Cloud? Une opportunité qui en cache d’autres

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Par · 21/04/2014

“Les pouvoirs publics ont un rôle moteur à jouer pour le développement des technologies cloud, big data et mobiles, dans la mesure où ils peuvent être un exemple pour le marché, pour les PME, en termes d’utilisation des technologies. C’est déterminant pour leur compétitivité par rapport à l’étranger”, estime Baudouin Corlùy. Et par “cloud”, il entend au minimum le recours aux solutions SaaS, voire IaaS.

La promotion du cloud et des applications big data serait particulièrement nécessaire, aux yeux d’Agoria, dans des domaines tels que la santé, la sécurité publique, les “villes intelligentes”, la mobilité, les services au citoyen…

Que ce soit en matière de cloud ou de big data, Thierry Castagne, directeur d’Agoria Wallonie, est pour sa part d’avis qu’il s’agit de “faire émerger quelque chose au service des entreprises, notamment dans le cadre des pôles de compétitivité BioWin et Mecatech, dans un esprit d’intérêt collectif et non d’intérêt particulier des entreprises.”

Que ce soit au niveau régional ou fédéral, la fédération demande dès lors:

– “que autorités publiques fassent clairement figurer tant le développement de l’informatique en nuage (“cloud”) que la création des emplois qui y sont liés parmi leurs objectifs, soutiennent pleinement la stratégie européenne relative aux cloud, donnent elles-mêmes l’exemple”

– et “que le gouvernement encourage vivement le monde académique à intégrer ces nouvelles technologies dans les programmes d’études. Des talents d’un nouveau type sont nécessaires pour que les entreprises puissent en tirer parti … Or, beaucoup d’organisations ne disposent pas de ces talents et compétences en interne.”

Utilisateur mais aussi acteur?

Les autorités publiques doivent-elles aller jusqu’à encourager, favoriser des acteurs et opérateurs locaux, dans la mesure où le concept-même de cloud peut aisément conduire à une délocalisation des solutions et prestations?

“C’est une problématique qu’il convient d’aborder au niveau européen. Si l’on aborde le sujet du stockage de données, il y a un lien évident avec une autre priorité qu’Agoria met en avant et qui est celle de la sécurité informatique. On sous-investit en Belgique en matière de sécurité informatique, voire on nie une réalité comme si elle n’existait pas.

Les pouvoirs publics ont là aussi un rôle à jouer en termes d’exemple. Si une société telle Belgacom, en 2013, a eu tellement de difficultés à résoudre ses soucis en matière de sécurité informatique, que dire d’une PME?

Il faut clairement susciter ces investissements au travers peut-être d’incitants fiscaux. Il en va de l’économie générale. Si ses données sont volées ou bloquées, la vie d’une entreprise peut être mise à mal. Il faut une réelle prise de conscience à ce niveau.”

Baudouin Corlùy: “La première chose à faire est d’avoir une réflexion en profondeur sur la nécessité de localiser les données ou de les confier à qui que ce soit. Et cette réflexion n’a pas du tout eu lieu au niveau des pouvoirs publics…”

Quant à savoir si, pour en revenir au thème du cloud, les autorités publiques doivent investir eux-mêmes (en solo ou en partenariat) dans une infrastructure cloud, Agoria reste prudente: “Le grand souci est d’avoir suffisamment d’experts au sein des pouvoirs publics qui savent de quoi ils parlent”, estime plutôt Baudouin Corlùy. “On ne peut par contre pas s’attendre- ce serait même dommageable pour eux- à ce qu’ils aient leur propre infrastructure cloud, parce qu’elle évolue rapidement. Sans parler des applications… Il faut plutôt des partenariats entre pouvoirs publics et le privé.”

Autre question: rien n’empêche actuellement un acteur public de confier ses applications, voire ses données, à un opérateur étranger. Les données publiques devraient-elles, selon Agoria, être maintenues sur le sol belge? Réponse: “c’est de l’ordre du respect de la vie privée et de la sécurité informatique. La première chose à faire est d’avoir une réflexion en profondeur sur la nécessité de localiser les données ou de les confier à qui que ce soit. Et cette réflexion n’a pas du tout eu lieu au niveau des pouvoirs publics…”