Scopiton: transformer l’esprit “participatif” en coopératives IT

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Par · 08/01/2014

Créée fin 2013 par Jean-François Coutelier, ancien patron de Damnet (voir l’article que nous avons consacré à cette société), Scopiton est une initiative pour le moins originale dans l’esprit et la forme.

L’objectif? “Servir de tremplin au lancement de nouvelles entreprises ou à la reprise d’entreprises existantes sous forme de scops”. Autrement dit, de sociétés coopératives et participatives au sein desquelles les salariés seront des “coopérateurs” – ou, pour utiliser un terme davantage dans l’air du temps, des “co-entrepreneurs”. A ce titre, ils seront à la fois partie au capital et impliqués directement dans la gestion, la définition de la stratégie et la responsabilisation des résultats. Et ce, sur un strict pied d’égalité.

Il s’agit là d’un modèle qui, depuis longtemps, a séduit Jean-François Coutelier. Il en a fait l’expérience dès la naissance d’Azimut (coopérative qui accompagne la création d’activités et d’entreprises), dont il fut l’un des cofondateurs, et l’a ensuite appliqué chez Damnet. La “scop” est un phénomène déjà bien connu en France (où l’on dénombrerait quelque 2.200 scops) mais encore peu pratiqué en Belgique.

Des scops IT

Scopiton se propose donc d’être la structure d’ancrage permettant de créer un groupement de “scops” opérant dans le secteur informatique. “Scopiton sera à la fois un incubateur de nouvelles scops dans le secteur IT et un groupe coopératif”, déclare Jean-François Coutelier. La forme exacte que prendra l’initiative doit encore être peaufinée et les premières mises en oeuvre n’interviendront sans doute pas avant plusieurs mois mais les principes de base en sont déjà connus: autonomie de chacune des entités, actives chacune dans un métier et un scénario spécifiques; mutualisation des moyens; participation croisée de Scopiton dans les différentes scops.

“L’intention est, d’une part, de privilégier une philosophie de PME agiles. Et, de l’autre, de constituer progressivement, sur le long terme, un groupe de services IT.” Et l’ambition est bel et bien présente dans l’esprit des initiateurs (1): “créer 7 ou 8 entreprises en 10 ans et de 100 à 300 emplois en l’espace de 15 ou 20 ans.” La première société à faire partie de la structure sera en tout cas Damnet.

Un marché mûr pour ce modèle?

Jean-François Coutelier se dit convaincu que le marché, en ce compris en Belgique, est prêt à adopter le modèle de la société coopérative et participative. En particulier dans le secteur IT. “C’est un secteur porteur dans la mesure où il peut susciter la création de nombreuses initiatives. Aujourd’hui, les gens recherchent un modèle d’entrepreneuriat différent, plus coopératif. Entreprendre à plusieurs est en outre plus aisé que se lancer seul. Des concepts du genre coworking sont également dans l’air du temps. Sans oublier la logique de l’intrapreneuriat… Même des entreprises classiques s’appuient désormais sur les concepts d’intelligence collective, repensent le management.”

Le modèle que veut développer Scopiton – un groupement de petites scops aux métiers complémentaires et à la philosophie participative – a d’autres avantages aux yeux de Jean-François Coutelier: “De petites entités ont plus de chances de rester à la pointe de la technologie, de réagir vite au core business. Ces cellules sont plus dynamiques qu’une entreprise qui fonctionne selon une structuration en départements.”

Divers scénarios possibles

Les différentes scops qui pourraient voir le jour ou s’arrimer à Scopiton pourraient naître de différents scénarios. Premier d’entre eux: une entité qui serait l’émanation de Damnet et qui se positionnerait sur le terrain porteur du cloud, impliquant divers partenaires mutualisant les investissements nécessaires.

Jean-François Coutelier: “Constituer un groupe de petites PME IT agiles, organisées en coopératives.”

Autres scénarios possibles (aucun n’excluant l’autre): le franchisage du métier Damnet à l’étranger (France, Luxembourg…); un mécanisme de rachat d’activités en difficulté ou de transmission d’entreprise “qui renaîtraient sous forme de scop”; ou encore la création d’entreprises “qui viendraient s’inscrire sous la coupole du groupe afin d’accélérer le processus”. Autre piste possible: “des collaborations avec des scops françaises actives en IT qui voudraient développer leurs activités en Belgique.”

La mutualisation de moyens viendra elle d’un alignement de toutes les entités sur la méthodologie de gestion, de leur aptitude à bénéficier de services et conseils en management, gouvernance et organisation de la part de la “coupole” Scopiton. Un certain nombre d’outils seront mis en commun: ERP, CRM, procédures et systèmes de sauvegarde, tableaux de bord… Obligation sera faite à toutes les scops de respecter un certain nombre de règles: “IT correcte, recours à des outils professionnels, comptabilité régulière…” La mutualisation touchera également la politique de recrutement et “les membres de Scopiton serviront d’apporteurs d’affaires pour les autres scops, ce qui permettra d’optimiser la force commerciale. Chaque entité aura par ailleurs davantage de chance de pouvoir exploiter les opportunités qui se créent.” Pas inutile à l’heure où le rythme d’évolution des technologies s’emballe, privant tous ceux qui ont “le nez dans le guidon” de détecter certaines de ces opportunités…

(1) Jean-François Coutelier ne se lance pas seul dans cette aventure. S’il a pris à son compte un tiers du capital de départ de Scopiton et si un autre tiers a été injecté par Damnet (qui est la première scop du futur groupe), deux autres investisseurs ont jugé l’idée séduisante. Parmi eux, Michel de Wasseige, cofondateur de Damnet, ancien directeur de Crédal, et gérant de la coopérative d’emploi DiES. D’autres investisseurs seront sollicités dès qu’un premier projet de scop sera concrétisé. Le capital (100 ou 200.000 euros) servira alors à investir dans des projets de scops.