OpenERP: crowdfunding B2B

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Par · 18/02/2014

A l’automne dernier, OpenERP, éditeur belge du logiciel ERP open source qui porte le même nom, s’est tournée vers la “foule” pour financer le développement d’un nouveau module destiné au monde de la distribution. En l’occurrence le “PosBox”, un kit Point de Vente (POS).

Généralement, un certain nombre de développements sont cofinancés avec de grandes entreprises, au travers de projet d’implémentation. Mais ce modèle, souligne l’éditeur belge, trouve rarement des partenaires financiers (de terrain) auprès de sociétés de moindre envergure. D’où l’idée de se tourner vers le canal du crowdfunding, avec toutefois comme particularité que la “foule”, pour la circonstance, avait une claire connotation B2B.

Par ailleurs, au-delà de la recherche d’argent, c’était aussi l’occasion pour elle de valider le besoin qu’avait réellement le marché de ce genre de solution.

“Nous avions d’ailleurs décidé, si on ne parvenait pas à réunir la somme minimale espérée [20.000 euros], de ne pas réaliser le développement”, souligne Frédéric Van Der Essen, développeur de son état et membre de l’équipe qui planchait sur ce nouveau module logiciel. C’est lui, à ce titre, qui fut chargé de mener à bien la campagne. “Passer par une plate-forme de crowdfunding était en effet pour nous le moyen de vérifier l’intérêt du projet. C’est là aussi tout l’intérêt d’une campagne de crowdfunding: c’est un peu une étude marketing pour laquelle on est payé…”

L’accueil qui serait réservé à la campagne serait d’autant plus révélateur pour OpenERP que la communication que la société a faite autour de la levée de fonds a principalement été orientée vers ses partenaires développeurs à travers la planète. “Nos partenaires sont également, dans une grande majorité, nos clients, les personnes qui nous suivent.”

S’ils mordaient à l’hameçon, c’était le signe que le logiciel les intéressait afin de pouvoir desservir leur propre clientèle.

Et la recette s’est avérée payante. OpenERP a rapidement foncé vers son objectif. A telle enseigne qu’elle a décidé, en plein parcours, de placer la barre encore plus haut et de demander 30.000 euros, au lieu des 20.000 de départ, en promettant, si elle réussissait son pari, de développer des fonctionnalités supplémentaires. “Le premier objectif que nous nous étions fixé était une sorte de minimum syndical: un système POS pour caisse enregistreuse. Au vu du succès qui se dessinait, nous y avons ajouté toute une série d’autres fonctionnalités, allongé la liste des matériels supportés…”

Une centaine de contributeurs

Au final, OpenERP a donc réuni 30.000 euros auprès de quelque 100 contributeurs. 80% d’entre eux furent des partenaires, en majorité étrangers (50% de non-Européens, et seulement deux Belges).

Le kit POS financé via crowdfunding…

En échange de leur apport de fonds, OpenERP leur a promis non seulement le logiciel mais aussi, pour les contributions les plus élevées, des avantages plus symboliques qui se sont avérées les plus convaincantes. Par exemple, en plus du produit, une mention de leur nom dans les futures communications et annonces publicitaires que l’éditeur ferait autour du produit.

“Nous nous sommes rendus compte que c’était les formules de don les plus élevées qui marchaient le mieux. Preuve que, pour du crowdfunding B2B, il ne faut pas viser trop bas. Si c’était à refaire, on serait donc peut-être un peu plus ambitieux et on offrirait davantage de ces avantages de haut niveau. Nous n’avions réservé que trois de ces boni avec mention du nom du partenaire dans nos communications. Or, nous avons eu 20 demandes. C’est une formule gagnant-gagnant, qui nous coûte presque rien et qui intéresse beaucoup les partenaires.”

Une première

C’était la première fois qu’OpenERP se tournait vers du crowdfunding pour financer un développement. Compte tenu du succès – rapide – de la campagne, il se pourrait que la société y ait encore recours à l’avenir. Sans pour autant en faire une habitude. “Le projet doit s’y prêter”, déclare Frédéric Van Der Essen. Autrement dit, “concerner un produit à grande visibilité, qui intéresse nos clients. Il ne faut pas qu’il s’agisse d’une simple amélioration d’un produit déjà existant. Le projet, par ailleurs, ne doit pas être de trop grande envergure. Il ne faut pas que son développement prenne un an. Contrairement à ce qui se passe pour des produits orientés grand public, pour lesquels les crowdfunders sont prêts à attendre un certain temps avant d’en bénéficier, les gens qui financent un produit B2B le veulent tout de suite. Ils sont moins patients et moins compréhensifs qu’en B2C…”

Dernier détail: pour sa campagne, OpenERP a opté pour IndieGoGo. C’était là, en fait, un second choix. Sa première idée avait été de se lancer sur KickStarter “mais la plate-forme est restrictive dans le type de projet qu’elle accepte. Un produit purement B2B n’est pas accepté…”

Comme OpenERP voulait faire campagne sur une plate-forme “la plus populaire”, elle s’est donc vers le numéro 2. “Nous voulions nous lancer sur une plate-forme qui soit hyper-connue, en qui les gens aient confiance, qui ne nous oblige pas à tout réexpliquer systématiquement. Peu de gens savent ce qu’est le crowdfunding mais tout le monde connaît le nom de KickStarter. La communication à laquelle une société doit procéder pour une campagne doit viser à faire découvrir le projet, pas la plate-forme.”

Pour ce qui est de la nationalité de la plate-forme, il n’y avait pas photo non plus aux yeux d’OpenERP. “La plupart de nos clients sont étrangers. Il y avait donc un clair avantage à choisir une plate-forme étrangère. C’était pour nous un clair avantage. Une plate-forme belge n’en aurait eu aucun…”