Manne FEDER pour une kyrielle de projets orientés ICT et numérique

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Par · 27/05/2015

Le suspense fut long: comment allait être répartie, en termes géographiques mais aussi thématiques, la manne des fonds FEDER (Fonds Européen de Développement Economique et Régional) dont a hérité la Wallonie dans le cadre de la programmation 2014-2020?

Après l’appel à projets, lancé au printemps 2014, la période d’examen et de sélection et l’arbitrage en dernière ligne droite, le gouvernement wallon a finalement annoncé le verdict jeudi dernier.

Au total, ce sont 1,7 milliard d’euros, financés à 40% par l’Europe, qui vont être injectés dans une série de projets, sélectionnés pour partie afin de “s’inscrire dans la stratégie du plan Marshall et dans la continuité de la programmation FEDER.”

12 villes et zones métropolitaines jugées prioritaires ont été retenues. Côté thématiques, “conformément à la demande des autorités européennes”, la sélection a veillé à reconcentrer les efforts et a donné la préférence à des dossiers orientés sur quelques grands thèmes: innovation, accès aux formations de qualité, efficacité énergétique, transition vers une économie bas carbone.

Pour vous remettre en mémoire le contexte et les thèmes sur lesquels devaient s’aligner les projets et dossiers proposés, nous vous invitons à relire l’article publié au printemps 2014, lorsque l’appel à projets avait été lancé.

Le numérique en bonne place

Force est de constater que nombre de projets ont trait ou reposent sur les technologies ICT/numériques. Et que les projets et portefeuilles de projets retenus viennent de nombreuses régions. Namur, par exemple, qui se disait “oubliée” par les programmations antérieures, est cette fois représentée, même si le total des financements n’est pas encore à la hauteur d’autres (sous-)régions et métropoles.

Nous ne vous inonderons pas sous une liste complète, et chiffrée, des projets sélectionnés, mais voici, plus simplement, quelques-uns des dossiers retenus et dont on pourra sans doute reparler à court ou moyen terme. Nous ne manquerons d’ailleurs pas de revenir par la suite plus en détails sur certaines de ces cagnottes et leurs objectifs.

Commençons par le centre

Petit tour par exemple par le chapitre “Animation économique”. On y remarque par exemple le carton plein décroché, dans le Brabant wallon (Mont-Saint-Guibert), par Creative Wallonia Engine (anciennement Fostering Ideas, l’asbl qui a notamment lancé l’accélérateur NestUp – voir encadré ci-dessous).

Pour rappel, Fostering Ideas a été créée par Olivier Verbeke, Simon Alexandre (ancien directeur du CETIC et parti entre-temps diriger l’incubateur La Faktory de Pierre L’Hoest), Ben Piquard (ancien directeur du MIC de Mons, aujourd’hui à la barre de l’accélérateur liégeois LeanSquare), David Valentiny (administrateur de l’ID Campus, ancien conseiller technologique de Jean-Claude Marcourt) et Damien Van Achter (Lab.Davanac, ex-journaliste). En 2014, l’asbl a modifié à la fois ses statuts et son nom, devenant Creative Wallonia Engine. Objectif: “promouvoir l’économie créative et la transformation du territoire et de la société wallonne grâce à la valorisation de la créativité de l’innovation ouverte, en particulier dans le domaine de l’éducation, de la recherche, de l’entrepreneuriat et de la culture.”

Au titre d’actions “Lean Creative Ecosystem”, en lien avec le Creative Wallonia Engine, Fostering Ideas récolte quelques beaux budgets:

  • accélérateur de start-ups: 3,225 millions – autrement dit Nest’Up a encore de beaux jours devant lui. Le projet déposé par Creative Wallonia Engine visait à multiplier le nombre de Nest’Up, idéalement en divers points du territoire wallon (Mons, Namur, Liège…). Reste désormais à préciser le nombre de sessions d’accélération qui pourront être organisées chaque année, en mode délocalisé ou non, indique Olivier Verbeke.
  • accélérateur de croissance (“growth hacking” comme le disent les anglo-saxons et autres anglophiles): 1,3 million. L’idée proposée est de mettre en oeuvre un programme d’accompagnement de type “post NestUp” au profit de start-ups (qu’elles soient ou non passées par NestUp) et de “PME en croissance”. Potentiellement en collaboration avec d’autres acteurs de l’animation économique wallonne: LeanSquare, CIDE-Socran, BEP…
  • living lab: 1,5 million. Sous cet intitulé se cache non pas la création d’un nouveau living lab (même si la chose n’est pas exclue) mais plutôt le fait pour Creative Wallonia Engine de servir de source de méthodologies (notamment sur base de l’expérience NestUp) à mettre au service des Living Labs wallons (pour rappel, deux ont été lancés à ce jour: le Smart Gastronymy Lab, du côté de Namur et Gembloux, et le WeLL, orienté e-santé, à Liège). En la matière, Creative Wallonia Engine viendrait donc épauler le CETIC qui avait déjà été désigné responsable méthodologie. Relire à ce sujet notre dossier Living labs et, en particulier, cet article consacré au business model.

A quelques kilomètres de là, à Louvain-la-Neuve, l’UCL est elle aussi épinglée sur la carte FEDER. Elle le doit à un portefeuille de projets, estampillés UserMedia, pilotés par le Professeur Benoît Macq (Ecole Polytechnique et ICTeam- Institute of Information and Communication Technologies, Electronics and Applied Mathematics). Outre l’UCL, Multitel, le CETIC et l’ULg y seront également impliqués. De quoi créer des liens de collaborations trans-territoires.

Namur, qui avait introduit 11 dossiers, pour une bonne part sous l’emblème Namur Smart City et Namur Innovative City Lab, aura droit en tout à une manne de 29,7 millions. Parmi les bénéficiaires, deux projets d’“innovation urbaine et numérique et d’espaces urbains intelligents” pilotés par le KIKK et le hub créatif TRAKK.

L’incubateur numérique, porté conjointement par le BEP, le Trakk et le Kikk, hérite d’un budget d’animation à hauteur de 6,1 millions. Sur le site du Grognon, l’espace Confluence pourra faire sortir de terre son “port numérique”, “vitrine de la ville intelligente” à la mode namuroise. Budget: 2,5 millions.

Divers projets d’“espaces urbains intelligents” (orientés mobilité ou encore espaces WiFi-sés) se partageront un peu plus de 9 millions d’euros.

Poursuivons d’Ouest…

Dans le Hainaut, on pointera plusieurs projets proposés par l’intercommunale de développement IDEA ou auxquels elle apportera sa contribution. Près de 3 millions serviront ainsi à la mise en place d’une “ingénierie d’incitants publics et un accompagnement à la définition des politiques IT en entreprise”, en collaboration avec la SLC (Structure Locale de Coordination) Ouest Hainaut.

IDEA est aussi l’un des partenaires du portefeuille de projets montois DigiSTORM (v. plus bas).

Tournai espérait 70 millions, elle en reçoit 46, soit 16 de mieux que lors de la programmation 2007-2013.

Que va-t-elle en faire? Plusieurs projets sont classés sous l’emblème “SmarTournai”- rénovation, modernisation de la ville avec aussi un volet numérisation pour divers sites culturels ou historiques. Quelque 12 millions vont ainsi au Centre d’interprétation des Anciens Prêtres, doublé d’un Smart Center. Les collections entreront dans l’ère 2.0 via une “mise en contexte qui utilisera notamment la réalité augmentée”. Le projet Tournai Unesco Expérience a pour sa part droit à 1,2 million pour la création d’une “scénographie urbaine numérique et artistique” faisant une large place au numérique pour “nouvelle interprétation contextuelle, des détournements urbains” contribuant ainsi à “la valorisation de l’espace urbain au travers des nouvelles technologies.”

Le nouveau centre TechniCité (qui avait reçu le feu vert du gouvernement wallon en avril) hérite lui de 11,4 millions (8 millions d’euros pour les infrastructures et 3, 4 millions pour l’animation).

Technicité se définit comme un “pôle d’activités économiques dédié aux techniques et technologies de l’image, de la communication et du design au cœur de la ville.” Il sera le point d’ancrage du hub créatif du Tournaisis.

9 millions seront alloués à la construction et à l’aménagement d’un pôle d’excellence ICT dans la zone “Tournai Ouest 3”. “Il sera un laboratoire de type universitaire, planchant sur la création d’outils destinés à l’amélioration du cadre de vie du citoyen.” Parmi les partenaires impliqués: la Province de Hainaut, l’Eurometropolitan e-Campus (Ee-Campus) et l’intercommunale IDETA.

Du côté de Charleroi, plusieurs projets orientés “production additive” (impression 3D) pourront voir le jour via le programme IAWATHA (InnovAtion en Wallonie par les TecHnologies Additives). Ainsi, le Sirris a-t-il décroché un financement de plus de 1,3 million pour son projet EXIATAS (Equipements eXceptionnels pour l’InnovAtion par les Technologies Additives).

Toujours à Charleroi (Gosselies), le centre de compétences CETIC a convaincu avec son portefeuille de projets baptisé IDEES (Internet de Demain pour développer les Entreprises, l’Economie et la Société). Enveloppe accordée: environ 5,2 millions.

Le CETIC sera par ailleurs l’un des partenaires du projet CloudMedia du Prof. Benoît Macq (UCL) voir plus haut.

Mons récolte sa part grâce au portefeuille de projets DigiSTORM porté par l’UMons et qui concerne “les nouveaux territoires numériques, les industries culturelles et créatives au coeur du paysage urbain.”

DigiSTORM porte sur la création d’un living lab, devant servir d’“espace ouvert permettant le renforcement d’activités” croisées entre industries culturelles, créatives et numériques. Deux instituts de l’UMons sont impliqués. A savoir: numediArt et humanOrg, l’institut de recherche de la Faculté d’économie et de gestion Warocqué. Autres partenaires: Multitel, Technocité et IDEA.

Principaux axes de recherche: la capture de mouvement, les média “performatifs” (artistiques), les espaces intelligents, la reconnaissance automatique de flux multimédia et la recherche en entrepreneuriat et marketing.

Dans ce portefeuille DigiStorm, pointons notamment le projet DigiBird (financé à hauteur de 369.000 euros) qui sera porté par humanOrg. Il concerne l’apport de compétences en analyse économique dans le cadre de ce living lab. Objectif: “proposer des conditions optimales d’évaluation et de soutien pour des idées et des innovations s’inscrivant au sein de projets-pilote développés sur base annuelle et de projets tiers à vocation temporelle plus courte.”

A noter au passage la création d’un Certificat d’Université de type Executive Master en e- Entrepreneurship. Parrains: la Faculté Warocqué (gestion et économie, l’Eurometropoli-tan e-Campus de Tournai, PME 3000, l’-‘Université de Valenciennes (UVHC) et le Microsoft Innovation Center.

… en Est

A Liège, l’Intercommunale de développement SPI a décroché un financement de quelque 2,2 millions pour WSL Labs.

CIDE-Socran, centre spécialisé dans l’accompagnement d’entreprises innovantes, décroche deux beaux petits pactoles. Respectivement 2,64 millions accompagnement proactif au développement d’entreprises innovantes et 3,2 millions pour l’accompagnement à la création d’entreprises innovantes.

Le Creative Hub (Plug-R), soutenu par Meusinvest, peut lui aussi sabrer le champagne, récoltant plusieurs financements avoisinant au total les 11 millions. ID Campus, chargé de l’animation, peut s’appuyer sur un pactole de 4,04 millions. Le bâtiment “Le Fiacre” qui hébergera le hub bénéfice d’un budget de 3,1 millions pour son réaménagement. Enfin, partenaire indirect, l’incubateur VentureLab de l’ULg dédié à l’entrepreneuriat des étudiants et des jeunes diplômés reçoit 3,12 millions.