WAN: transition de l’aéronautique vers du “blended learning”

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Par · 02/07/2015

Le centre de compétence WAN (Wallonie Aerotraining Network), basé à Gosselies, est spécialisé dans l’organisation de formations dans les domaines de la construction aéronautique (étude, certification, fabrication et assemblage d’équipements destinés aux avions ou hélicoptères), de la maintenance aéronautique, de l’exploitation aérienne et des compétences du personnel navigant de cabine.

Les formations prodiguées sont destinées à trois types de publics:

  • les travailleurs de l’industrie du secteur aéronautique (sociétés de construction ou de maintenance aéronautique, compagnies d’exploitation aérienne)
  • des demandeurs d’emploi ou des personnes en reconversion professionnelle
  • des étudiants et enseignants d’écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles à orientation aéronautique (exemples: la Haute Ecole Condorcet mais aussi les écoles secondaires pour lesquelles le centre propose un module de découverte des métiers de personnel navigant de cabine et d’agent d’enregistrement d’aéroport).

La distance pour rapprocher

Le WAN s’est tourné vers une solution d’e-learning en raison des avantages qu’il présente en termes d’apprentissage à distance. “Il nous fallait répondre à trois enjeux”, souligne Rodolphe Di Loreto, assistant Formations techniques au WAN. “Tout d’abord, la nécessité d’innover, pédagogiquement, face à l’évolution rapide et fréquente des technologies dans le secteur aéronautique. Il était par ailleurs nécessaire d’améliorer la qualité des prestations pédagogiques afin de mieux encadrer les formations. Et cela passait par du blended learning.

Enfin, nous voulons ouvrir nos formations à l’international. Nous avons par exemple conclu un accord de partenariat avec un opérateur canadien actif dans le secteur de la maintenance aérienne. D’autres accords concernent le Congo ou encore l’organisation d’examens sur les territoires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. L’e-learning nous permet d’accélérer le processus.”

Solution “mains libres”

Le WAN aurait pu choisir une solution du genre Moodle “mais cela nous aurait imposé de disposer, en interne, d’un administrateur réseau, capable d’assurer la gestion technique”, explique Rodolphe Di Loreto. “Nous recherchions plutôt une solution intégrée, alliant création de contenus pédagogiques et diffusion, et qui soit en outre proposée en mode SaaS afin de nous éviter de devoir maîtriser certaines compétences en interne.”

Rodolphe Di Loreto (WAN): “Les moyens de vérification d’éventuelles tricheries sont insuffisants pour que les autorités acceptent que les examens puissent être passés à distance.”

Dans un premier temps, le WAN a transposé des cours classiques en version électronique pour la formation de techniciens en maintenance aéronautique. Ces cours sont désormais utilisés par ses clients (qui ont acquis les droits d’accès aux modules) afin de permettre à leurs techniciens de préparer les examens à distance. L’organisation proprement dite des examens, elle, doit toujours se faire sur site, en mode présentiel, pour des raisons de contraintes légales ainsi que de sécurité et authentification des personnes passant les examens.

“Nous avons commencé par la maintenance parce que c’est là qu’est la plus forte demande. Surtout à l’international. Les supports de cours étaient en outre prêts. Il nous suffisait de les transformer en modules d’e-learning.

L’e-learning nous permet en outre d’être plus réactif par rapport aux demandes des clients. Plus besoin d’imprimer et d’envoyer les cours… Il permet d’exploiter de manière optimale la modularité du parcours d’apprentissage. L’apprenant peut organiser son parcours, étaler le suivi des différents modules. C’est important dans la mesure où les personnes concernées sont actives et doivent donc s’organiser en fonction de leur emploi du temps, beaucoup travaillant en horaires décalés…”

A noter en matière de création de modules que si le WAN cherchait un partenaire pouvant couvrir à la fois les axes “création” et diffusion, il n’a pas encore recours, à ce jour, aux compétences de son prestataire pour la génération de contenu. L’adaptation du matériel pédagogique existant au mode électronique a été faite par ses soins. eDoceo, lui, est intervenu pour l’accompagner dans la conception des modules en-ligne.

La société l’a notamment conseillé dans le reformatage des contenus. “L’e-learning implique un autre mode de transmission des connaissances. Il ne faut pas dépasser 20 minutes si on veut être efficace. Nous avons donc revu le contenu pédagogique afin d’aller à l’essentiel, dans un esprit “lean”. Nous avons par ailleurs ajouté des visuels, vidéos comprises, et des activités plus interactives, tels que des jeux de questions-réponses, des questionnaires à la suite de vidéos…”

La scénarisation toutefois demeure simple. “A terme, nous l’améliorerons. Il est par exemple prévu d’inclure un système de tutorat.”

Présentiel et à distance

On l’a vu, la réglementation ne permet pas, dans le secteur aéronautique, d’utiliser l’e-learning pour certains volets du parcours d’apprentissage et de certification. “L’e-learning sert surtout pour les préparations aux cours, pour la vulgarisation et l’acquisition de compétences (aérodynamique, facteurs humains…). Le présentiel reste nécessaire pour certaines choses. Résultat: la certification se fait en mode blended”, souligne Rodolphe Di Loreto.

Rodolphe Di Loreto: “L’e-learning ouvre certes de nouveaux potentiels mais le blended demeure le mode majoritaire compte tenu des obligations de certification.”

Garantir à distance l’identité d’un apprenant reste en effet un défi. Comment s’assurer que la personne qui passerait un examen est bel et bien celle à qui correspondent les droits d’accès octroyés? “Nous vérifions certes l’identité lors de l’inscription et nous prenons certaines précautions telles qu’une limitation des accès dans le temps mais il n’existe aucun moyen de vérifier que c’est la personne réellement autorisée qui est derrière l’écran.” D’où la pratique du présentiel pour les examens et certifications…

En résumé, dans la situation actuelle, les formations à distance s’adressent essentiellement, comme on l’a vu, aux personnes actives. Hors étapes de certification et d’examens qui se passent en présentiel.

Ce dernier demeure en outre le canal choisi pour les formations de demandeurs d’emploi. Pour ce public, les formations à distance constitueront à l’avenir une piste d’évolution mais il faudra pour cela que les règles de financement évoluent. “Nous sommes actuellement subsidiés en fonction des heures de présence du demandeur d’emploi”, souligne Rodolphe Di Loreto. “Les heures d’e-learning ne sont pas payées au même tarif. Le cadre réglementaire devra être adapté…”

Dans une perspective d’opérations à l’international, le WAN se contente pour l’instant de vendre ses formations à des partenaires étrangers. Toutefois, un projet de création et de support de cours en maintenance aéronautique est planifié avec l’École nationale d’aérotechnique Edouard Monpetit de Montréal.

Prochaines évolutions

A l’avenir, le WAN projette d’informatiser les examens en présentiel et d’ajouter de nouveaux modules spécifiques (notamment pour la formation continuée des formateurs).

Par ailleurs, à l’usage exclusif des demandeurs d’emploi, une plate-forme ENT (espace numérique de travail) sera mise à disposition. Ils pourront ainsi accéder à distance aux supports de cours, dialoguer avec les professeurs, travailler en équipe sur des projets et même passer des tests. “Cela nous permettra d’assurer un meilleur suivi pédagogique, de cartographier les formations et les compétences des apprenants et d’améliorer la visibilité qu’ont les formateurs sur le parcours d’acquisition de connaissances par type de profil à former.” [Ndlr: chaque métier impliquant de suivre un nombre déterminé de modules de cours.]

“Les apprenants et stagiaires auront ainsi une vue directe sur les compétences à acquérir et les modules à suivre. De même, les responsables RH y verront plus clair lors des processus d’embauche.”

Le déploiement de cet ENT (en mode test dans un premier temps) débutera en 2016.

L’arrivée de ces nouveaux outils impliquera aussi une formation des instructeurs. Ils devront en effet acquérir les compétences nécessaires pour un enseignement et un accompagnement en mode “e-presence”. Chose qui, de toute façon, n’est pas encore prévue dans les marchés publics actuels. Pour cette évolution, le WAN fera appel à eDoceo pour l’assister dans la formation continuée des instructeurs.

Pour l’instant, le rôle de ces derniers, en matière d’e-learning, est encore limité. “Il consiste essentiellement à répondre aux questions posées par les stagiaires via le forum.” Des réponses encore fournies en mode asynchrone et sous forme de texte. A terme, des relations temps réel pourront être aménagées, à distance, entre instructeur et technicien de maintenance en formation.