IDentity: nouvelle plate-forme de crowdfunding

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Par · 16/01/2014

Une nouvelle plate-forme de crowdfunding entre en opérations en cette mi-janvier en Belgique. IDentity, basée à Bois-de-Villers près de Namur, est une toute jeune société de communication (créée en mai 2013) qui a décidé d’ajouter ces activités de financement participatif à son répertoire de services.

Il ne s’agit donc pas d’un “pure player” dans la mesure où l’activité de crowdfunding vient s’ajouter à d’autres prestations de “création d’identité” pour entreprises et projets: identité graphique, visuelle, sonore, conception publicitaire, identité sur le Net mais aussi “identité financière” (autrement dit, montage d’un plan financier). “Nous nous sommes rapidement rendu compte que les porteurs de projet ont non seulement besoin de solutions visuelles pour donner de la visibilité et une identité à leur projet mais aussi, bien souvent, de fonds pour – tout simplement – le financer. D’où l’idée, qui nous est apparue comme une évidence, de mettre en oeuvre ce service supplémentaire de crowdfunding, en complément à d’autres pistes de financement que nous pouvons éventuellement conseiller à nos clients”, explique Nicolas Denis, co-fondateur (avec son frère Loïc) et directeur financier de la start-up.

Au passage, soulignons qu’IDentity, constituée en SCRL, est jusqu’à présent une affaire de famille. Nicolas a un profil plus financier. Loïc a, lui, un bagage plus “visuel”, après des études en publicité et graphisme à St Luc. Troisième larron: Philippe Denis, le père, qui intervient pour du conseil aux clients.

Troc et récompenses

Le mode de crowdfunding hébergé et accompagné par IDentity sera celui mis en oeuvre par exemple par des plates-formes telles que KissKissBankBank ou KickStarter. A savoir: l’apport de fonds “récompensé” par des contre-parties non financières (1). Ce qu’on appelle du “rewards-based crowdfunding”.

Nicolas Denis: “du crowdfunding, en complément à d’autres pistes de financement que nous pouvons éventuellement conseiller à nos clients.”

Ce n’est pas la première plate-forme belge à choisir cette voie (CroFun, par exemple, le fait en Flandre, en voulant d’ailleurs proposer aussi les autres formes de financement participatif) mais d’autres initiatives un rien plus anciennes avaient choisi d’autres orientations: l’equity (investissement en actions) chez MyMicroInvest et le prêt du côté de Look & Fin.

Chez IDentity, les promesses de fonds sont gérées via PayPal et l’argent avancé est versé dans une cagnotte à laquelle ni le porteur de projet, ni IDentity n’ont accès tant que dure le processus de levée de fonds (d’une durée de 6 à 8 semaines). Si la somme espérée n’est pas atteinte, les fonds ne sont pas libérés pour le porteur de projet et les comptes des candidats-investisseurs ne sont pas débités.

Ce n’est que si l’objectif est atteint qu’IDentity autorise PayPal à débloquer les fonds et, par la même occasion, à lui verser les 6% de commission qu’elle prélève sur la somme récoltée.

Cette commission est l’un des outils de son modèle business. La mise en ligne du projet sur la plate-forme est également payante, selon un tarif variant selon le type de service presté (création ou non de matériel graphique, de vidéos, réalisation d’une brochure de promotion, montage du plan financier, voire prise en charge de certaines démarches).

Les “petits plus”

L’originalité d’IDentity, on l’a vu, est de faire aussi du crowdfunding. De par les compétences de l’équipe, la start-up prend en charge pour les porteurs de projet la création de leur charte graphique, conçoit et anime la page qui leur est réservée sur la plate-forme. Selon les besoins, la société peut fournir de simples photos ou construire tout le “récit” de A à Z. “Cela nous permet de contrôler directement la qualité des projets hébergés, contrairement à une plate-forme comme KissKissBankBank où la qualité, laissée à charge des porteurs de projets, peut être fort variable”, souligne Loïc Denis.

La société étant en démarrage et le marché belge étant de surcroît limité, IDentity dit vouloir accueillir tout type de projet de crowdfunding, à l’exclusion toutefois des projets purement personnels (se faire financer un trip au bout du monde, par exemple) et avec une quête d’au moins 5.000 euros. “Nous sommes ouverts aussi bien aux projets purement commerciaux qu’à ceux émanant de l’associatif et du secteur non-lucratif. Limiter notre cible serait courir à l’échec financier. Par ailleurs, l’objectif est de faire se mêler la “foule”, de faire se rencontrer un maximum de profils de contributeurs…”, souligne Loïc Denis.

IDentity veut aussi jouer de sa petite taille et de sa proximité géographique avec les porteurs de projets et investisseurs pour “rematérialiser” en quelque sorte les rapports entre les deux parties. “En cours de levée de fonds, nous proposons et nous organisons au minimum une rencontre entre le porteur de projet et les contributeurs potentiels. La rencontre peut demeurer virtuelle, via Skype par exemple, ou se faire de visu, lors d’un petit événement original que nous organisons. Ce n’est pas obligatoire mais fortement recommandé.”

5 premiers projets

Pour son lancement, IDentity peut déjà afficher 5 projets sur sa plate-forme qui font appel à des investisseurs lambda. En piste:

  • Philippe Soreil qui tente de réunir pour la réalisation de son film documentaire Roma, en co-production avec la Rtbf (somme recherchée: 7.000 euros)
  • le festival Esperanzah!, pour la création d’une radio au Burkina Faso (11.000 euros)
  • Aldento, l’un des projets par l’accélérateur Nest’Up qui surfe sur la mode de l’alimentation à base d’insectes (pâtes alimentaires enrichies de farines d’insectes) (7.000 euros)
  • So Tom, un projet de “food truck” qui servira stoemp et purées en tous genres (5.000 euros)
  • et bientôt (fin janvier) le festival Namur en mai qui en appelle au crowdfunding pour financer la rénovation du chapiteau.

Outre le crowdfunding, IDentity exploite un autre mode de participation de la “foule” pour ses services de création d’identité. Les porteurs de projet qui le désirent peuvent en effet en appeler au crowdsourcing pour la création de logos par exemple. IDentity, elle-même, a d’ailleurs lancé un concours pour ses propres besoins. Un prix de 300 euros est promis à celui ou celle qui concoctera la meilleure idée de lettrage pour habiller la voiture de la société.

(1) Via ce modèle “reward”, les porteurs de projets qui font appel au financement participatif promettent certains avantages aux contributeurs pour leur mise de fonds. La nature dépend bien entendu du projet: exemplaire du produit qui sera commercialisé, figuration dans un script, rencontre avec le porteur de projet… Il n’y a pas de limite (hors argent sonnant et trébuchant) à ce que les porteurs de projets peuvent proposer, selon une gradation en valeur. Avec toutefois quelques principes à respecter pour éviter une surévaluation de la contre-partie, afin d’éviter d’être considéré comme un moyen de faire du blanchiment d’argent ou de la fraude.

Ce mode de crowdfunding ne tombe pas sous la vigilance de la FSMA (puisqu’il n’y a pas prêt ou investissement en actions). Aucune législation spécifique ne s’y applique ou n’est là pour offrir certaines garanties. Par exemple: quelle garantie à l’investisseur de recevoir réellement la “reward” promise? Le porteur de projet peut éventuellement ne pas la tenir ou être dans l’incapacité de le faire (si le projet, finalement, n’aboutit pas). Seule mesure, basée sur la confiance, prise par IDentity: un document que signe le porteur de projet, par lequel il reconnaît “devoir” telle chose à telle personne s’il réalise son projet. “Sorte de reconnaissance de dette d’échange, sorte d’accord sous seing privé”, explique Nicolas Denis. Mais sans garantie que cela ait un quelconque poids en cas de réclamation…  [ Retour au texte ]