Europe: reconquérir l’électronique

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Par · 18/02/2014

Vendredi dernier, 14 février, le “Groupe des leaders de l’Electronique” (GLE), groupe de travail et de réflexion constitué en 2013 et réunissant les PDG de 11 sociétés électroniques européennes, a remis un rapport à la Commissaire européenne Neelie Kroes.

Objet: la compétitivité de l’Europe sur les marchés de la micro-électronique, de la nano-électronique et des semiconducteurs.

Leur message? “L’Europe est en mesure de conquérir jusqu’à 60 % des nouveaux marchés de l’électronique et de doubler la valeur économique du secteur de la production de composants de semiconducteurs en Europe au cours des 10 années à venir.”

Neelie Kroes: “nous allons faire de l’Europe un pôle incontournable pour la fabrication et l’achat de produits innovants dans le domaine de la microélectronique et de la nanoélectronique.”

Ces dernières années, l’Europe a clairement perdu du terrain dans ce domaine. Là où elle représentait plus de 15% de la production mondiale de semiconducteurs dans le courant des années ’90, sa part du marché est aujourd’hui redescendue en-dessous des 10%.

Les leaders actuels sont le Japon (22 %), la Corée du Sud (18%), Taïwan (17%) et les États‑Unis (13%).

Le GLE estime qu’il sera possible, à partir de 2016 ou 2017, d’accroître le potentiel de production de wafers (tranches de semiconducteurs) de 10% par an. Obligation pour les producteurs européens: se positionner utilement sur le terrain de la production de wafers de plus grandes dimensions, synonymes de réduction de coûts.

Le gâteau du “smart”

Présidé par Ben Verwaayen, ancien patron de BT et d’Alcatel, ce groupe a formulé un ensemble de recommandations en vue de (re)positionner l’Europe et d’en faire un leader dans toute une série de secteurs porteurs – notamment l’Internet des Objets.

Voici en résumé, les axes de positionnement recommandés:

  • pour doubler la production au cours de ces 10 prochaines années et s’installer en leader sur les marchés d’avenir, l’Europe peut s’appuyer sur les points forts qu’elle a pu préserver dans une série de marchés intégrés verticalement, notamment l’industrie automobile, l’énergie, les cartes à puce, l’automatisation industrielle et la sécurité. Elle est par ailleurs très en pointe en matière de capteurs, de microsystèmes (MEMS), de composants virtuels et de processeurs de faible puissance.
  • miser sur les secteurs à forte croissance, “en particulier l’Internet des Objets et les “produits intelligents» (maisons intelligentes, réseaux énergétiques intelligents, etc.)” afin de “s’emparer de 60 % de ces marchés naissants d’ici à 2020”
  • redynamiser les activités dans le registre des communications mobiles et sans-fil, de telle sorte que “l’Europe représente 20 % de la croissance prévue sur ces marchés”
  • promouvoir les développements “smart” en impliquant davantage les acteurs de terrain et les destinataires finaux. Pour ce faire, le GLE recommande d’initier un projet global “Smart Everything Everywhere” avec la mise en oeuvre de centres d’excellence et de sites de tests à grande échelle (concept proche des livings labs) afin de pouvoir tester “en conditions réelles des technologies émergentes dans l’ensemble de l’Europe.”

Le groupe GLE va maintenant se concentrer sur la formulation de mesures concrètes permettant de mettre en oeuvre les conseils formulés.