Google: strip teasing au Centre de la BD

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Par · 09/09/2014

Une drôle de machine a fait irruption au Centre belge de la Bande Dessinée à Bruxelles. Pour son 25ème anniversaire, le musée s’est en effet fait tirer le portrait par… Google. Sous toutes les coutures puisque le drôle d’engin – sorte de chariot mobile équipé d’une caméra 360° – filme l’intérieur du bâtiment, les oeuvres exposées afin de permettre aux internautes de s’offrir une petite visite virtuelle, bien calés devant leur écran.

L’exercice de préparation à ce vidéo strip tease – avec un gros accent sur le “tease” – devrait être ficelé d’ici la fin septembre, avec ouverture virtuelle des visites pour le week-end des 4 et 5 octobre qui célébrera le 25ème anniversaire du Centre.

Google dit espérer que cette réalisation au Centre de la BD inspirera d’autres musées belges et les incitera à laisser Street View les exposer à de nouvelles curiosités.

Street View – off street

Ce n’est évidemment pas la première fois que Google prend pied dans le monde culturel (au sens large du terme). Depuis que la société avait entamé un programme visant à vidéocartographier les intérieurs (voir encadré), on savait qu’elle se réservait aussi le champ des musées et autres lieux culturels.

“Un institut culturel pour promouvoir et préserver la culture en-ligne”. Source: Google France.

Il y avait déjà eu ses initiatives de numérisations (livres…). Il y a aussi le Google Cultural Institute, sorte de “musée virtuel” qui a pour objectif de “préserver et de promouvoir la culture en ligne”, de “retracer les faits culturels marquants” de l’histoire humaine. Chez nous, le Mundaneum de Mons ou le Musée Royal des Beaux-Arts de Bruxelles a adhéré à ce programme. Voir via ce site une petite galerie de témoins du patrimoine socio-culturel belge ainsi virtuagoolisés 

N’oublions pas non plus Google Open Gallery, un ensemble d’outils destinés aux “artistes, archivistes, musées, galeries” leur permettant de créer des expositions en-ligne. Le Centre belge de la Bande Dessinée avait déjà utilisé cette solution pour s’afficher en ligne. Voir le site. Autre exemple belge: le Studiebureau der Kunsten de Tongres, qui se donne pour objectif d’inventorier l’héritage culturel de la Flandre.

Autre outil de visite virtuelle “made in Google”: les “Special Collects”. Une visite virtuelle de “lieux d’exception” à travers la planète. Réalisé sur base des galeries de photos qui existaient sur le site de partage de photos Panoramio (racheté par Google) et leur inclusion dans Google Street View, le géant californien vous permet, pour la Belgique, de (re)découvrir la Grand-Place de Bruxelles, les serres royales de Laeken, le château de Lavaux Sainte-Anne. Ou encore… les bureaux du Premier ministre, rue de la Loi.

Où s’arrêtera Google? 

La technologie de visualisation à 360° Street View a investi les intérieurs de bâtiments via le “service” Google Business Photos – rebaptisé tour d’abord “Google visite virtuelle pour les Pros” dans les pays francophones et ensuite “Google Maps Business View”. Si la technologie et la “marque” sont bel et bien Google, cette solution de visite virtuelle a été sous-traitée par le géant californien à des photographes indépendants (mais préalablement certifiés par elle) qui peuvent donc proposer aux propriétaires intéressés de faire photographier en 360° l’intérieur de leurs locaux, qu’il s’agisse de lieux commerciaux (sociétés, commerces, établissements en tous genres…) ou de lieux liés à l’association(centres sportifs, récréatifs…).

Relire l’article que nous avions consacré à ce service et à l’un des photographes belges qui en a fait son activité

Les incursions “inside” de Google Street View, elles non plus, ne sont pas nouvelles. Depuis que la société avait entamé un programme visant à vidéocartographier les intérieurs (voir encadré), on savait qu’elle se réservait aussi le champ des musées et autres lieux culturels.

Où s’arrêtera Google? Au seuil de nos domiciles privés? Avec ou sans notre permission?

Cette remarque peut vous sembler étonnante. Vous n’imaginez pas une intrusion, sans feu vert et autorisation en bonne et due forme, dans le foyer de chacun? N’oubliez pas l’Internet des Objets, un domaine aux implications non encore définies où Google a déjà bien planté ses crocs. Pensez aux Google Glasses mais aussi aux thermostats et autres capteurs/détecteurs Nest, dont on vient d’apprendre qu’ils seront bientôt commercialisés chez nous (via des acteurs locaux tels Essent ou Lampiris). Et Nest, c’est Google…

Lieux privés ou publics, rien n’échappera donc, si on n’y met soi-même quelques barrières, à la captation de moments de vie (ou d’histoire) par Google. En tout cas, la société déclare clairement vouloir “collecter des images de lieux qui suscitent l’intérêt de nos utilisateurs. Par exemple, nous sommes intéressés par les zoos, parcs, universités, parcs d’attraction, marchés de plein air, monuments et destinations touristiques, etc. Nous sommes toujours à l’affût de nouvelles idées…”