Softkinetic veut optimiser la réalité virtuelle mobile

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Par · 25/01/2016

L’acquisition récente de la société bruxelloise Softkinetic par Sony lui ouvre de nouvelles perspectives à la fois pour le potentiel R&D de la société et pour l’implémentation de ses solutions dans divers domaines couverts par Sony (équipements mobiles, univers du gaming, équipements automobiles…).

La société bruxelloise compte bien poursuivre ses efforts dans les domaines des interfaces naturelles, à savoir favoriser des interactions avec l’environnement virtuel par le biais de la captation des mouvements du corps et de la main. “Les solutions existantes requièrent encore souvent un pilotage par le clavier ou la souris. Les premiers casques de réalité virtuelle imposent encore le recours à des accessoires, tels que des manettes, pour interagir avec l’environnement. Nous sommes pour notre part convaincus que le meilleur outil d’interaction est la main de l’utilisateur ou du joueur. Elle autorise en effet une interaction plus naturelle et plus profonde”, déclare Eric Krzeslo, directeur marketing de Softkinetic.

La société planche par ailleurs sur une technologie qui autorisera une avancée majeure dans le domaine de la réalité virtuelle mobile. L’enjeu? La détection et le suivi en temps réel des positions des joueurs et utilisateurs dans l’espace, sans caméra externe à fixer au casque de réalité virtuelle. “Dans l’état actuel des choses, une caméra, fixée sur le casque, est utilisée pour filmer sa position dans l’espace. Toutefois, un casque permet uniquement de tenir compte des mouvements de rotation de la tête, mais il ne permet pas de suivre les mouvements latéraux. Le but, à terme, est de s’en passer, grâce à des capteurs miniaturisés plus évolués.”

L’intégration au groupe Sony ouvre de nouvelles perspectives en termes de recherche et d’industrialisation. Par ailleurs, les collaborations existantes avec divers laboratoires universitaires, belges (ULB, VUB…) et européens, se poursuivent.

Les défis à relever

“Nous avons franchi un pas important en résolvant le problème de la luminosité ambiante”, déclare-t-on chez Softkinetic. “Nos dispositifs peuvent désormais fonctionner en extérieur, que ce soit dans l’habitacle d’une voiture, où il faut tenir compte d’un important niveau de luminosité, ou à l’extérieur en plein soleil. Le principal défi, désormais, est d’améliorer le ration prix/performances.”

Les prochains défis technologiques à relever portent essentiellement sur la poursuite de la miniaturisation des composants électroniques et des capteurs et l’optimisation de leur robustesse. Objectif: en rendre l’insertion plus aisée dans les tablettes, les équipements mobiles, les casques de réalité virtuelle. En termes de “robustesse”, il s’agira d’“améliorer le potentiel de suivi des mouvements de la main, de la position de la tête, la capacité de représentation de la position dans l’espace”, souligne Eric Krzeslo. “Le principal défi en matière de logiciels, dans ce contexte, est d’être très précis, très rapide”, pour éviter non seulement les approximations dans l’action qui se déroule à l’écran mais aussi les inconfortables décalages entre le geste et la réalité – qu’elle soit fictive ou réelle.

Demain, la réalité augmentée

“Notre technologie, qui favorise une interaction naturelle avec les objets virtuels, et tout ce que nous avons développé à ce jour est prêt pour la réalité augmentée”, estime Eric Krzeslo. “Le suivi des mouvements de la tête, par exemple, est aussi important et même encore plus important pour la réalité augmentée dans la mesure où il est quasi impossible d’avoir une intégration réaliste su le système ne connaît, avec exactitude, la position de l’utilisateur. C’est ce qu’on appelle l’effet parallax…”

Un domaine dans lequel Softkinetic est déjà présent et que la société cite comme potentiellement intéressant pour la réalité augmentée au quotidien est celui de l’automobile. “La réalité virtuelle et la réalité augmentée arriveront à terme dans ce secteur. Demain, le principe de l’affichage tête haute (head-up display) qui permet de visualiser des données et des indications sur le pare-brise, sera remplacé par de la réalité augmentée. Les données ne s’afficheront plus sur le pare-brise mais “dans la réalité”. Le conducteur aura l’impression qu’elles apparaissent sur la route, par exemple des flèches de direction… Et, dans ce domaine, notre technologie est indispensable. Tant du point de vue de la prise en compte de la position exacte de la tête que pour ce qui est de l’interaction naturelle. Les mouvements des doigts ou de la main remplaceront la nécessité d’appuyer sur des boutons…”

Une première implémentation de la technologie d’interfaçage naturel (capteurs et pilotage des systèmes d’infotainment par le geste) a été faite pour un “modèle haut de gamme européen” (le constructeur exige encore l’anonymat). Mais, selon Eric Krzeslo, la démocratisation de cette technique sera rapide: “dès 2016, on la verra apparaître sur des modèles de milieu de gamme…”