ING: bientôt des “FinTech Awards” en Belgique

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Par · 11/04/2016

L’annonce en a été faite hier – les détails et modalités, eux, devront encore définis – mais sachez déjà qu’ING organisera un concours FinTech d’ici la fin de l’année. La sélection interviendra en septembre, lors du lancement de la deuxième session de son programme d’incubation FinTech Village.

Objectif de ce concours récompensé par une Award: “donner davantage de visibilité aux start-ups et projets fintech” en Belgique, “offrir aux start-ups l’honneur qu’elles méritent une fois qu’elles ont atteint leurs objectifs” et, dans le même temps, conforter l’image proactive que la banque veut se donner, chez nous, dans le domaine des “fintechs” (solutions numériques à orientation financière).

On devrait bientôt en apprendre plus sur la teneur de ce concours mais que tous les porteurs de projets orientés services financiers numérisés se tiennent dès lors près à dégainer leur candidature…

Piocher de bonnes idées

Depuis le début mars, rappelons-le, l’ING FinTech Village est sur les rails. Cet incubateur de start-ups fintech, basé à Diegem, accueille pour une période de 4 mois, sept start-ups (trois belges, – toutes néerlandophones -, trois israéliennes et une britannique).

Comment ont-elles été sélectionnées? Sur base de quatre critères essentiels: la nature prometteuse de l’idée ou du concept, la robustesse de l’équipe, une cohérence avec la stratégie d’ING [la banque propose de travailler sur 4 thèmes fondamentaux – sécurité, personnalisation du service client, solutions mobiles ou on-line, amélioration des processus], et l’existence, en interne, au sein d’ING, d’une personne occupant un poste de direction, prête à jouer les sponsors, les “parrains” et accompagnateurs de l’idée et de la start-up pendant son passage au FinTech Village.

Rik Vandenberghe (ING): “En tant que client potentiel, on contribue activement au projet mais l’idée de départ est celle de la start-up.”

L’objectif de l’incubation: mener l’idée de départ à maturation, réaliser un proof of concept concret qui corresponde à un besoin ou un scénario bancaire réel, et qui soit le plus directement exploitable (par ING ou tout autre client) à l’issue des 4 mois d’incubation.

Une fois cette période terminée, la start-up peut s’en retourner à sa vie antérieure, munie toutefois de nouvelles compétences et, éventuellement, d’une belle référence. Ou encore choisir de prolonger quelque temps son séjour au sein de la structure – ou de celle d’Eggsplore (voir ci-dessous).

“Il n’y a pas, a priori, d’obligation liant la start-up à ING”, souligne David Dab, Chief Innovation Officer d’ING Belgique. “La banque ne revendique aucune propriété intellectuelle. Bien entendu, si le proof of concept s’avère intéressant, induit d’importants développements conjoints, si une co-entreprise est possible, des négociations s’engageront…”

Les partenaires du FinTech Village

Pour animer et mener à bien son programme d’incuba-tion, ING a fait appel à divers partenaires. A savoir:

  • Deloitte, dont les consultants interviennent régulièrement comme coachs et mentors des néo-entrepreneurs
  • SWIFT Innotribe
  • SmartFin Finance, un fonds de private equity orienté essentiellement vers les technologies financières
  • Belcube, la structure de financement gérée notamment par Jean-Guillaume Zurstrassen et Grégoire de Streel
  • l’accélérateur Eggsplore, le “voisin de palier” qui procure également des coachs, des mentors et experts (réguliers ou de passage), des échanges avec ses propres scale-ups (premières hébergées: Projective, The Glue, Qover et VentureWise)
  • IBM
  • et la plate-forme Startups.be.

L’accompagnement est personnalisé. “Les projets sont très différents. Ils concernent la sécurité, les paiements, l’exploitation du big data par des moyens sémantiques… Certains visent les processus génériques d’une banque… Impossible d’y appliquer une même méthodologie, standardisée, du genre emporte-pièce, imposée en mode brain washing pour que tout le monde rentre dans le moule”, souligne Wim De Waele, directeur de l’accélérateur Eggsplore, partenaire du FinTech Village.

“La trajectoire doit s’adapter à chaque cas. C’est la raison pour laquelle le nombre de start-ups est de 7. On ne pourrait faire cet exercice avec 20 jeunes pousses en même temps…”

Ce à quoi David Dab ajoute: “D’autant plus qu’il faut être sûr que chaque projet soit réellement accompagné par un business sponsor, au sein de la banque.”

A noter qu’ING Belgique fait figure de cobaye et de labo d’expérimentation pour le groupe bancaire: l’initiative du FinTech Village est une idée de la filiale belge et est observée “avec intérêt” par le QG.

Ecosystème vital

ING a installé son FinTech Village dans les locaux qu’occupe actuellement Eggsplore.

“Il était logique pour nous de venir nous installer ici”, déclare David Dab. “L’accélérateur Eggsplore est spécifiquement dédié aux Fin Tech. C’est un lieu qui favorise les échanges entre start-ups, où les interactions sont constantes, dont le fonctionnement est assuré par une structure opérationnelle commune à Eggsplore et FinTech Village [à savoir, Smart Ventures, structure dirigée par Wim De Waele]. C’est aussi un lieu que viennent fréquenter régulièrement les coachs et mentors [ceux de la banque, de ses partenaires – tels Deloitte – ou ceux opérant pour Eggsplore].”

Il faut encore y ajouter les collaborateurs de la banque (experts thématiques, équipes IT…), de potentiels donneurs d’ordre (autrement dit des clients d’ING), ou encore des investisseurs potentiels.

David Dab (ING): “importer de nouvelles méthodes de travail et de nouveaux concepts au sein de la banque, tester des idées, et envisager une collaboration business à l’issue de l’incubation.”

Cet écosystème dédié est donc organisé de la manière la plus structurelle et formelle possible. Une caractéristique qu’un “mentor” et observateur privilégié tel que Jerome S. Engel, professeur à la Walter A. Haas School of Business (université de Berkeley) et directeur du Berkeley Research Group, qui était de passage cette semaine au FinTech Village, estime particulièrement intéressante.

“C’est là une chose qui manque par exemple chez nous, dans la Silicon Valley. Il y a certes des interactions entre start-ups et grandes sociétés mais de manière informelle. Cette structuration est une chose que j’emporte très certainement dans mes bagages pour la mettre en exergue chez nous…”

Pour Jerome S. (Jerry) Engel, la condition sine qua non de la réussite du phénomène FinTech est l’écosystème. Sans lui, il risque d’être condamné à subir le même sort que l’industrie quasi mort-née de l’automobile électrique… Celle de 1910 qui, pourtant, avait eu comme déclencheur les concepts d’un certain Thomas Edison. Mais “il lui manquait l’infrastructure, le support culturel et l’environnement conciliant sur lesquels l’industrie du moteur à combustion a pu s’appuyer. C’est le cartel du pétrole qui a empêché la voiture électrique, en 1910, de s’imposer.” Un siècle plus tard, Tesla tente la revanche…

Cet indispensable écosystème, aux yeux de Jerry Engel, doit nécessairement se construire conjointement entre start-ups et grandes sociétés. En l’occurrence, les acteurs traditionnels du secteur des services financiers.

Prof. Jerry Engel (UC Berkeley): “remettre les deux types d’acteurs autour de la table, pour se découvrir mutuellement et mettre ensemble un projet à exécution.”

“Les start-ups n’opèrent pas selon les mêmes règles que les (grandes) entreprises”, rappelait-il.

“Les grands comptes doivent quotidiennement rendre des comptes sur leurs revenus et performances commerciales. Des sociétés telles Amazon sont évaluées non pas sur base de leurs bénéfices, souvent inexistants, mais sur base de la dose d’innovation qu’elles impriment sur le marché.

Les grands comptes, de ce fait, sont désavantagés. Un système tel que le FinTech Village a pour but de remettre les deux types d’acteurs autour de la table, pour se découvrir mutuellement et mettre ensemble un projet à exécution. C’est un parcours d’expérimentation, de tests itératifs. On y définit une adéquation avec le marché. L’innovation de la start-up subit une mise en pertinence qui lui permettra de trouver des clients.”

Eggsplore. Le FinTech… pour commencer

Le site qu’occupe actuellement Eggsplore, dans le parc d’activités Pegasus de Diegem, n’est que provisoire. L’année prochaine, une pépinière d’entreprises offrant un espace de 4.000 mètres carrés devrait en effet ouvrir ses portes à Zaventem, pas très loin de l’aéroport. Elle a pour ambition de devenir un “centre européen pour solutions financières de demain”, faisant à la fois office d’espace de coworking, de lieu d’implantation de jeunes pousses prêtes à coopérer et co-créer, et de lieu de rencontre et d’événements.

Les partenaires d’Eggsplore

Belfius, BNP Paribas Fortis, Cresco, Euroclear, ING, KBC, McKinsey, Proximus, SmartVentures et SWIFT

Partenaires de “recherche”: le groupe “Banking technology” de Agoria, Febelfin, iMinds, Solvay Business School, Startups.be et la Vlerick Business School.

Co-fondateurs de cet incubateur: Jürgen Ingels, fondateur de Clear2Pay, et Wim De Waele, ancien patron d’iMinds. Le raisonnement derrière la création d’Eggsplore était un besoin manifeste aux yeux de ce dernier: la Belgique manquait d’un lieu où accueillir et, si possible, faire réussir et émerger des “scale-ups”. Un cran au-dessus des objectifs que se donnent les divers incubateurs et accélérateurs déjà existants – en ce compris celui d’iMinds.

Eggsplore est donc, volontairement, un accélérateur pour scale-ups, pour des start-ups déjà plus matures, ayant un produit à proposer, “capables de réaliser un proof of concept.”

Autre gros élément distinctif d’Eggsplore: le créneau. L’accélérateur n’a pas vocation à être un “booster” généraliste. La structure mise en oeuvre, bâtie sur le principe d’un partenariat multidisciplinaire (voir encadré pour découvrir les partenaires de l’accélérateur), est orientée secteur FinTech. L’idée pourrait, demain, être reproduite pour d’autres créneaux ou thématiques.

Jerry Engel (UC Berkeley): “Dans la Silicon Valley. Il y a certes des interactions entre start-ups et grandes sociétés mais de manière informelle. La structuration des collaborations, entre start-ups, grande société, monde académique, consultants et investisseurs qu’apportent le FinTech Village ou Eggsplore est une chose que j’emporte très certainement dans mes bagages pour la mettre en exergue chez nous…”

Aux yeux de Wim De Waele, il était essentiel de créer ce genre d’accélérateur: pour la phase “scale-up” et en thématisant son terrain d’action. Troisième paramètre de son équation: son caractère privé et l’implication d’importants acteurs commerciaux. Parce qu’il existe, pour réussir la phase de croissance, une autre voie que la recherche de gros financements (privés ou publics). “Un accélérateur orienté vers un marché vertical permet d’aider les start-ups à grandir, à établir une connexion avec les clients, à présenter leur produit au marché en s’appuyant sur un partenaire. Les start-ups doivent et peuvent croître par elles-mêmes, sans grosses collectes de fonds. Mais, pour cela, il faut que de grandes sociétés leur procurent des utilisateurs-pionniers. Sinon elles pédalent dans le vide et finissent par tomber au champ d’honneur…”