Responsables politiques et cyber-sécurité: ne plus tenter le diable

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Par · 22/05/2014

Le 12 mai, Agoria avait notamment réuni des représentants des mondes politique et académique afin d’aborder le sujet de la cybercriminalité. Un sujet très chaud à la lumière des failles et faiblesses de divers acteurs belges (essentiellement publics) qui ont été révélées au fil de ces derniers mois. Sujet chaud mais aussi peu souligné dans les programmes politiques.

Aucun représentant politique n’a minimisé – comment l’auraient-ils pu? – l’importance d’une prise de conscience et d’une action plus appuyées face à la cybercriminalité.

Mais quelles mesures prendre? Par qui? Et comment? Lire à ce sujet la Tribune que nous publions hier. 

Le compte-rendu du débat qu’en a fait Agoria nous permettent de vous présenter ici quelques morceaux choisis.

Centraliser les compétences

Pour Bruno Tuybens (sp.a), les autorités belges se doivent de prendre résolument les choses en mains (voire même de donner l’exemple aux entreprises au lieu d’apparaître plutôt comme les mauvais élèves de la classe). Il faut, selon lui, exploiter toutes les compétences et expertises dont dispose la Belgique et “centraliser les différents services impliqués”. Le cdH, par la bouche de Georges Dallemagne, abonde dans le même sens, pointant comme problème majeur “l’émiettement des compétences”.

Bruno Tuybens, sp.a: “L’autorité a l’obligation d’assurer la sécurité, la cybersécurité est donc une mission majeure des autorités qui sont censées ‘montrer l’exemple’ aux entreprises.”

Echo similaire du côté de Roel Deseyn (CD&V): “Il faut lister les moyens existants, les agences concernées, les infrastructures critiques et avoir un point de contact unique. Si un seul responsable au niveau des autorités pouvait gérer les nombreux aspects de cette question, ce serai t déjà un grand pas en avant.”

Pour l’Open VLD, représenté par Patricia Ceysens (qui fut notamment ministre dans de précédents gouvernements flamands, occupant les portefeuilles de l’Economie et ensuite de l’Économie, de l’Entreprise et de l’Innovation), la réponse ne viendra pas de la création d’un organisme unique mais se situerait davantage du côté d’une coalition des forces, via des partenariats public-privé. Notamment pour inciter les talents à demeurer chez nous, au lieu de s’en aller chercher emplois et possibilités de faire preuve de leurs compétences dans d’autres pays.

Coupable passivité

Patricia Ceysens: “il n’y a pas encore en Belgique de volonté intrinsèque d’agir: nous attendons toujours qu’un élément extérieur ou un incident nous pousse dans le dos.”

Le pays aurait besoin d’une figure emblématique qui soit capable de coordonner et de porter une politique de cybersécurité.

Les attaques récentes seront-elles ce déclencheur ou attendra-t-on que d’autres intérêts, plus visibles en termes économiques par exemple, soient touchés. Pour Georges Dallemagne (cdH), il ne fait aucun doute que la facture risque d’être lourde. Au-delà de l’image, écornée, de la Belgique, les pertes d’emploi que provoque la cybercriminalité – en rendant des sites inaccessibles, en volant des données confidentielles, en décourageant contrats et clients… – “se comptent sans doute par milliers chaque année”. “Il faut dès lors augmenter la perception de la gravité de l’enjeu et mettre au point une stratégie industrielle qui ne dépende plus des technologies étrangères.”

Le parti Ecolo embraye sur ce point, estimant que la piste des logiciels libres aurait l’avantage d’émanciper les entreprises de l’usage de “logiciels liés de près ou de loin à la NSA. “Cela rendrait par ailleurs le marché de la cybersécurité plus accessible aux PME”, estimait Benoît Hellings.