Noms de domaine: la chasse locale est ouverte

Article
Par · 28/08/2014

A partir du 1er septembre et jusqu’à la fin du mois, les organismes détenteurs d’une marque commerciale enregistrée auprès de la Trademark Clearinghouse (TMCH) pourront enregistrer un nom de domaine sous l’extension .vlaanderen ou .brussels.

Par la suite (entre le 2 octobre et 12 novembre), l’enregistrement sera ouvert aux administrations publiques, aux entreprises privées et aux organisations. Les particuliers devront attendre leur tour jusqu’au 13 novembre. Enfin, à partir du 16 décembre, les enregistrements seront à nouveau ouverts à tous, toutes catégories confondues.

A consulter: le site de DNS Belgium, l’asbl qui gère les noms de domaine belges, pour plus de détails sur ces phases successives, les modalités d’attribution des noms de domaine (par exemple des enchères en cas de candidats multiples pour une même désignation) et les tarifs appliqués aux différentes catégories.

Et la Wallonie?

On le sait, la Wallonie a décidé, en 2012, de ne pas revendiquer sa propre extension. Notamment pour des raisons budgétaires (le coût associé à l’achat d’une telle extension peut frôler voire dépasser le demi-million d’euros) et d’image (la Wallonie estimant que le label Belgique était plus porteur).

Rien ne dit, évidemment, que la décision soit irrévocable. Les futures prises de position concernant l’image et la “visibilité” de la Wallonie (pour ne pas aller jusqu’au concept d’“identité”) pourraient – qui sait? – amener les décideurs politiques à revoir leur décision.

En 2012, en tout cas, suite à une question d’un député, Rudy Demotte avait déclaré qu’il était préférable pour les responsables wallons “d’investir dans un contenu de qualité [via le site wallonie.be] et dans la valeur ajoutée des services aux usagers”. Il disait aussi redouter que l’exploitation commerciale qui serait inévitablement faite d’une telle extension pourrait déboucher sur “des utilisations susceptibles d’être déplaisantes et déplacées.”

Il sera intéressant de vérifier, néanmoins, quel accueil réel recevront les extensions .vlaanderen et .brussels. En septembre de l’année dernière, l’association BeCommerce avait effectué un petit sondage en Flandre, à la fois auprès des villes et communes et des entreprises classées dans le Top 1000 de Trends Tendances. A l’époque, 62% des 258 villes et communes ayant répondu à l’enquête disaient vouloir réserver leur nom affublé de cette extension.

Par contre, 73% des 291 sociétés ayant envoyé leur réponse disaient ne pas être convaincues de l’utilité d’une extension pourtant sensée promouvoir l’image de la Flandre. Voici ce que déclarait alors Patrician Ceysens, présidente de BeCommerce (et ex-ministre flamande de l’Economie en 2003-2004 et entre 2007 et 2009): “Le principal problème est de nature pratique. De nombreux chefs d’entreprise trouvent que .vlaanderen est trop long et trop peu international. Ils ne voient aucune valeur ajoutée dans ce domaine de haut niveau et achèteraient plutôt un .vlaanderen pour des raisons défensives. Par conséquent, le gouvernement flamand crée en réalité une nouvelle sorte de taxe professionnelle annuelle.

Patrician Ceysens (BeCommerce): Lancer un .vlaanderen sans projet ou sans vision claire n’est qu’un coup d’épée dans l’eau.”

Ce qui l’amenait à la recommandation suivante, adressée au gouvernement flamand de l’époque: “je lui conseille de lancer .vlaanderen sur le marché en premier lieu comme un domaine de haut niveau administratif et civil et de ne pas ouvrir le TLD aux entreprises afin de leur épargner le désagrément [financier].”

Elle allait plus loin, estimant que la décision de lancer un .vlaanderen était une manoeuvre politique de la part de Kris Peeters, dans son positionnement vis-à-vis de la N-VA. Une interprétation des choses qui était éventuellement influencée par sa propre couleur politique – Open VLD.

Toujours est-il qu’elle déclarait qu’il serait utile de “lancer un débat fondamental sur la manière dont nous évoluons vers une économie numérique en tant que société et sur la manière dont nous pouvons apporter une valeur ajoutée claire avec .vlaanderen. Ce qui n’a jamais été fait jusqu’à présent. Lancer un .vlaanderen sans projet ou sans vision claire n’est qu’un coup d’épée dans l’eau.”