La numérisation se cherche encore un “business model”

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Par · 07/07/2014

Les projets de numérisation – même si les plus ambitieux (notamment au niveau fédéral) n’ont pas abouti – ont permis de constituer des bases documentaires se prêtant à nombre de scénarios. Ainsi, du côté de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le plan PEP’s (Plan de Préservation et d’Exploitation des Patrimoines), initié dès 2007, vise la “numérisation des fonds et collections culturels et patrimoniaux conservés dans les musées, les centres d’archives, les bibliothèques, les institutions audiovisuelles…”.

Parmi les objectifs: “assurer un accès interopérable pour les services et institutions de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le grand public, les réseaux d’enseignement et les chercheurs.”

Aujourd’hui, le PEP’s concerne 30 institutions. Quelque 600.000 “objets” ont été numérisés et assortis de métadonnées qui autorisent leur consultation et leur exploitation. Ces “objets” sont des plus variés: manuscrits anciens, tableaux, gravures, plans d’architecte, photos d’armes anciennes, de statuettes, de masques… On n’en est certes pas encore à la numérisation 3D même si des projets se profilent à l’horizon…

Du moins si l’on parvient à trouver les moyens nécessaires. Les embûches rencontrées par les divers projets de numérisation, par manque de budget, ne sont pas de la meilleure augure qui soit. Et les numérisations réalisées à ce jour l’ont parfois été avec des technologies aujourd’hui dépassées qui n’autorisent pas une exploitation “moderne” des objets dématérialisés.

Les collections sous toutes leurs coutures

Le PEP’s sert aussi de maillon-relais vers le projet européen Europeana et d’autres réseaux de patrimoines numérisés européens.

Point d’accès à ces objets patrimoniaux numérisés: le portail Numériques.be. Le simple fait de numériser des oeuvres permet de créer de nouvelles “dimensions” de découverte. Par exemple par couplage visuel/audio, par croisement de collections, association d’oeuvres permettant par exemple de visualiser l’influence d’un artiste sur un autre ou l’impact d’un contexte historique…

Autre projet: le portail Marco (Musées, ARts, COllections) “croise” par exemple les oeuvres de Félicien Rops avec les collections du Musée Royal de Mariemont. Une recherche multi-critère permet de mêler arts plastiques, archéologie régionale, histoire des armes anciennes, événements artistiques auxquels a participé un artiste….

Le portail devrait s’enrichir progressivement de nouveaux contenus.

Ce ne sont là, bien évidemment, que de tout premiers pas vers des scénarios plus riches et plus inventifs qu’autorisent notamment les technologies numériques. Et c’est là qu’il reste, chez nous, pas mal de chemin à parcourir.

Multiples portails

Pourquoi multiplier les sites Internet, les portails permettant d’accéder à des collections diverses, en donnant l’impression parfois de réinventer la roue? La question a été posée lors de la conférence Business to Museum & Tourism, qui se tenait à Namur, en mars dernier, à l’initiative de l’asbl Musées et Société en Wallonie (MSW).

Réponse: “Chaque musée, chaque institution, chaque portail garde ses accents et ses spécificités mais voit ainsi se créer des liens vers les autres. Tous deviennent interopérables. Par ailleurs, on multiplie ainsi les angles d’attaque [des patrimoines] pour les nouvelles générations, en ce compris via la dimension des visites virtuelles.”

“Chaque musée, chaque institution, chaque portail garde ses accents et ses spécificités mais voit ainsi se créer des liens vers les autres.

S’y ajoute aussi une volonté de permettre à toutes les institutions d’obtenir un minimum de visibilité, via la numérisation de certaines des oeuvres qu’elles gèrent. Ne serait-ce que quelques objets de leurs collections. “Les moyens diffèrent selon les institutions. Un projet tel que PEP’s permet un accès aux oeuvres à qualité égale et permet de valoriser toutes les collections. Sans oublier que le but est de proposer une vitrine vers un plus large public.”

A condition, comme le souligne ISabelle Rawart de l’AWT, que ce public utilise ces “points d’entrée” vers les oeuvres. Ce qui ne semble pas encore être suffisamment le cas…