Internet Attitude: 11 start-ups au compteur

Article
Par · 29/09/2014

Après bientôt quatre ans d’existence, le fonds d’investissement privé Internet Attitude, spécialisé dans le financement dans de start-ups actives dans le monde de l’Internet et des nouvelles technologies, compte 11 start-ups dans son portefeuille, la dernière société financée étant D-Sight, spin-off de l’ULB spécialisée en aide à la décision pour processus complexes.

D-Sight a bénéficié d’une mise de fonds de 400.000 euros qui, souligne Quantin Hayez, son fondateur et directeur, seront mis à profit pour entrer dans la phase d’accélération commerciale. En ce compris à l’étranger. Marchés visés en priorité: la France et le Royaume-Uni mais aussi le Canada. Les deux premiers pays ont été épinglés pour des raisons de proximité et d’adéquation “culturelle”, le Royaume-Uni pouvant de surcroît être un bon terrain d’apprentissage et un tremplin en vue d’éventuelles ambitions américaines. Quant au Canada, il est une cible logique pour D-Sight qui y a, très tôt, trouvé des clients. L’un des tout premiers fut en effet le Ministère canadien de la Défense. Plus récemment, la société a ajouté l’Agence canadienne de la Santé à son répertoire.

Jusqu’ici les sources de financement qu’avait décrochées D-Sight étaient essentiellement venues du secteur public: BruStart, le Fonds de participation et des subsides bruxellois. L’injection de fonds privés, venus d’Internet Attitude (à hauteur de 40% de l’investissement total réuni à ce jour), est considérée comme importante par Quantin Hayez dans la mesure où “argent privé implique la notion de venture capitalists et d’un accès à un réseau de contacts intéressants ainsi qu’un soutien au business par des conseillers dont c’est le métier.” Un représentant d’Internet Attitude siégera en outre désormais au conseil d’administration de D-Sight.

11 start-ups

Plus exactement, c’est de 10 start-ups qu’il faudrait parler, depuis l’“épisode” CV Trust, start-up qu’Internet Attitude avait financée mais avec laquelle un différend a soudain surgir (pour des raisons de désaccord sur la stratégie à suivre). Porté devant les tribunaux, le différend a finalement été arbitré en faveur du fonds d’investissement) mais le divorce est désormais consommé.

Restent donc 10 start-ups en portefeuille. Par ordre alphabétique: Auctelia, Bubobox, CCM, Cleverphone, Dialog Solutions, D-Sight, Freedelity, RetailDrive (née sous le patronyme de LegoAlto), Target2Sell, The New Sentinel.

 

Le fonds d’investissement rassemble, en grande majorité, des investisseurs privés mais on y trouve aussi quelques invests publics, à savoir Nadir (du groupe Namur-Invest), Start Up (groupe NivelInvest), la branche Spin-Off/Spin-Out de Sambrinvest et St’art. Leur “poids” représente 5,7% du total des fonds levés. La mise de fonds de chaque invest est quasi symbolique, ne dépassant généralement pas les 500.000 euros. Mais le fait qu’elles aient quelque peu adapté leur “philosophie” en montant à bord d’un fonds d’investissement privé est considérée comme un fait positif par Olivier de Wasseige, administrateur délégué d’Internet Attitude. Cela leur permet notamment de mieux connaître le monde des investisseurs privés, leur mode d’action, leurs motivations et le rôle qu’ils jouent auprès des start-ups. A noter qu’un représentant des invests publiques siège au conseil d’administration d’Internet Attitude ainsi qu’au comité de sélection.

Investissement total consenti à ce jour: 3,5 millions. Après ses deux dernières levées de fonds, intervenues en juin 2013 et juin 2014, le fonds dispose donc encore de 6,5 millions d’euros qu’elle pourra investir à l’avenir.

Selon quelle stratégie?

“Par rapport aux critères de sélection appliqués jusqu’ici, nous avons quelque peu évolué. Nous nous intéressons davantage aux sociétés un peu plus matures. Essentiellement pour des raisons d’équilibre de notre portefeuille”, déclare Olivier de Wasseige, administrateur délégué d’Internet Attitude.

“Nous recherchons donc des sociétés présentant une plus grande stabilité [que les pures “start-ups”], ayant par exemple déjà des revenus assez significatifs. Nous sommes en quête de bons dossiers. Avec, potentiellement, des mises de fonds plus importantes puisqu’en étant plus matures, ces sociétés représentent théoriquement moins de risques…”

Olivier de Wasseige: “Nous nous intéressons davantage aux sociétés un peu plus matures. Essentiellement pour des raisons d’équilibre de notre portefeuille.”

Internet Attitude n’en oublie pas pour autant les vraies “jeunes pousses” mais partagera donc ses futurs investissements entre ce genre de sociétés, des start-ups ayant déjà un peu de bouteille (comme c’est le cas pour D-Sight ou Target2Sell, cette dernière ayant en outre été créée par des personnes ayant une longue expérience de l’entrepreneuriat), et – troisième axe d’investissement – la participation à des seconds tours de table. Notamment pour des sociétés déjà inscrites au portefeuille.

“40% des 10 millions dont nous disposons pour investir est réservé aux tours de table suivants auxquelles procéderont les sociétés que nous finançons déjà. A ce jour, sur les 3,5 millions investis, de 6 à 700.000 euros ont déjà été investis de la sorte.”

De nouvelles mises de fonds sont-elles prévues, à court terme, par Internet Attitude? “5 ou 6 dossier sont actuellement à l’étude. Un ou deux d’entre eux ont plus de chances de retenir notre attention…”

“Exception” française

Jusqu’ici, seules de jeunes pousses belges avaient bénéficié des fonds d’Internet Attitude. Récemment, Target2Sell, une société parisienne, est venue jouer les intrus. Sa spécialité: une personnalisation automatique des pages de sites e-commerce en fonction des visiteurs. Selon le principe de la recommandation personnalisée d’achat – “à la Amazon” -, la société a mis au point une solution qui propose spontanément au client, en fonction de son profil e de son historique d’achat (ou de recherche de produits), un produit qui lui conviendrait ou qu’il apprécierait tout particulièrement le bon produit. L’effet sur les ventes pour les sites d’e-commerce qui utilisent la solution Target2Sell semble être sensible puisque la start-up avance comme chiffres une augmentation de chiffre d’affaires [valeur moyenne de panier] allant de 15 à 25%.”

Olivier de Wasseige: “On préférerait investir dans de bons dossiers belges mais si nous avons à examiner davantage de bons dossiers français, nous ne laisserons pas passer l’opportunité.”

Cet investissement dans une société française est-il le signe qu’Internet Attitude élargit son rayon d’action? Est-ce une exception à la règle d’origine qui était d’investir dans des start-ups belges? “Target2Sell est théoriquement une exception. On préférerait investir dans de bons dossiers belges mais si nous avons à examiner davantage de bons dossiers français que de bons dossiers belges, nous ne laisserons pas passer l’opportunité.

Le fait est que ces dossiers français nous arrivent spontanément parce que les professionnels de l’investissement en France estime qu’il y a une place à prendre sur leur marché pour un acteur comme Internet Attitude. D’une part, en raison de notre spécialisation dans les start-ups actives dans le monde de l’Internet et des nouvelles technologies. D’autre part, parce que nous intervenons pour des montants [Ndlr: entre le pre-seed et le capital de croissance] que les autres acteurs, en France comme d’ailleurs en Belgique, ne couvrent pas.

Il y aura toutefois toujours une limitation à d’éventuels investissements en France, à savoir, le rayon d’action géographique. Il doit rester raisonnable.” Autrement dit, pas question d’imposer de longs et lourds déplacements aux experts d’Internet Attitude qui accompagnent, concrètement, les start-ups – à la fois pour l’étude de leur dossier et pour leur encadrement post-investissement. “Dans le cas de Target2Sell, le fait est que nous disposons d’un expert – partenaire du fonds – à Paris. Mais ses interventions, dans le cas de cette start-up, sont de toute façon minimale, compte tenu de la maturité de la société et de l’expérience des fondateurs. Son action se résume essentiellement à ses obligations en tant que membre du conseil d’administration…”