Addiparts: “un marché qui reste prudent”

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Par · 07/10/2015

Lorsqu’elle s’est lancée sur le marché, l’année dernière (relire l’article que nous lui avions consacré), Addiparts s’est positionnée sur le terrain de la fabrication additive de pièces et produits à destination industrielle. Secteurs visés plus particulièrement: l’aéronautique mais aussi l’électronique et l’électromécanique.

Environ 20 mois après ses débuts, la société a quelque peu dû revoir ses ambitions et espoirs commerciaux à la baisse. Charles Demoulin, l’un des deux fondateurs, y voit deux raisons essentielles.

D’une part, le succès rencontré par les petites imprimantes 3D auprès des particuliers voire de certaines sociétés. Le résultat fut double: d’autres sociétés se sont lancées à l’eau, venant parfois du monde de la copie, du design ou de la vente d’imprimantes, et certaines PME qui figuraient parmi la cible initiale d’Addiparts ont internalisé la réalisation de leurs premiers essais et prototypages basiques au lieu de les confier à un tiers. “La qualité produite n’est pas exceptionnelle mais est considérée comme suffisante, pour dégrossir le travail… Par contre, quand ces sociétés veulent passer en mode itération, elles s’adressent à nous.”

Charles Demoulin; “le défi majeur que doit relever la fabrication additive est la confiance dans la validité et la solidité des pièces produites. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Ce qui explique la grande prudence des sociétés.”

Autre raison évoquée pour explique un démarrage moins réussi qu’espéré: les entreprises et l’industrie “demeurent hésitantes à embrasser cette technologie naissante parce qu’elles n’en discernent pas encore les possibilités et n’en maîtrisent pas les principes.”

2014 ne fut donc pas une très bonne année. 2015, par contre, semble donner de meilleures espérances.

En attendant les pièces fonctionnelles

Pour l’heure, les prestations proposées par Addiparts se définissent encore essentiellement en termes d’outillage. Lisez: la réalisation d’instruments d’aide à la fabrication, de prototypes – “un domaine où les sociétés se sentent plus à l’aise” – ou de petits projets de conception pour des sociétés qui ne disposent pas d’un bureau d’études interne.”

Charles Demoulin: “Les moyens de validation et de dimensionnement des pièces font encore défaut.”

20% du travail fourni consiste en conseils et vérification des fichiers fournis.

La clientèle de la jeune société montoise se situe surtout du côté du secteur aéronautique, où les fondateurs avaient acquis, en cours de carrière, une bonne partie de leur expérience. “La fabrication additive y est progressivement acceptée mais on en reste au stade de l’outillage. Il n’est pas encore question de produire des pièces (fonctionnelles) d’avion. Notamment parce que les moyens de validation et de dimensionnement des pièces font encore défaut.”

Exemples de clients qui se sont adressés à Addiparts: Caterpillar, pour la production d’éléments d’outillage (ex: des plateaux de kits de pièces destinées à l’assemblage), la Sonaca (ex: des gabarits pour tracer les zones à masquer pour la peinture des bords d’attaque des avions), des entreprises de travaux publics ou venues du monde pharmaceutique. Rien de bien vital. “L’outillage en tout genre représente actuellement 75% de notre chiffre d’affaires.”

Garder le cap et diversifier

Addiparts reste donc fidèle à son positionnement initial – la clientèle industrielle et la technique de dépôt de fil fondu (FDM – Fused Deposition Modeling). “Cette technologie est très demandée par l’industrie et permet de produire des pièces résistantes en différents matériaux répondant à diverses contraintes.” Lorsque ses clients demandent des pièces exigeant d’autres techniques d’impression, la société se tourne vers d’autres acteurs. Notamment le Sirris mais aussi un acteur français qui maîtrise le CJP (Color-Jet Printing, impression couleur par projection de gouttelettes de résine).

La société envisage toutefois une diversification. Cible: le secteur médical pour de la fabrication sur-mesure de pièces en matériaux biocompatibles (polycarbonate, terpolymère ABS) mais qui ne seront pas destinées à être implantées. Là encore, Addiparts mise sur l’“outillage” – par exemple, des guides pour interventions chirurgicales.

Par ailleurs, pour progresser dans la chaîne de valeurs et améliorer les processus de fabrication, la société participera à un projet de développement, au sein du pôle de compétitivité Mecatech, qui vise à développer des moyens de calcul permettant de dimensionner les pièces à produire en fabrication additive. “Un gros problème réside dans le fait qu’il n’est pas possible actuellement de calculer les pièces. Si on les dimensionne mal, le risque est qu’elles ne résistent pas ou, au contraire, de gâcher de la matière.”

C’est là aussi, de l’avis de Charles Demoulin, l’une des raisons qui explique que les sociétés  demeurent prudentes: “il faut avant toute chose créer la confiance dans la validité et la solidité des pièces produites en fabrication additive.”

 

Carte d’identité d’Addiparts 

Création: 2013

Localisation: Mons

Fondateurs: Charles Demoulin et Gérard Baudson

Effectifs: 2 personnes

Spécialisation: conseils, modélisation 3D, production de pièces, modèles, gabarits, prototypes pour l’industrie

Public-cible: le secteur aéronautique, l’industrie, l’électro-mécanique

Technologies utilisées: FDM – Fused Deposition Modeling (dépôt de fil fondu)