Faëria: un projet de jeu on-line qui cherche encore de bonnes fées

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Par · 02/12/2013

Récemment, le projet Faëria de la toute jeune start-up Abrakam faisait parler de lui à deux occasions: un couronnement lors de la dernière édition de l’appel à projets Boost-Up Industries créatives et une levée de fonds via une plate-forme de crowdfunding.

Démarrage sur les chapeaux de roue? Oui et non. Le parcours jusqu’au lancement commercial effectif du projet (un jeu vidéo participatif) obligera encore la petite équipe (3 personnes actuellement et des renforts attendus) à relever pas mal de défis.

Le fait d’avoir été épinglé comme lauréat du concours Boost-Up a donné un coup de projo supplémentaire. Un joli petit gain en visibilité avait d’ailleurs déjà été engrangé lors de la levée de fonds en crowdsourcing et, auparavant, lors de la préparation de cette levée de fonds. Notamment une participation à quelques salons incontournables du monde du gaming (le Gamescom de Cologne ou le PAX Prime de Seattle).

Le chiffre de l’argent récolté peut laissé rêveur: 94.000 dollars amassés sur KickStarter, promis par quelque 2.600 “fans”. Mais, une fois tous les frais décomptés, il ne restera sur la table que moins de 50% de la somme. En cause: les frais engagés, les pourcentages grappillés au passage par la plate-forme de crowdfunding et par la société qui a servi de relais (Abrakam avait en effet choisi une plate-forme américaine qui exige une “présence locale” sur le sol US) et les dons et avantages promis aux crowdsourceurs en échange de leurs mises de fonds.

Le “capital-poche” servira en outre en partie à compenser les frais engagés pour la campagne de promotion et les participations aux salons cités ci-dessus. Heureusement pour l’équipe Abrakam, elle avait reçu l’aide financière d’un autre acteur local – Fishing Cactus – qui a misé 30.000 euros dans l’aventure, contre intéressement aux futures activités.

Visibilité et viralité

Il ne faut donc pas croire qu’Abrakam s’en revient avec un joli pactole de billets verts sous le bras. L’exercice de crowdfunding lui permettra certes de financer des développements (de même que le prix décroché au Boost-Up sera utilisé pour financer les travaux d’illustration graphique) mais l’essentiel pour l’équipe aura été d’attirer les regards de gamers et de développeurs. La participation aux deux salons et le passage par KickStarter lui ont en effet valu l’attention de futurs utilisateurs. Essentiellement à l’international d’ailleurs: gamers allemands, polonais, russes, américains… De quoi s’ouvrir d’emblée à un public international.

12.000 convaincus (investissant quelques deniers dans l’aventure) et quelques milliers de gamers ayant testé le proto du jeu à Cologne ou Seattle, c’est en effet un bon petit début.

Olivier Griffet, qui prendra la direction de la société en janvier (voir notre information), se réjouit de ce début de viralité. Mais lle n’est qu’un tremplin vers l’objectif réel. “Nous en sommes encore au stade du prototypage. Et notre visibilité se limite encore aux early adopters, aux passionnés, aux gamers purs et durs.” Or, ce n’est pas forcément – ou pas uniquement – la cible finale.

Un jeu vidéo pour les joueurs lambda

Le jeu Faëria en quelques mots? Il s’agit d’un jeu vidéo stratégique qui se joue en en-ligne mais avec un jeu de cartes bien physiques qui interagissent avec un “plateau numérique” – un écran d’iPad, par exemple.

Trois développeurs y travaillent déjà depuis 4 ans. Ils devraient voir leurs efforts se concrétiser définitivement d’ici 6 ou 8 mois.

Particularités du jeu?

Les joueurs créent eux-mêmes l’univers féerique dans lequel évoluent les créatures figurées sur leurs cartes. Les cases se matérialisent à l’écran en positionnant les pions. Le scénario se construit ainsi pas à pas, à l’aide des cartes illustrées que positionne le joueur, chacune ayant un “pouvoir”, un profil, un impact spécifique sur le scénario et l’interaction avec les autres cartes et joueurs.  (Pour plus de détails voir le synopsis sur la plate-forme KickStarter)

Le jeu de cartes est plus qu’important puisque l’on parle actuellement de 250 cartes, qui interagissent entre elles et influencent la stratégie qui se construit. Le “stock” de cartes devrait encore progresser à court terme dans la mesure où les fonds réunis via crowdfunding devraient permettre d’en développer d’autres.

Jouer contre la “machine”

Au stade actuel du prototype, le jeu se joue “personne contre personne”. “Cela nous positionne donc sur un marché de niche: celui des hard gamers. Mais notre but est de permettre à toute personne, joueur occasionnel ou pur amateur de pouvoir s’adonner à ce jeu sans devoir pour autant trouver, en-ligne, des partenaires ou adversaires”, explique Olivier Griffet. L’intention est dès lors de développer un potentiel d’intelligence artificielle, afin que tout le monde puisse jouer avec un vis-à-vis virtuel. Le système comportera ainsi un “stock” de scénarios, de jeux à jouer et rejouer, à faire varier au gré des stratégies.

Ce référentiel d’intelligence n’est pas encore constitué à l’heure actuelle. Seules “quelques missions pictoriales existent. Mais cela relève encore du simple script.”

Il reste donc pas mal de pain sur la planche (sans compter la version mobile) pour la petite équipe et les renforts qu’elle espèrent.

Un premier semestre 2014 très chargé

L’équipe estime avoir encore besoin de six mois pour finaliser le développement. Le jeu ne se joue encore qu’en ligne actuellement mais une version téléchargeable est dans les cartons. Et l’interaction joueurs/système (en mode mono ou multi-joueurs) est évidemment le but final afin de pouvoir concocter des stratégies et combiner à foison les interactions entre cartes.

Autre objectif tout aussi évident: pouvoir jouer sur tablette.

C’est pour réaliser ces objectifs qu’Abrakam cherchera à réunir d’autres fonds, tant privés que publics. Des négociations sont actuellement en cours. Notamment avec un partenaire potentiel, actif dans le monde des jeux “en dur”. Un accord avec lui, avec partage de propriété intellectuelle, permettrait de financer en partie le développement du jeu pour environnements virtuels.

La nouvelle levée de fonds, elle, devra permettre de renforcer les effectifs pour passer du trio actuel à une équipe de 6 à 8 personnes pour finir le parcours pré-lancement.