e-learning: quelques erreurs à éviter

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Par · 02/07/2015

Spadel, le centre de formation WAN (aéronautique), l’IFP (centre de formation de l’industrie alimentaire). Comment les trois organismes qui se sont engagés dans la voie de l’e-learning et dont nous vous parlons dans ce dossier ont-ils vécu l’expérience? Quelles erreurs ont éventuellement été commises dans les choix initiaux, la méthode ou les objectifs? Nous avons posé la question à ces trois témoins.

Quels furent les principaux écueils rencontrés?

En filigrane des réponses reçues, il y a le souci de “coller” le mieux possible au besoin réel. Et ce n’est pas une évidence.

Pour Rodolphe Di Loreto, assistant Formations techniques au WAN, “comme dans toute gestion de projet, la communication entre les personnes reste essentielle. En effet, un manque de vision globale ou la simple omission d’un détail peuvent parfois être source de malentendus et faire prendre du retard au projet.”

La riche fonctionnelle de la solution choisie pose parfois un problème de choix aux futurs utilisateurs. “L’un des écueils fut notre empressement à produire de l’e-learning”, déclare par exemple Didier Pruppers, conseiller en prévention chez Spadel. “Vu les possibilités qu’offre la solution choisie [Ndlr: dans le cas de Spadel, celle d’eDoceo], il faut bien suivre les conseils prodigués [par le prestataire ou l’éditeur]. La phase de réflexion et de préparation du scénario est importante. il ne faut pas se précipiter directement sur la phase de production. Une excellente phase de préparation fait gagner du temps lors de la production et d’améliorer la qualité de la production.”

Autre écueil que relève Didier Pruppers, qu’il m’est d’ailleurs en tête de liste et qui est étroitement lié à ce qui précède: “le principal écueil que nous pouvions rencontrer est lié à la « puissance » des applications. En fait, il y a tellement de possibilités et de solutions qu’il est parfois difficile de les choisir…” A moins – et c’est là qu’est le lien – de déterminer soigneusement les objectifs que l’on se donne…

Pour Pascal Cools, conseiller formation à l’IFP (Initiatives de Formation Professionnelle, centre de formation de l’industrie alimentaire), “un écueil important reste la gestion des parcours de formation et plus particulièrement son séquençage en unités de formation pertinentes pour l’apprenant. Face à un logiciel complet et complexe, il n’est pas simple de définir des unités d’apprentissage de courte durée (d’environ deux heures) à l’issue de laquelle l’apprenant a conscience d’avoir appris quelque chose. Cela est fondamental pour que l’apprenant continue à avoir envie de travailler avec ce logiciel.

Si l’e-learning permet de pointer très rapidement les compétences de base non maîtrisées par une personne, encore faut-il pouvoir gérer les lacunes de manière à définir des itinéraires attractifs…”

Les erreurs commises?

En cours de réflexion préalable ou d’implémentation de leur projet, des changements d’orientation ont-ils été opérés — dans les choix, les objectifs… —, des erreurs ont-elles été commises?

Deux points sont mis en exergue par nos interlocuteurs qui se résument en fait en un seul: la nécessité de bien préparer son sujet. Gare à la précipitation.

“Nous recherchions une solution pour informatiser nos examens depuis quelque temps”, indique Rodolphe Di Loreto (WAN). Une fois le choix du fournisseur effectué [e-Doceo], “nous avons commencé à développer ce projet et sommes partis dans la direction que notre chef de projet e-Doceo pensait être la meilleure. Après quelques temps et une discussion avec d’autres personnes de l’équipe de l’éditeur, il est apparu qu’une autre voie serait plus efficace au niveau de la procédure de création des examens mais surtout de l’exploitation des résultats.

Je ne suis pas sûr qu’on puisse parler d’erreur, mais avec le recul, il est vrai que nous aurions pu partir dès le début sur la meilleure solution si nous avions pris plus de temps pour expliquer les tenants et les aboutissants du projet et explorer les différentes pistes avec notre partenaire.”

Rodolphe Di Loreto (WAN): “Nous aurions pu partir dès le début sur la meilleure solution si nous avions pris plus de temps pour expliquer les tenants et les aboutissants du projet et explorer les différentes pistes avec notre partenaire.”

Pour Didier Pruppers de Spadel, l’erreur commise au départ fut de reproduire simplement en e-learning des supports préexistants, sans penser suffisamment à le rendre plus attractif. “Nous avions bien en tête notre premier objectif qui était de créer un e-learning pour former le personnel des firmes extérieures aux règles générales de sécurité afin que le personnel puisse accéder à notre site de production. Nous avions des supports Word, Powerpoint…

L’erreur de départ était que des informations contenues dans un Powerpoint ne sont pas complètes et « lisibles » sans une explication. Donc, nous avons dû retravailler ces informations pour les rendre complètes et fluides. Une option payante et prise dès le début, c’est de bien penser qu’une photo, une image vaut 1.000 mots. Nous avons donc tenté de combiner le plus souvent possible image et texte. Et pour faciliter la compréhension, nous avons opté dès le début pour un accompagnement sonore des apprenants.”

Quelques conseils

Les conseils que nos trois interlocuteurs donneraient à quiconque envisage ou a décidé d’intégrer l’e-learning (sous quelque forme que ce soit) dans son trajet de formation?

Pascal Cools (IFP): “Le point premier est de savoir qu’indépendamment de son contenu, votre produit e-learning sera très rapidement jugé sur son apparence, sur le graphisme et sa navigation. Les gens ont de suite envie d’appuyer sur un bouton, de naviguer. Si les gens peuvent y naviguer aisément, presque intuitivement, vous aurez gagné la première étape.

Il faudra ensuite qu’ils soient rapidement actifs et ceci de manière régulière tout en dispensant des feedbacks les plus variés possibles. Leur révéler très tôt des premières connaissances maîtrisées, des premières actions réussies leur permettra d’avoir envie d’aller plus loin. Il faudra ensuite que le contenu soit assez riche et stimulant pour dépasser une simple introduction.

Le second point est la pluridisciplinarité des équipes de développeurs. Une équipe technico-pédagogique est indispensable de manière à obtenir un bon compromis entre les techniques à maîtriser et les validations ou certifications éventuelles.

Enfin, le “tout-en-e-learning” est encore difficile. On privilégiera le blended qui permet des rapports humains, une grande variété de feedbacks et, surtout, qui permet de donner régulièrement un sens aux apprentissages, de procéder à beaucoup plus d’adaptations dans la gestion des formations, que ce soit en intensité, en fréquence ou tout simplement parce que l’on connaît la personne.”

Rodolphe Di Loreto (WAN): “Même si cela parait logique, je pense que, pour toute société désireuse de se lancer dans un projet e-learning, il est primordial de bien définir son projet en termes de dispositif et d’objectifs pédagogiques, mais aussi en termes de ressources et d’activités qui composeront le cours.

En effet, ce sont ces éléments qui permettront de choisir le meilleur outil. En d’autres termes, si le choix de l’outil reste important, je dirais qu’il vient en second dans la mise en place du projet.”

Didier Pruppers (Spadel): “L’e-learning est un mode d’apprentissage qui efface les contraintes de temps et d’espace. Peu importe le public-cible, les apprenants peuvent suivre les modules où et quand ils le souhaitent, à leur rythme. Bien sûr, il faut accéder à un PC ou sur Internet. Des versions « smart phone » existent maintenant pour encore augmenter l’accessibilité. L’e-learning permet aussi des validations d’apprentissage par des quiz, une traçabilité des apprenants. Le seul conseil que je puisse donner. Lancez-vous…”