenir avec des représentants de la Commission européenne et faire ainsi avancer la cause – et les perspectives – des start-ups.

Nils Erik Jansson (président du conseil d’administration d’ESN): “Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. L’objectif est de partager les bonnes pratiques, de trouver des moyens de collaborer de manière plus étroite afin de parler et de se faire entendre  d’une seule voix auprès des autorités européennes.”

15 membres effectifs

L’association ESN compte désormais 15 associations adhérentes (voir liste en encadré). Dernières adhérentes (adoubées ce mercredi 7 septembre): les associations suisse et grecque.

L’ESN en chiffres et faits

Les pays représentés: Belgique, Royaume-Uni, Irlande, Allemagne, Pays-Bas, Suède, Chypre, Italie, Espagne, Pologne, Portugal, Autriche, Slovénie, Suisse, Grèce.

En attente d’adhésion: l’Estonie et la Norvège.

Les associations membres représentent quelque 25.000 start-ups, plus de 100.000 entrepreneurs et 45.000 employés.

Pas encore d’adhésion française à l’horizon, tout simplement parce qu’aucune initiative ou association n’est réellement active et représentative des start-ups françaises sur l’ensemble du territoire de l’Hexagone. Or, cette représentativité à l’échelle du pays est l’une des conditions sine qua non imposées pour être considéré comme éligible à l’adhésion.

A l’ESN, on déplore cette absence et on dit réfléchir à une manière d’amener les Français à bord. La France n’est d’ailleurs pas la seule à être privée d’adhésion en raison d’une structuration interne ne répondant pas aux conditions d’adhésion. L’Estonie, par exemple, doit pour l’instant se contenter d’un strapontin (et du statut de “supporter”) en raison du caractère gouvernemental de son association de start-ups (elle est financée exclusivement par les autorités publiques).

L’oreille de l’Europe

Un atelier avait été organisé, mardi, avec des représentants de la Commission européenne. Une journée de travail jugée positive par Karen Boers, pilote de startups.be et co-directrice de l’ESN. “L’accueil d’un organe tel que l’ESN est clairement meilleur qu’il y a 6 mois. La perception du concept de start-up et de ce qu’elles représentent pour et dans l’économie européenne a également progressé. Nous ne sommes plus perçus comme représentant une minorité. Nos interlocuteurs sont clairement prêts à écouter les porte-parole de ces petites sociétés qui, demain peut-être, deviendront de grandes sociétés.

Nous avons par ailleurs pu nous asseoir autour d’une même table avec des représentants de la Commission européenne venant de divers départements: Digital Next, DG Growth, DG Recherche & Innovation… La cohérence entre eux est plus grande. Désormais, ils réfléchissent à l’impact qu’auront, d’une manière globale et transversale, les investissements individuels venant de divers départements.”

Quid de l’écoute et des intentions de Günther Oettinger, qui a succédé à Neelie Kroes au poste de commissaire européen en charge de l’Economie numérique? “Il se montre ouvert et a totalement embrassé le Startup Manifesto. Mais il est plus prudent que Neelie Kroes. Il veut avant tout voir quel est l’impact du phénomène des start-ups sur l’ensemble de l’économie et sur le tissu de PME. Il désire se faire une opinion plus inclusive…”

Premiers sponsors

Autre fait nouveau du côté de l’ESN, l’arrivée de sponsors. En l’occurrence, le CeBIt mais aussi… MyMicroInvest. Tous deux se sont engagés pour une période d’un an (renouvelable). L’intérêt de MyMicroInvest? Aux yeux de Karen Boers, ce partenariat avec ESN est essentiellement la plate-forme de crowdfunding un bon moyen de se ménager un accès rapide aux start-ups et investisseurs à l ‘échelle de l’Europe.

Karen Boers: “Nous ne sommes plus perçus comme représentant une minorité.”

Ce que confirme José Zurstrassen, président du conseil d’administration de MyMicroInvest: “Il est essentiel, pour la survie des start-ups européennes dans un marché global, qu’elles puissent grandir rapidement par-delà la fragmentation des marchés.

Ce partenariat avec ESN nous permettra de leur procurer un accès plus aisé et plus qualitatif aux sources de financement à travers l’Europe, élément très important du processus de scaling.”

L’espoir du réseau ESN est d’attirer de nouveaux sponsors, afin d’assurer sa stabilité financière et de se donner les moyens d’employer une équipe à plein temps.

Karen Boers espère ainsi pouvoir convaincre quelques scale-ups européennes mais aussi de grandes entreprises de devenir sponsors. Elle en profite par ailleurs pour souligner que le partenariat passé avec MyMicroInvest n’a rien d’exclusif, que rien n’empêche d’autres plates-formes de crowdfunding (ou acteurs du financement des start-ups) de suivre son exemple…

Objectif: croissance

L’un des gros dossiers sur lesquels se penche actuellement l’ESN est celui de la croissance des start-ups. Un “Scale Up Manifesto” européen est en préparation, à l’instigation d’ailleurs de la Commission européenne qui a demandé à ce qu’on lui présente une liste de recommandations/revendications. Le document devrait en principe être finalisé pour la “Digital Assembly”, co-organisée par la Commission européenne, qui se tiendra, à la fin de ce mois de septembre, à Bratislava sur le thème “Putting the Digital Single Market at the Heart of Europe”.

Toutes les associations nationales membres de l’ESN ont participé à l’exercice de réflexion, listant leurs idées. Les propositions ont ensuite été analysées, triées, sélectionnées par le groupe de réflexion Lisbon Council for Economic Competitiveness and Social Renewal.

46 mesures se retrouvent ainsi dans l’actuel document de travail. “Nous les avons analysées lors de notre rencontre avec les représentants de la Commission européenne. Reste à prioriser, à rendre certaines propositions plus tangibles”, indique Karen Boers. “Nous voulons par ailleurs rendre le tout évaluable et quantifiable afin de pouvoir vérifier, chaque année, ce qui aura réellement été mis en oeuvre au niveau de l’Europe.” Et… au niveau de chaque Etat, puisque l’implémentation des pistes de scaling-up dépendra aussi de possibles mesures au niveau national…

Karen Boers à propos du futur Scale-Up Manifesto: “Ce que la Commission veut avant tout, ce sont des propositions réalistes, réalisables, pas de grandes déclarations vagues. Des pistes d’actions qui soient mesurables. Et dont nous mesurerons la mise en oeuvre. Ce Manifesto sera d’ailleurs un processus continu, avec des réactualisations régulières.”

Favoriser l’internationalisation des start-ups

Le concept de croissance et de scaling-up est également à l’ordre du jour des actions futures que compte mener l’ESN. Parmi les priorités, on relève en effet une volonté d’aider les jeunes pousses dans leur processus d’internationalisation. Pour ce faire, l’ESN organisera des participations collégiales à divers grands événements internationaux orientés “scaling up”, tels que 4YFN (4 Years From Now) à Barcelone, le Scale 11 du CeBit (le Hall 11 de l’expo, en fait, dédié aux start-ups numériques et aux modèles de gestion disruptifs) ou encore le salon Slush (qui se déroulera, fin novembre, à Helsinki). Pour l’occasion, une délégation de 25 start-ups de diverses nationalités sera mise sur pied. “En les regroupant, nous donnons une meilleure visibilité à cette action groupée.”

Chaque association membre de l’ESN choisira son ou ses “champions” pour participer à cette délégation. Avis aux amateurs: il y a plusieurs places à prendre pour les start-ups belges. “L’avantage d’être un thought leader au sein du réseau”, souligne dans un large sourire Karen Boers.

Outre ces participations à des événements “scale up”, une autre action est placée sous le fanion du “soft landing”. Lisez: comment faciliter le débarquement et l’implantation de start-ups sur des marchés étrangers. Pour cela, en plus de la visite de salons et conférences, il y aura aussi et surtout des réunions concrètes avec des investisseurs et des clients. Dans toute une panoplie de pays et régions que l’ESN et ses associations-membres ont pris l’habitude d’explorer: Israël, Silicon Valley, Singapour, New-York…

“Ce genre d’activités peut être le point de départ d’un processus de scale-up”, souligne Karen Boers. “Cela permet d’emmener nos petites start-ups belges à Berlin, à Helsinki ou ailleurs, de bénéficier des apports et conseils des acteurs locaux. En partageant leur expertise et leur expérience avec nos start-ups, leurs homologues et leurs associations leur permettent de mieux découvrir et comprendre l’écosystème local.”

Signalons encore, au rayon des prochaines actions de l’ESN, la publication d’une nouvelle édition du European Startup Monitor, attendue pour le mois de novembre. Elle documentera la situation des start-ups dans quelque 18 pays, au lieu de 13 pour la première édition (relire notre sujet sur la sortie de la première édition).