Startup Weekend Liège 2013: un petit manque d’inspiration

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Par · 30/09/2013

Pour ceux qui espéraient éventuellement voir surgir de nouvelles pépites technologiques, le Startup Weekend de Liège, édition 2013, n’aura sans doute pas répondu aux attentes.

7 équipes (issues des quelque 60 participants qui s’y étaient inscrits) ont, chacune, planché sur leur projet pendant les 54 heures du Weekend. Si l’on s’en tient à une évaluation selon des critères technologiques, celui qui apparaissait comme le plus en pointe, de par son idée de base et les concepts qu’il devra mettre en œuvre pour se concrétiser, était TriggerPanel, une solution de “customer engagement”.

La solution propose en fait d’analyser les listes d’interactions que des sociétés ont avec leurs clients. Listes qui résident soit dans les bases de données des réseaux sociaux (tweets, commentaires sur des forums et autres pages Facebook…), soit dans leurs propres bases de données (e-mails…). En analysant ces référentiels, ces “traces” que toute personne “bavarde” sur la Toile laisse en parlant d’une société ou d’une marque, ces dernières peuvent déterminer quelles sont les personnes les plus actives ou celles qui sont potentiellement les plus intéressantes pour elles. Rien de neuf jusque là.

TriggerPanel veut simplement surfer sur une vague déjà existante et un besoin (analyse de clientèle) pas toujours ou pas aisément satisfait. Le principe est connu: utiliser la base de données brutes, la segmenter en groupes “profilés” et proposer ensuite à chacun de ces groupes un produit, un service, un avantage, etc. qui ait toutes les chances de retenir son attention. De manière plus spécifique, repérer les clients ou les simples internautes les plus prometteurs, les plus enthousiastes (vis-à-vis de la société) et en faire des ambassadeurs, afin d’exploiter plus directement leur potentiel d’“influenceur”.

A noter que le projet alignait une équipe « d’enfer », constituée de quelques vieux routiers venus de ListMinut, de Djump et de Knowledge Plaza.

Une édition n’est pas l’autre

Reconnaissons-le d’emblée: la relève était difficile à assurer.

Après la première édition 2012 et ses quelques beaux projets qui allaient se poursuivre et aboutir, pour certains, à la création d’une start-up (BetterStreet, Pictawall, SwipeFeed, TennisOnline…), l’édition 2013 faisait déjà figure d’exemple difficile à émuler pour les participants.

Difficile par ailleurs de comparer l’édition 2013 au millésime 2012. Les idées de projets, leur nature, leur degré de maturité, le côté plus ou moins réfléchi du business model étaient sensiblement différents. En termes de valeur ajoutée, d’originalité, de potentiel, l’édition 2012 apparaît clairement plus séduisante.

Le Startup Weekend avait, cette année, élu domicile dans les bâtiments de l’HELMo…

Les profils des participants, aussi, étaient quelque peu différents de ceux de l’édition 2012. Moins d’étudiants– logique, soulignent les organisateurs, puisque le Weekend se déroulait à la Haute Ecole HELMo et non à HEC comme l’année dernière– et davantage de personnes qui avaient déjà fait leurs armes dans le monde de l’entreprise, lancé une start-up, et qui étaient venus à la fois pour s’amuser et pour prêter main forte aux porteurs d’idées.

C’est d’ailleurs ainsi que Nest’Up, qui avait prévu d’intégrer automatiquement à son programme le premier lauréat du Weekend, a eu quelques sueurs froides en constatant combien certaines équipes, parmi les plus “éligibles” pour le programme, étaient constituées de personnes ayant déjà un job, voire leur propre société ou start-up à gérer et ne pourraient dès lors pas s’engager dans un parcours d’incubation de trois mois sur un projet dans lequel ils ne posaient le pied que le temps d’un week-end.

Le niveau de l’édition 2013 n’a donc pas atteint celui de 2012. Sans pour autant critiquer aucunement- loin de là!- la volonté d’entrepreneuriat qui était bel et bien au rendez-vous, les projets n’ont pas atteint le même niveau que l’année dernière: moins inspirés, moins inspirants, plus conventionnels, pour certains carrément “low key”.

Mais après tout, comme le soulignaient les organisateurs, l’important dans ce genre d’exercice, c’est de participer, de créer l’étincelle qui poussera des graines d’entrepreneur à se lancer. C’est l’endroit où collecter des conseils en un minimum de temps, auprès de coachs et collègues temporaires. L’occasion de nouer des liens qui pourront peut-être se pérenniser.

Cela ne nous empêche pas d’en sortir avec un petit goût de trop peu. Ce genre d’initiative y gagnerait certainement à susciter des propositions de projets plus ambitieux et originaux. C’est important pour sa propre notoriété et attractivité. L’émulation ne peut qu’en être meilleure.

Les lauréats

Outre TriggerPanel, les deux autres lauréats sont:

  • AirDog: une solution (site Internet) de réservation de familles d’accueil pour chiens qui cherchent de nouveaux gardiens pendant que leurs propriétaires sont partis en vacances. L’originalité du projet n’est pas évidente, si ce n’est la possibilité de découvrir le cadre où le chien sera hébergé et de publier l’évaluation que l’on fait du service ainsi rendu. Le projet a malgré tout décroché le premier prix et Weekend et décroche ainsi son ticket d’entrée pour Nest’Up (ticket auquel l’équipe peut toujours renoncer– on sera fixé aujourd’hui).
  • HomeTimize: projet de site Web où tous ceux qui cherchent à acheter une maison pourraient trouver des informations permettant de mieux connaître la qualité de son environnement (”climat” du quartier, hauteur des taxes communales, nuisances sonores, possibilités de parking à proximité…). L’objectif est de collecter toutes ces données, de les présenter à l’acheter et de lui proposer un scoring sur base de ses propres critères. Idée peut-être séduisante en soi (raison sans doute pour laquelle le projet à décrocher le prix du projet le plus “révolutionnaire”) mais qui semble encore exiger pas mal de travail de fond en termes de formulation et de positionnement (sources de données, qualification et validation de ces données, modèle business….).

Petit coup d’œil rapide sur les autres projets participants:

  • Dare: une appli qui s’appuie sur les réseaux sociaux pour organiser des défis entre collègues, amis… Quoi de plus efficace pour sortir les gens de leur train-train quotidien, imagine l’auteur du projet, que de les inciter à repousser leurs limites, à oser tel ou tel défi, en misant sur la pression sociale de la communauté. Emulation garantie.
  • ArtWork: promotion de jeunes artistes talentueux pouvant exposer leurs créations, voire se lancer dans la réalisation d’une œuvre en temps réel, à l’occasion d’événements à connotation culturelle organisés par des PME
  • Blood4Life: organisation d’événements sociaux pour “gamifier” le geste de don de sang- et combattre ainsi le désintérêt de certaines tranches d’âge (à commencer par les 26-35 ans) pour ce geste ô combien salutaire. L’idée? “rendre le système de collecte de sang plus fun, plus social, plus connecté” en organisant des événements massifs dédiés au don de sang, avec défis à des villes ou entreprises (donnez plus que votre concurrent…). Ces événements seraient sponsorisés par des entreprises qui y trouveraient leur intérêt en rentrant en contact, dans un autre contexte, avec leur groupe-cible (les 26-35 ans).
  • NextLevel: un projet de lieu où se concentreraient une panoplie d’activités pour cibles familiales multiples. Venez en famille, entre voisins, entre amis, vous adonnez chacun à vos passions personnelles: cours de yoga pour l’un(e), cours de cuisine, de bricolage… pour l’autre. Le tout en un seul endroit.

Quand nous vous disions que nombre de projets étaient plutôt “low key”.