Législature 2014-2019: jusqu’où la Wallonie misera-t-elle sur l’ICT? (2ème partie)

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Par · 13/08/2014

Après le rôle que le nouveau gouvernement dit vouloir prêter à l’ICT dans le monde des entreprises (relire notre article), nous nous arrêtons dans cette seconde partie de notre article consacré aux Déclarations de Politique Régionale (wallonne) et communautaire (Fédération) sur les intentions en matière d’enseignement, de services publics et administratifs, de vote électronique (remisé aux oubliettes) ou encore de mutualisation des investissements informatiques au niveau des pouvoirs locaux.

Formation et enseignement

L’ICT figure tout naturellement aussi dans divers chapitres de la Déclaration de Politique Communautaire (DPC) de la Fédération Wallonie-Bruxelles. On y retrouve ainsi diverses intentions liées aux nouvelles technologies de l’information aux chapitres enseignement et médias.

Concernant l’équipement informatique des écoles, la DPC signale que “le gouvernement [de la Fédération] soutiendra, en concertation avec les Régions, la transition numérique de l’école. Il s’agira de situer l’outil numérique au coeur des pratiques pédagogiques innovantes et de dispositifs didactiques adaptés.”

Wallonie, Fédération: même combat?

Le texte de la DPR wallonne fait état d’une volonté d’intensifier “radicalement” les collaborations entre la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles, parce que – notamment – “les compétences communautaires de l’enseignement, de la recherche, [de la culture] et des médias sont essentielles en termes d’innovation et de créativité”. Belle définition de ce que l’on attend de Jean-Claude Marcourt, qui combine ces compétences avec celles de son portefeuille Economie, Numérique et Commerce extérieur.

Parmi les mesures envisagées:

– le développement d’un référentiel de compétences à acquérir au fil de la formation obligatoire, dans le domaine des nouvelles technologies (ICT), en interaction constante avec l’acquisition des compétences de base et les autres disciplines plus spécifiques

– l’inclusion d’une formation “polytechnique” – “cours scientifiques, de techniques, de technologie et d’ICT pour tous les élèves” – dans le tronc commun des matières enseignées (tout au long du primaire et des trois premières années du secondaire)

– la poursuite de l’équipement des écoles

– l’amélioration de la connectivité des écoles (tableaux interactifs, tablettes…)

– la généralisation du Wi-Fi dans les écoles

– la formation et la mise à jour des connaissances des enseignants

– le développement d’outils numériques adaptés aux besoins de gestion des directions

– la promotion de l’utilisation de logiciels libres

– un soutien à la mise en oeuvre de plates-formes d’échange en-ligne pour les cours, les tests et les ouvrages de références

– idem, de manière spécifique, en promotion sociale où il est question de “moderniser l’enseignement à distance” et de créer “une plate-forme informatique pour la mise en ligne des cours, plate-forme commune à tous les établissements de l’enseignement de promotion sociale”

– un support à une “réflexion sur les enjeux relatifs à l’usage des TIC et des nouveaux médias”

en outre, le gouvernement “fera en sorte que soit développée la capacité critique des élèves, avec l’élaboration d’outils de sensibilisation à l’usage des nouveaux médias.”

– dans le même ordre d’idées, face aux changements qu’induit le numérique pour le contenu et l’indépendance de l’information, la Fédération Wallonie-Bruxelles envisage la possible mise en ligne d’un portail vidéo à destination des enseignants et des étudiants associant la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Rtbf et la Sonuma. “Les évolutions technologiques représentent une formidable opportunité d’accès à l’information. Cet accès large et ouvert suppose néanmoins que l’ensemble du public puisse se saisir de cette information”, peut-on lire dans la DPC. “Il est donc essentiel de former des citoyens capables d’appréhender le contenu journalistique avec tout le recul nécessaire.” Il est donc jugé nécessaire d’“adapter les programmes scolaires aux mutations numériques et médiatiques ; de renforcer la formation des enseignants en recourant à des professionnels de l’information et de la communication ; et d’accroitre le recours aux formats numériques de presse dans le cadre des opérations de lecture de la presse dans les écoles.”

Recherche

Au rayon recherche, la nouvelle législature devrait en principe voir se déployer divers efforts de rationalisation. La DPR fait par exemple mention d’une volonté d’“optimaliser la structuration des centres de recherche agréés [Ndlr: aux rangs desquels figurent le CETIC] en les recentrant sur la valorisation économique et industrielle des résultats de recherche” et de “favoriser les synergies entre universités, hautes écoles, entreprises et centres de recherche agréés.”

Administrations: simplifier, informatiser

En matière de simplification administrative, la DPR wallonne ne signale pas de gros chantier nouveau majeur mais confirme les orientations prises jusqu’ici: accentuation des échanges d’informations par voie électronique entre administrations et entreprises, réalisation d’une banque de données unique de sources authentiques, amélioration de la traçabilité du suivi des dossiers au sein de l’administration, amélioration de la lisibilité des sites Internet des administrations, des réglementations, des procédures et des décisions administratives “avec une attention particulière accordée aux couches de la population les plus fragilisées et aux personnes qui ne disposent pas d’un accès aux nouvelles technologies”.

Sans clic, tu voteras…

Petit détour par la case élections pour découvrir que la DPR wallonne entérine la volonté de supprimer le vote électronique. Et l’épisode récent de dépouillements et recomptages peu glorieux a laissé des traces. La DPR parle d’une “modification des dispositions permettant d’améliorer le processus de validation des élections régionales.”

Si le “progrès” du vote électronique est sacrifié, la nouvelle législature veut par contre encourager la modernité dans un autre registre: en “encourageant les communes à mettre en oeuvre les outils de démocratie participative dont elles disposent.”

 

Il est fait mention (sans détails ni modalités) d’une “attention particulière [qui sera] accordée à la simplification administrative en faveur des indépendants et des entreprises”. Pour le reste, la majorité gouvernementale dit vouloir généraliser le principe de confiance (les données transmises étant, en principe, largement pré-validées et authentifiées). Mais aussi – et c’est nouveau – “mener une politique active de mise à disposition des données publiques en faveur des entreprises et des citoyens, afin d’en favoriser la circulation”. Autrement dit, l’open data se retrouve en toutes lettres comme l’un des axes d’action du nouveau gouvernement.

Concernant l’informatique administrative, une phrase, une seule: “les Gouvernements [Région et Fédération] continueront de veiller à prioriser des thématiques communes à un niveau intra-francophone et à améliorer le modèle de gouvernance afin de mieux cibles les besoins, d’augmenter l’efficience (par exemple la numérisation) et de réduire les délais de réalisation des projets”. A cet effet, “le rôle et les missions de l’ETNIC seront redéfinis.”

Il est aussi question de “renforcer les synergies” entre les SPW et les services publics de la Fédération, “notamment en matière d’informatique et de marchés publics de fournitures et services”.

En matière d’informatique publique, la Région se doter par ailleurs d’un “simulateur”, un “outil informatique souple permettant de faire le suivi en continu des impacts qu’auront les décisions du Gouvernement et d’autres facteurs externes (telle l’évolution de l’environnement macro-économique) sur le budget et sur les projections budgétaires pluriannuelles.” Ce simulateur servira en outre d’outil d’aide à la décision pour le Gouvernement.

Et… Walcomfin, solution de gestion d’une comptabilité publique en partie double, devant remplacer le GCOM, repointe par ailleurs le bout de son nez. Dossier qui commence tout doucement à faire figure de monstre du Loch Ness mais il faudra bien atterrir un jour ou l’autre, en tout cas “après finalisation de la réforme du cadre comptable et budgétaire”. L’un des chantiers confiés aux équipes IT sera donc de développer “un outil informatique, commun à la Wallonie et à la Fédération Wallonie-Bruxelles.”

Les pouvoirs locaux ne sont pas totalement oubliés. Il est question de “développer leur informatisation en les soutenant dans le développement de formulaires-types simplifiés, harmonisés et dématérialisables, et en favorisant l’utilisation de la signature électronique pour les citoyens et les entreprises.”

Alors qu’il n’était que facultatif, sous la précédente législature, le dépôt d’un plan stratégique transversal semble désormais devoir devenir obligatoire, et ce, “dans les six mois suivant l’installation d’un conseil communal ou provincial. Il portera notamment sur les priorités politiques, la planification des ressources financières, la politique d’investissements… Un modèle-type, assorti de bonnes pratiques, sera mis à disposition des pouvoirs locaux pour les aider dans cette tâche.”

Les pouvoirs locaux sont en outre “encouragés” à regrouper leurs services de support (notamment l’informatique) avec ceux de leurs entités paradoxales (notamment les CPAS) et à s’orienter vers la supra-communalité pour regrouper certains investissements ou services. Dans le même ordre d’idée,  le gouvernement confirme vouloir “soutenir les processus de mutualisation informatique et encourager l’interopérabilité des systèmes informatiques.”

A SUIVRE demain, les intentions ICT/numériques qui figurent dans l’accord de majorité du nouveau gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale.