Extension du WSL au Val Benoît d’ici une bonne année

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Par · 30/11/2015

A Liège, les activités en diversification croissante de l’incubateur WSL et l’afflux confirmé de dossiers de sociétés à incuber ont provoqué un sérieux début de saturation de l’espace disponible. Dans un premier temps, le problème sera géré par un réaménagement. Mais, à terme, l’incubateur, qui fête ses 15 ans d’existence, vient de recevoir une bonne nouvelle de Jean-Claude Marcourt.

Le futur site du Val Benoît, au centre de Liège, accueillera (fin 2016? ou 2017?), une partie de ses activités. Mais le changement ne s’arrêtera pas à un simple déménagement. Le site (voir encadré ci-dessous) est destiné à accueillir un brassage de sociétés et de projets. Les modalités concrètes doivent encore en être décidées mais l’idée que propose Jean-Claude Marcourt est de réunir en un même lieu à la fois des sociétés incubées et de jeunes pousses, se trouvant donc à un stade d’évolution plus précoce. Objectif: favoriser un brassage d’idées et de compétences.

Le Val Benoît, à environ 1 km de la Gare des Guillemins, est un ancien site universitaire, en voie de rénovation. Ce futur “parc d’activités économiques verticalisé” accueillera une grande mixité d’occupants et d’activités: bureaux (individualisés ou partagés), espace de coworking, salle de conférence, lofts d’entreprises et logements, événements culturels, commerces, restaurants…).
L’espace réservé aux entreprises se composera d’une partie pré-aménagée (1.000 m2) et d’une partie “modulable” (6.000 m2).

C’est là une formule que le Ministre wallon de l’Economie et du Numérique dit vouloir favoriser, dans le cadre du futur Plan du Numérique dont on attend le dévoilement au cours des toute prochaines semaines.

“Val Benoît accueillera à la fois un site d’incubation et un espace commun faisant se mêler innovation et créativité, avec des espaces ouverts où se côtoieront de jeunes pousses demandeuses de services d’incubation et d’autres qui ne le sont pas.

Le but est de renforcer le potentiel d’innovation, de rechercher une cohérence plus fluide et plus dynamique entre chercheurs, start-ups et incubation.”

C’est le principe de la “fertilisation croisée” entre acteurs de divers horizons, “faisant face à des problématiques différentes et apportant un regard nouveau.” Mixité et “brassage” en un même lieu sont vus comme “devant aider à faire émerger plus rapidement les sociétés de la phase d’incubation.” En ouvrant éventuellement l’écosystème aux acteurs académiques, dans le même esprit de ce qui a été réalisé avec le GIGA, ce vente de recherche et de développement d’activités de l’ULg dédié aux biotech. L’idée n’en a pas été exclue par le Ministre mais il est encore trop tôt pour échafauder de tels scénarios. “Le premier but est de voir se constituer un système ouvert et de l’élaborer au fur et à mesure…”

Jean-Claude Marcourt: “rechercher une cohérence plus fluide et plus dynamique entre chercheurs, start-ups et incubation.”

A priori, les start-ups concernées par un hébergement (libre ou incubé) au Val Benoît devraient évoluer dans le monde de l’IT et du numérique. Orientation micro-électronique comprise, afin de donner aux WSL Labs l’espace nécessaire et aujourd’hui devenu trop exigu.

Diversification croissante

Lancée avec un mandat d’incubation pour spin-offs universitaires, dans les sciences de l’ingénieur, le WSL a élargi son spectre d’actions au fil des ans. Sont ainsi venues s’y ajouter des initiatives d’incubation de start-ups (non issues des milieux académiques ou universitaires), de projets portés par des jeunes encore aux études (programme StarTech), l’ouverture d’un espace dédié aux microtechnologies de pointe (microélectronique, microsystèmes, ingénierie logicielle), avec salles blanches (WSL Labs), et le lancement, cette année, d’un living lab dédié à l’e-santé (le Wallonia e-Health Living Lab – ou WeLL). Sans oublier des collaborations tissées avec des partenaires américains, le dernier en date étant l’incubateur/accélérateur de Califormia Polytech.

Le WSL en faits et chiffres

Création en 1999

Positionnement: incubateur dans le secteur des sciences de l’ingénieur

Secteurs couverts: ICT, aéronautique, spatial, automobile, santé, micro- et nano-technologies, chimie verte…

Emplois directs créés: 455 (à fin 2015)

Nombre de sociétés actuellement incubées: 47

Nombre de start-ups incubées à ce jour: 60, dont un quart de spin-offs universitaires

Nombre de projets incubés: 22, dont 73% de type spin-off

45 projets en cours d’analyse (avant acceptation)

19 “liens” (implication d’entreprises étant passées par le WSL et injectant leurs compétences dans le réseau

Plus d 50% des sociétés incubées conçoivent et fabriquent des produits (par opposition à la conception de solutions logicielles)

Levées de fonds de plus d’un million d’euros réussies: Tessares, Ampacimon, Opinum, Line Factory, Argio

Implantations: Liège, Charleroi, Redu, Louvain-la-Neuve, Mons, Namur

Effectifs: 6 chargés de projets, 2 experts juridiques et financiers, 3 employés administratifs

Programme StarTech: 270 élèves ingénieurs impliqués dans des projets, 6 concernés, 8 coachs; une société lancée; 4 en phases de création.

Voici quelques mois, le WSL y ajoutait des activités de “corporate incubation”. Un axe qui en est encore à sa phase de démarrage. Si Engie (anciennement Gdf-Suez) fut le premier nom à être dévoilé (nous vous en avions parlé), des contacts et négociations sont aujourd’hui en cours “avec les sociétés du Top 10 d’Agoria Wallonie”. Agnès Flémal, directrice du WSL, n’en dira pas plus pour l’instant. Si ce n’est que 6 sociétés concernées par les discussions en cours sont “de grandes entreprises wallonnes” et 3 de nationalité américaine ou européenne.

Par ailleurs, le concept-même de “sciences de l’ingénieur” couvre un champ de plus en plus large de domaines, en raison de la pénétration croissante de l’ingénierie et des technologies dans une foultitude de secteurs. C’est ainsi que le WSL est désormais habilité à incuber des start-ups ou spin-offs opérant dans des secteurs tels que l’aéronautique, l’ICT, l’automobile, le spatial (WSL Lux est partenaire de l’ESA à Redu-Transinne), les dispositifs médicaux, les micro- et nano-technologies (WSL Labs), la chimie verte (le WSL, en province de Namur, commence à intervenir dans le cadre de projets portés notamment par Gembloux Agro-Bio Tech et le pôle de compétitivité GreenWin).

“Le seul domaine qui soit réellement hors radar, actuellement, ce sont les sciences du vivant”, indique

Mais la frontière est floue et mouvante. La preuve en est que le WSL accompagne d’ores et déjà des start-ups opérant dans le monde médical. Et Claude Jamar, président du conseil d’administration, indique d’ailleurs que “les métiers des sciences de l’ingénieur sont de plus en plus diversifiées, couvrant également les sciences du vivant. De nouveaux métiers émergent sans cesse. Il faut dès lors avoir une réactivité suffisante, même dans des domaines où on se disait qu’on ne serait jamais. Mais les limites bougent et des jeunes viennent sans cesse nous solliciter avec de nouvelles idées.”

Et d’ajouter que la seule limite à l’action du WSL est une question de budget disponible.

Pas question de crever le plafond ou de redemander de nouveaux moyens. Le WSL fera d’abord avec les moyens qui lui sont octroyés – à savoir 1,5 million d’euros par an. Toutefois, Jean-Claude Marcourt indiquait qu’une évaluation était en cours pour une éventuelle rallonge. “Si les activités se développent, de nouveaux moyens sont nécessaires, on trouvera, au besoin, jusqu’à 500.000 euros pour les nouveaux besoins 2016…”