Pénurie de “digital experts”: oser importer des compétences…

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Par · 23/04/2014

L’une des demandes prioritaires mentionnées dans le Mémorandum d’Agoria concerne la mise en oeuvre d’“un plan ambitieux pour attirer des digital experts” [Ndlr: nouvelle appellation imaginée par Agoria pour désigner le terme- tout aussi générique et fourre-tout – d’informaticien(ne)].

Le constat est quasi antédiluvien (si on fait remonter le déluge à l’explosion de la bulle Internet, voire même avant): le marché belge, et wallon, en particulier manque de bras et de cerveaux numérico-informatiques.

Le déficit est “structurel”: 11.700 postes vacants, selon les estimations d’Agoria en 2012. 3.000 à 4.000 de ces postes vacants se situent à Bruxelles et en Wallonie. En cause: un manque d’intérêt des jeunes – et, plus particulièrement encore, des filles – pour les études en sciences informatiques qu’on ne parvient pas à résoudre.

Les actions entreprises à ce jour – “100 informaticiens pour 100 écoles”, “DigitaLife”, campagne “Digital Expert” – ne semblent pas avoir provoqué le moindre électrochoc.

Agoria en appelle dès lors, d’une part, à une réactualisation des études faites à ce jour afin d’identifier les raisons [de ce désamour] et, d’autre part, à “la mise en place d’un plan ambitieux de sensibilisation des professions TIC” et à la création d’“une initiative forte à l’instar de ce qui a été réalisé aux Pays-Bas dans le cadre de la Platform Bèta Techniek”. Il faut, selon la fédération, passer à la vitesse et à la dimension supérieures, dépasser le stade des initiatives qui ressemblent davantage à des “projets-pilote”.

A défaut de les trouver ici…

Baudouin Corlùy (Agoria ICT): “Spécialisons-nous plutôt que de vouloir faire quelque chose qui existe déjà ailleurs à coût moindre.”

Hormis la formation de davantage de jeunes aux métiers de l’informatique [et du numérique], la réduction du déficit structurel en compétences passe, selon Agoria, par le recrutement de digital experts venus de l’étranger. Pour ce faire, la fédération demande “la généralisation, pour l’ensemble des professions ICT, d’un processus d’équivalence des diplômes (compétences).”

“Je ne veux absolument pas limiter les métiers des digital experts en Belgique à certains créneaux”, tient à préciser Baudouin Corlùy, directeur d’Agoria ICT, “mais dès l’instant où les entreprises constatent qu’elles ont intérêt, pour des fonctions spécifiques, à faire appel à des étrangers qui se sont spécialisés dans le domaine et qu’en Belgique qu’on peut se différencier grâce à des formations de business analyst qui manquent cruellement, spécialisons-nous plutôt que de vouloir faire quelque chose qui existe déjà ailleurs à coût moindre. Mais cela n’implique pas de tout sous-traiter.”

Quelles compétences garder, quelles carences combattre en priorité?

“Que ce soit dans les entreprises privées ou au sein des organismes publics, il faut en priorité garder des compétences locales pour tout ce qui est proche du métier et de l’entreprise. Des business analysts, des architectes…, qui peuvent faire le lien avec les besoins du business et les traduire en spécificités techniques pour ceux qui développement des solutions. Certains ‘nids’ de développeurs devront être préservés en Belgique.”