Any-Shape: devenir un “acteur industriel de référence”

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Par · 07/10/2015

La start-up Any-Shape sera officiellement portée sur les fonts baptismaux au début 2016. Pour l’instant, elle finalise la phase de financement initial, “qui sera purement wallon”, avec intervention d’acteurs tant privés que publics. On parle donc d’une mise de fonds de la part d’une Invest mais aussi de subsides et de primes à l’investissement. Et, chose importante, d’un investissement global (“plus d’un million d’euros”) qui sera majoritairement privé. Les détails en seront dévoilés plus tard.

Positionnement de la société? La conception et la production en fabrication additive pour l’industrie. En complément de ce que d’autres acteurs locaux réalisent déjà. Pas question par exemple d’entrer en concurrence frontale avec la carolo AddiParts. Mais comme l’indique Bertrand Herry, co-fondateur de la société, “de nombreuses compétences existent, en Région wallonne, en matière de fabrication additive, en ce compris au Sirris, au CRM (centre de recherches métallurgiques de Liège) ou du côté de Cenaero, qui n’ont pas encore été valorisées d’un point de vue industriel. Il y a clairement un besoin, chez nous, d’un acteur industriel de référence.

Du côté du marché – acteurs industriels, grosses PME -, on note un frémissement d’intérêt depuis environ 18 mois pour la fabrication additive mais avec encore de nombreuses questions en termes de fiabilité des pièces produits, de l’usage que l’on peut faire de la fabrication additive… C’est surtout le cas dans le domaine de l’impression métallique, moins en polymères déjà bien exploré.”

Bertrand Herry: “Il y a clairement un besoin, chez nous, d’un acteur industriel de référence dans le domaine de la fabrication additive.”

Le travail de préparation, en amont, a été effectué en collaboration avec le Sirris de Liège. A la fois pour identifier les technologies dans lesquelles investir et pour opérer le nécessaire transfert de compétences.

Une fois opérationnelle, Any-Shape pourrait reprendre à sa charge une partie du volume de production que doit encore assumer le Sirris, de plus en plus sollicité par les entreprises et industriels.

La société compte desservir une clientèle faite à la fois de sociétés, belges ou étrangères, s’adressant directement à elle et des donneurs d’ordre intermédiaires. “Dans l’état actuel des choses, tout démarre avec les grands donneurs d’ordre. Certains investissent en interne, d’autres sous-traitent. Mais le mouvement vers la fabrication additive est explosif. Il s’agit de se positionner dès maintenant…”

A terme, les PME viendront se mêler au lot, à la fois pour leurs propres besoins (pour des productions réelles et pas uniquement du prototypage ou des interventions ponctuelles comme c’est encore le cas) et pour satisfaire les besoins de leurs propres clients que sont les grands donneurs d’ordre.

“Toutes ont entendu parler de l’impression 3D mais ne savent pas encore ce qui se cache derrière. Il y a un important travail de sensibilisation à accomplir. Le Sirris devra s’entourer d’acteurs industriels.” Si vous lisez entre les lignes, cela signifie “il faut des acteurs de terrain, pour convaincre par l’exemple.”

Multi-technologies

Any-Shape compte proposer un éventail le plus large possible de services. Tant en termes de types d’interventions que de technologies. “Nous couvrirons l’ensemble de la chaîne de valeurs, depuis des prestations de bureau d’étude pour la conception des pièces jusqu’au post-traitement (surfaçage, polissage, usinage…) en passant par l’optimisation topologique (en collaboration avec des partenaires tels que l’ULg) et la production proprement dite”, souligne Bertrand Herry.

La start-up ambitionne par ailleurs de proposer et de maîtriser des technologies de fabrication additive de divers types. “Nous pourrons intervenir avec quatre des cinq principales technologies de la fabrication additive actuelle.” A savoir: côté métallique, le SLM (frittage sélectif par laser); et côté polymères, le SLS (identique au SLM mais pour matières polymères), le SLA (stéréolithographie) et le CJP (color jet printing). Voir la petite terminologie explicative que nous avons concoctée pour vous.

Plusieurs types de matériaux donc pour divers types d’applications bien spécifiques. Davantage de maquettes et de prototypes en polymères, mais aussi avec la production de pièces fonctionnelles (en SLS). Davantage de pièces fonctionnelles en métal.

Qu’en est-il des secteurs visés? Le B2B, exclusivement, et avec trois marchés prioritaires: l’aéronautique et spatial, l’automobile, et l’industrie au sens large.

“Nous produirons à la fois des prototypes et de petites et moyennes séries.” Types de pièces potentiellement produites: des pièces de moteurs, de carrosserie, de structure d’avions, des pièces automobiles “à géométrie complexe”, des prototypes ou pré-séries automobiles, des pièces de rechange… Des pièces fonctionnelles, à haute valeur ajoutée, pour des concepts industriels novateurs. Ou encore des pièces produites pour des séries limitées où les volumes ne justifient pas le coût – et les délais – imposés par les techniques de production classiques.

Même si Any-Shape a identifié ses marchés prioritaires, elle ne rejette a priori pas d’autres cibles telles que le domaine du design ou de l’architecture. Ce seront même des clients potentiels fort appréciés au début, dans l’attente d’une croissance de la demande industrielle. “Marketing et architecture sont des marchés plus mûrs. De même que les industries créatives. Nous répondrons à ces besoins plus généralistes tout en privilégiant, à moyen terme, notre coeur de métier…”

Carte d’identité d’Any-Shape

Création: 2016

Localisation: Liège

Effectifs: 4 personnes

La (future) start-up recherche encore actuellement quelques premiers employés, dont un expert en fabrication additive métallique et un autre davantage versé dans les polymères

Fondateurs: Bertrand Herry et Roger Cocle (deux anciens du Cenaero)

Spécialisation: prototypage, conception, production de composants industriels fonctionnels, post-traitement/finition

Public-cible: aéronautique et aérospatial, automobile et industrie

Technologies utilisées: Color Jet Printing, stéréolithographie, SLS (polymères) et SLM (métal)

Matériaux utilisés: plastiques, alliages métalliques