Plan du Numérique wallon: J – 40 ?

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Par · 19/09/2015

C’est fait! Le Conseil du Numérique a bouclé son travail et remis sa proposition de Plan numérique pour la Wallonie au ministre Marcourt et, derrière lui, aux autres membres du gouvernement.

Une proposition qui s’affiche comme volontariste et cohérente. Au point de constituer un tout que les auteurs ne comprendraient pas qu’il soit (trop) “détricoté” – c’est l’expression utilisée ce vendredi par Pierre Rion, président du Conseil du Numérique.

Quelles sont les attentes? Quelles ont été les premières réactions de Jean-Claude Marcourt? Quels sont les grands indicateurs et critères en fonction desquels l’efficacité et la réalité de son implémentation seront mesurées?

Premiers réponses.

  • Un plan en 5 thèmes – secteur du numérique, le numérique comme “impulseur” de l’économie, territoire connecté, compétences et emploi, administrations publiques. Avec 5 mesures-phare, à la fois “locomotives” et courroies d’entraînement du reste. voir ci-dessous
  • Les prochaines étapes, avec une décision gouvernementale qui, selon Jean-Claude Marcourt, pourrait intervenir d’ici la Toussaint (fin octobre, début novembre) voir ci-dessous

A découvrir, par ailleurs, dès ce lundi:

Ensuite, au fil des jours, nous vous proposerons plus d’informations et de détails sur les différents chapitres et axes: les mesures jugées prioritaires, l’avenir du Conseil du Numérique, le volet budgétaire…

Un plan en 5 thèmes

Les groupes de travail et le Conseil du Numérique avaient structuré leurs travaux en 4 thèmes: secteur du numérique, le numérique comme “impulseur” de l’économie, territoire connecté, compétences et emploi.

Le document final y ajoute un 5ème (qui figurait déjà en filigrane des travaux mais qui reçoit donc une étiquette à part entière). A savoir: Administrations publiques. Objectif: donner la place qui leur revient aux efforts à déployer pour “ouvrir la fonction publique au numérique”, notamment mise en oeuvre d’une politique en matière d’open data, le développement d’une expertise numérique dans le chef des agents et d’un esprit d’“innovation ouverte”.

Un plan cohérent

Le document remis au ministre n’est certes qu’une “proposition” mais l’esprit et l’ambiance qui régnaient dans les rangs des membres du Conseil du Numérique, en cette fin de semaine, allaient clairement dans le sens d’un “on ne comprendrait pas qu’on ne l’adopte pas, quasi tel quel”.

Pierre Rion, d’ailleurs, se voulait clair: “cette proposition est un tout. Il serait difficile de la détricoter, ne serait-ce qu’en partie, sans impacter chacune de ses composantes.” Voilà Jean-Claude Marcourt et le gouvernement prévenus.

Réaction à chaud du ministre? “Vu la qualité des intervenants, le gouvernement sera sans doute très heureux d’en suivre le contenu…” Mais il souligne évidemment la liberté qu’il aura de “prioriser les choses, d’enrichir par des inputs.”

Pour chaque thème, la proposition de Plan définit des objectifs stratégiques, qui sont déclinés en un certain nombre d’axes prioritaires et, ces derniers, en mesures spécifiques. Une articulation en trois étages que Pierre Rion explique par un exemple.

Au registre “Economie par le numérique”, l’un des objectifs définis est de favoriser un secteur e-commerce wallon qui soit compétitif (à l’échelle européenne).

Parmi les axes prioritaires à favoriser pour atteindre cet objectif: l’adaptation du cadre réglementaire (ce qui ne dépendra d’ailleurs pas de la seule Wallonie).

Et, côté mesures concrètes à appliquer, des propositions telles que la mutualisation des moyens logistiques et l’adaptation du cadre réglementaire du travail (“envisager les heures de travail sur une semaine de 7 jours, en 24×7, pour éviter le surcoût du travail en dehors des heures de bureau”).

Au total, la proposition de Plan numérique est ainsi structurée en 9 objectifs stratégiques, 23 axes de priorités et 50 actions et mesures spécifiques.

5 mesures-phare

Dans cette grille d’objectifs et d’actions, pour affiner les recommandations (ou le signal envoyé) au gouvernement, le Conseil du Numérique a pointé 5 mesures “locomotive”. “Il s’agit de 5 actions-phare”, souligne Pierre Rion, “dans la mesure où elles sont essentielles pour la constitution d’un écosystème, la genèse d’un cercle vertueux et d’un effet d’entraînement sur tout le reste.”

Relire notre dossier “Un Plan du numérique pour quoi faire?” où nous abordions les travaux des groupes de travail qui ont phosphoré en parallèle avec le Conseil et où trois acteurs des travaux préparatoires au Plan du Numérique donnaient leurs visions et espoirs (Pierre Rion, président du Conseil; Benoît Macq, de l’UCL et expert auprès du Cabinet Marcourt; Benoît Hucq, directeur de l’AdN).

Deux possibilités pour lire ce dossier: s’abonner en formule Premium à Régional-IT ou acheter le dossier en solo.

>> La recherche:  via la création d’un “hub” devant “accélérer la recherche dans le domaine du numérique et dynamiser le processus de transmission entre monde de la recherche universitaire et les entreprises” – ce “hub” sera en quelque sorte l’iMinds wallon. S’agira-t-il d’un mécanisme, d’une “plate-forme”, d’un acteur? La nature et l’identité doivent encore en être précisées. Mails il aura pour mission et pour raison d’être de fédérer, impulser et jouer les courroies de transmission. Nous y reviendrons plis en détails en début de semaine.

>> Le financement des PME et des start-ups numériques, via un fonds d’investissement (de préférence pas “un nouveau machin”) spécialisé dans le numérique, à capacité d’intervention et de décision (ultra-)rapide

>> L’éducation: “instiller des connaissances numériques dès le plus jeune âge. Non pas pour apprendre à utiliser un ordinateur mais pour inculquer aux plus jeunes le sens de l’algorithmique, par exemple”, souligne Pierre Rion

>> La “giga-région”, autrement dit le déploiement du très haut débit et la fin ou, tout au moins, la minimisation des “zones blanches”.

>> L’internationalisation des entreprises prometteuses, des “petites perles qu’il faut faire grandir, sans pour autant que leur contrôle échappe à leurs créateurs locaux”.

Nous vous présenterons ces 5 mesures estampillés “locomotive” plus en détail au fil de la semaine.

Evaluation d’efficacité

Tous les axes et mesures préconisés n’ont pas été chiffrés par le Conseil du Numérique en termes d’effort budgétaire. Par contre, une grille d’évaluation de l’efficacité de mise en oeuvre a été proposée. Elle repose sur 4 grands indicateurs génériques:

  • le PIB du secteur numérique wallon
  • le PIB industriel wallon
  • la balance commerciale du secteur numérique wallon
  • “et, plus difficile à mesurer”, le niveau de maîtrise du numérique et des usages numériques dans toutes les couches de la population.

Par ailleurs, chaque mesure est associée à un certain nombre d’indicateurs opérationnels qui devraient permettre d’en mesurer l’effet. Pour reprendre l’exemple de l’e-commerce, des indicateurs pourraient être le suivi du pourcentage de PME effectuant des ventes en-ligne, le chiffre d’affaires réalisé en-ligne, le taux de recours au commerce électronique pour des ventes à l’étranger, le nombre d’emplois directs ou indirects créé via l’e-commerce…

Les prochaines étapes

Jean-Claude Marcourt dispose désormais d’un document, des recommandations et explications (en ce compris orales) des membres du Conseil du Numérique. Il a, à sa portée immédiate, au sein-même de son Cabinet, des personnes qui ont été impliquées étroitement dans le processus de préparation et de rédaction de la proposition de plan.

Désormais, les prochaines étapes devraient se succéder à un rythme assez soutenu.

La proposition de Plan du numérique sera analysée à la fois par l’équipe de Jean-Claude Marcourt et par les autres détenteurs de portefeuilles wallons (ministres en charge de la santé, de l’enseignement, de la fonction publique, de l’emploi…).

“La proposition sera transposée en programme de gouvernement”, déclare Jean-Claude Marcourt, en insistant sur ce concept de “programme de gouvernement”. “Avec définition des priorités, du budget, du calendrier.”

S’en suivront le passage au Conseil des Ministres, une concertation avec les partenaires sociaux, le processus d’approbation finale et… un retour devant le Conseil du Numérique.

Jean-Claude Marcourt s’est en effet engagé publiquement à venir présenter, en avant-première et en guise de dernière étape avant annonce, le Plan-mouture gouvernementale au Conseil du Numérique “pour exposer ce qui aura été fait de leur proposition.” Le Conseil ne manquera pas alors – Pierre Rion a déjà souligné la chose face à Jean-Claude Marcourt – de réagir et critiquer éventuellement certaines décisions ou réorientations du travail initial. Voir dès lundi ce qu’il nous en a dit lors de l’interview qu’il nous a accordée.

Quand le gouvernement pourrait-il “atterrir” dans ce dossier? Jean-Claude Marcourt espère le boucler et le faire approuver vers le 1er novembre.