Vigo Universal: toucher à tout pour gagner en expérience

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Par · 07/10/2015

Voici un peu plus d’un an, le “centre de réplication 3D” de Vigo ouvrait ses portes à Namur. Et comme ses initiateurs l’avaient imaginé, il attire une clientèle aux profils disparates. “Cela va du prototypage de pièces techniques pour des entreprises à des maquettes pour architectes en passant par des productions originales à fins promotionnelles”, explique Christophe Hermanns, patron de Vigo Universal.

Quelques exemples de réalisations récentes?

Côté folklore: un saxophone pour… la statue de Manneken-Pis à Bruxelles ou encore ce plateau ouvragé où prennent place les douze clés de la Ville de Namur (une par quartier), chacune arborant la représentation d’un bâtiment symbolique. Ce plateau avait été réalisé pour la première fois en 2014 à l’occasion des Fêtes de Wallonie. Son édition 2015, dans une version légèrement différente, a bénéficié d’un processus plus robuste, avec recours à de la résine pour la production des clés.

Ville de Namur. Plateau ouvragé et clés des Quartiers produites en 3D

Maquette de maison en impression 3D

Côté éducation: des objets devant servir à animer des modules pédagogiques, par exemple pour l’asbl Cap Sciences.

Côté grand public: des figurines de personnes (ou animaux) en petite dimension, des pièces de rechange pour des objets qui ne se fabriquent plus ou dont le fournisseur est chinois et les pièces chères et longues à obtenir…

Le squelette de l’abbé Nithard, reconstitué en impression 3D

Côté culture: des reproductions de pièces de musées voire parfois des interventions de préservation du patrimoine. Telle cette statue de la vierge, seule rescapée d’une série de vols dans des églises, qui a été reproduite en impression 3D pour pouvoir continuer à être exposée dans une église alors que l’original a pris la direction, plus sécurisée, d’un musée.

Autre exemple: la reconstitution en impression 3D… du squelette de Nithard, petit-fils de Charlemagne (pour la petite histoire, auteur du premier texte écrit en français). Son squelette état exposé à l’abbaye de Saint-Riquier, en France, dont il fut l’abbé. Ses dernières volontés ayant été retrouvées, on s’aperçut qu’il voulait en fait être enterré sous le parvis. Désormais, la copie de ses restes demeure exposée tandis que sa dépouille a trouvé sa dernière demeure là où il le désirait…

Christophe Hermanns (Vigo Universal): “Quand on voit ce que Daesh commet comme destructions, on se dit que l’impression 3D peut permettre d’éviter de perdre tout patrimoine culturel et historique qu’on désire conserver.”

Vigo touche donc à tout (ou presque). Et c’est voulu. “Nous voulons rester ouverts à toute demande. Cela nous permet de progresser en termes d’expérience. Et nous le faisons plus vite que ceux qui se spécialisent et ne s’adressent par exemple qu’aux professionnels ou aux particuliers.”

Le cas échéant, si la concurrence devait devenir trop nombreuse, Christophe Hermanns envisage de constituer plusieurs départements qui seraient spécialisés.

Un autre de ses espoirs est de pouvoir reproduire le concept namurois dans d’autres endroits, jusqu’à créer une véritable chaîne de centres de réplication franchisés Vigo. Mais il faudra pour cela trouver compétences et profils adéquats. Ce qui, dans l’état actuel des choses, poserait problème.

Les déçus de l’impression 3D

Vigo dit ne pas subir négativement l’essor des petites imprimantes personnelles ou bas de gamme que nombre de particuliers, curieux ou accros du techno, voire des entreprises ont achetées eux-mêmes. L’effet serait plutôt inverse, aux dires de Christophe Hermanns. En cause, une perception erronée de ce qu’il est possible de faire avec ce genre d’imprimante. “Si on n’a pas les outils nécessaires à la création de fichiers, on rencontre rapidement un mur. Des modèles existent sur Internet mais sont impossibles à reproduire chez soi. Et on ne devient pas designer industriel d’un claquement de doigt. De plus en plus de gens s’en rendent compte et s’adressent à nous avec une idée de concept, voire un schéma succinct, et nous demandent de faire le reste.”

Du conseil et de l’assistance sont quasi toujours nécessaires. “Si on nous présente un bon cahier des charges, si nous connaissons les contraintes qu’imposera le contexte final, nous pouvons produire l’objet de telle sorte à ce qu’il les respecte – doit-il être rigide ou rester souple, devra-t-on forer dedans, peut-il se déformer… Notre intervention ressort souvent de l’accompagnement avec du prototypage itératif et des raffinements successifs jusqu’à obtenir la pièce optimale.”

Cette exigence de qualité du produit, reconnaît Christophe Hermanns, ne fera que croître demain. Un processus que les divers acteurs du marché doivent apprendre à maîtriser.

L’impression et le reste

Autre atout du centre de réplication: l’équipement dont il dispose. Et cela commence par les scanners. De quoi satisfaire le client qui vient avec un objet qu’il voudrait faire reproduire. “Peu de concurrents proposent ce service.” La société s’appuie en outre sur ses compétences internes pour concevoir au besoin un système de scanning adapté. “Nous l’avons par exemple fait pour pouvoir numériser certaines oeuvres d’art.”

Vigo dispose en outre d’une petite panoplie de systèmes d’impression capables d’imprimer en plusieurs matières (fil fondu, poudres, résines) plus ou moins exotiques: polymères, plastiques, coco, bois, MDF, bambou, béton… Et quand elle ne dispose pas de la technique nécessaire, elle recourt à des partenaires: Additiv, Addiparts, Sirris…

Par ailleurs, la société y ajoute des systèmes plus traditionnels qui peuvent venir compléter un concept ou pallier à l’incapacité de produire certaines pièces en 3D.

Ce qui ne veut pas dire que Vigo soit en mesure d’accepter n’importe quelle commande. Pour le secteur industriel, elle se cantonne essentiellement à des réalisations en prototypage. La réalisation de pièces fonctionnelles exige en effet souvent des matières plus solides, nettement plus onéreuses (en termes d’équipements). D’où l’intérêt de pouvoir passer la main à des partenaires.

Carte d’identité du Vigo Replication Center

Création du Replication Center: 2014

Localisation: Namur

Effectifs (pour le département Impression 3D): 4 personnes

Fondateur: Christophe Hermanns

Spécialisation: conception et fabrication d’objets 3D (B2C et B2B)

Public-cible: particuliers, professionnels, étudiants

Technologies utilisées: impression en diverses matières (fil fondu, poudres, résines), découpe laser, scanning (photogrammétrie, lasergrammétrie, scan à lumière structurée ou infra-rouge), …