Le cluster Software.brussels initie des groupes de travail

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Par · 10/09/2014

En juin dernier, pour la première fois, le conseil d’administration du cluster Software in Brussels se choisissait un président, en la personne de Lionel Anciaux, patron d’Emixis (voir son portrait dans l’encadré ci-dessous). Un mandat d’un an, renouvelable.

Fraîchement élu, l’une des premières idées qu’il a proposées – et qui a été approuvée – a été de constituer au sein de ce board des groupes de travail appelés à se pencher sur une série de sujets thématiques jugés prioritaires, voire essentiels, pour le bon fonctionnement et l’évolution des sociétés membres de ce cluster dédié au logiciel.

Au quotidien, Lionel Anciaux (46 ans) est, aux côtés de Didier Gelin, le “co-CEO” de la société Emixis, éditeur et intégrateur de solutions de gestion de la mobilité (traçage et géolocalisation de personnes, matériels et “objets”). La société est le résultat d’une fusion entre Mobile Token et BF Engineering (raison pour laquelle on retrouve à sa tête ce duo de CEO, composé des deux anciens patrons).

Détenteur d’un diplôme d’ingénieur civil, décroché à l’ULB, et fort d’une formation en gestion à la Solvay Business School, Lionel Anciaux a fait ses débuts au CRIF en tant qu’ingénieur R&D, avec comme spécialité la robotique mobile. Le mobile, déjà!

Après un petit passage chez HP, dans la branche Conseils e-business, il vole assez rapidement (dès 2001) de ses propres ailes en créant la société Mobile Token, spécialisée dans les solutions de géolocalisation destinées notamment à l’industrie, aux secteurs de la logistique et de la construction.

Lionel Anciaux porte également une autre casquette de CEO. Il est en effet le patron d’API Services qui, en dépit de son nom, n’a rien à voir avec l’IT. API Services est en effet active dans l’importation et la distribution de… produits bulgares de grande consommation (cosmétique, biens de consommation courante…).

Au préalable, ces membres avaient été sondés afin de déterminer quels sont leurs principaux besoins, les sujets qui sont sources de difficultés dans la vie de leur entreprise. Trois grands thèmes ont émergé: “le recrutement et, en filigrane, le problème des compétences et des formations; le financement; et la vente, en particulier à l’international”, énumère Lionel Anciaux.

Le cluster avait déjà axé ses activités (ateliers, séminaires, séances de formation) vers des sujets proches de ces préoccupations, “dont beaucoup ont trait aux soft skills que doit maîtriser l’entrepreneur”. A l’avenir, pour les rendre plus concrètes et efficaces, il a donc été décidé de réétudier de manière approfondie ces sources d’inquiétudes et de difficultés. “Des propositions devront en émerger, qui seront l’écho de la réalité de nos membres et qui seront transmises au politique.”

Objectif dès lors: mieux identifier les besoins pour développer un argumentaire plus clair, cohérent – et documenté – non seulement vis-à-vis des responsables publics mais aussi de toute une série d’interlocuteurs, financiers ou académiques par exemple. “Le problème n’est pas d’avoir plus de moyens financiers mais plutôt que nos besoins réels soient pris en compte.”

Via cette démarche plus structurée, l’espoir est également de prouver aux autorités bruxelloises que le cluster est dynamique, “qu’il y a une réelle volonté de développement à Bruxelles.”

Trois groupes de travail

Le premier groupe de travail se penchera sur les relations entre les entreprises et le monde académique. “Même si les universités ont créé des bureaux de liaison entreprises-université, on constate une carence dans les relations. Les mécanismes existants ne suffisent pas ou ne fonctionnent pas. Notamment parce que les PME n’ont pas le réflexe d’aller voir ce que les universités ont potentiellement à proposer. Ou cela reste une approche ponctuelle, opportuniste, quand on connaît quelqu’un… Par ailleurs, il faut également susciter davantage l’offre, encourager les universités à penser davantage à appliquer la recherche, les technologies. Il n’y a pas, dans l’état actuel des choses, de cercle virtueux.”

Lionel Anciaux: “Il n’y a pas, dans l’état actuel des choses, de cercle virtueux entre l’université et l’entreprise.”

Deuxième thème: l’exportation. “Il faut travailler sur la manière de mieux utiliser les moyens – tant humains que financiers – qui sont disponibles. essayer par exemple de dégager les bonnes pratiques de certains exportateurs. Ou, pourquoi pas?, voir s’il serait possible pour les entreprises de mutualiser des contacts à l’étranger…”

On constate en effet – et Lionel Anciaux n’est pas le seul à faire ce constat – que les représentants belges [ou régionaux] basés à l’étranger ne sont pas toujours idéalement qualifiés pour répondre aux attentes des sociétés IT qui veulent explorer les marchés à l’exportation. Une carence d’ailleurs assez logique puisque ces attachés commerciaux sont obligatoirement “multi-secteur”. L’ICT n’est donc pas forcément leur tasse de thé. A moins que leur lieu de délégation ne soit baigné par la culture IT – comme c’est le cas, par exemple, dans des régions telles la Silicon Valley.

Face à cette difficulté pour les exportateurs de trouver une expertise qui puisse les aider, la mise en commun de ressources expat’ est une piste qui sera donc explorée.

Le troisième groupe de travail planchera sur les problèmes des compétences et formations. “Nous préparerons des propositions en matière de contenus de formations et de formules à mettre en oeuvre, notamment en matière de stage en entreprise. Stages qui sont actuellement trop rares et trop courts.” Lui-même chef d’entreprise, Lionel Anciaux constate que “tous les CV des candidats se ressemblent”, presque mot pour mot. “Tous annoncent des compétences en .Net, XML etc. Le seul différenciateur, pour qu’un recruteur puisse faire son choix, ce sont les projets réalisés par les étudiants. Voilà pourquoi nous plaidons pour des stages qui soient les plus longs possibles. En 6 semaines ou 3 mois, impossible de faire quoi que ce soit. Ni l’étudiant, ni l’entreprise n’en retire quoi que ce soit…”

Un quatrième groupe de travail pourrait être créé, à terme, qui se concentrerait plus spécifiquement sur les contenus des formations. “Il serait en effet intéressant de réellement définir les besoins des entreprises, d’identifier quelques tendances afin de pouvoir influer sur les contenus. Nous pourrions ainsi préciser aux écoles quels sont les forces et les besoins. Par exemple, si elles auraient intérêt à investir dans des formations m-commerce…”

Le problème des formations qualifiantes est que chacun fait un peu son shopping. Sans cohérence. Avec, pour résultat, des compétences décousues qui ne répondent pas aux besoins.

Le travail de réflexion devrait également permettre de définir un cadre ou un parcours idéal de formation pour répondre aux divers types de demande. “A l’heure actuelle, le problème des formations qualifiantes est que chacun fait un peu son shopping parmi les formations disponibles. La démarche n’est en rien structurée. Les gens font ce qu’ils veulent, piochent au gré de leurs envies ou préférences. Pour répondre aux besoins réels [en compétences] des entreprises, il serait nécessaire d’organiser des chaînes de modules cohérentes.”

Elargir le débat

Un appel a été lancé aux membres du conseil d’administration (une bonne vingtaine de personnes) afin qu’elles choisissent le thème sur lequel elles voudraient travailler. Chaque groupe réunira, aux côtés de personnes venues des entreprises, des représentants d’Impulse, d’Innoviris et, pour certains, des universités.

“Si nous n’avons pas suffisamment de volontaires, nous élargirons l’appel aux membres du cluster. Ce qui serait aussi l’occasion de les faire s’impliquer davantage, de participer aux prises de décision. Ma vision des choses est un cluster interactif. Mon désir est que les membres le perçoivent réellement comme leur cluster et non pas uniquement comme une émanation de responsables publics [Ndlr: pour rappel, le cluster Software in Brussels, comme ses homologues scrren.brussels ou lifetech.brussels, relève, est co-animé et financé par le département Innovation d’Impulse, anciennement Agence Bruxelloise pour l’Entreprise].

Une fois constitués, les groupes de travail se réuniront régulièrement (au moins deux fois d’ici la fin de l’année). Les résultats des réflexions du groupe de travail “Academics” devraient être présentés en janvier prochain.

Un board ouvert

A la différence de son président, le “board” de Software in Brussels n’est pas élu (du moins, pas jusqu’à présent). Il s’est constitué au fil du temps et des bonnes volontés. Ce qui implique aussi qu’il n’y ait pas forcément, jusqu’ici, continuité et permanence dans sa composition. Il est constitué de membres venant du monde des entreprises (membres du cluster), des milieux académiques et d’un représentant d’Innoviris. L’espoir de Lionel Anciaux est de l’ouvrir à d’autres acteurs du financement, notamment à la SRIB. Et, comme on l’a vu, d’inciter les membres à s’y impliquer davantage.