NSI: comme un chat devant une goutte de lait

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Par · 05/09/2013

Alors qu’elle fête, en ce mois de septembre, son 20ème anniversaire, la société NSI IT Software & Services, annonce la signature de quelques contrats récents auprès de sa clientèle publique. L’eWBS (successeur d’easiWal) vient ainsi de lui confier, ainsi qu’à son partenaire pour l’occasion (Aprico), un contrat-cadre, d’une durée maximale de 4 ans, pour la mise à disposition de chefs de projet et analystes senior. Difficile de déterminer le volume de prestations et le nombre de ressources humaines à mettre à disposition au fil du temps mais Manuel Pallage, directeur général, imagine que cela pourrait concerner “de 5 à 8 personnes”.

Autre contrat, celui signé avec la Sofico pour le développement d’une solution d’aide à la décision pour la gestion des infrastructures routières du Sud du pays. En l’occurrence: un outil d’évaluation des investissements et plannings budgétaires nécessaires pour la réfection des routes. Partenaire pour ce contrat: la société de consultance aXialyze.

En 2012, la société avait réalisé un chiffre d’affaires de quelque 41 millions d’euros. Un chiffre en progression par rapport aux 30,6 millions annoncés en 2011- mais il faut évidemment prendre en compte l’apport des sociétés Multidata (Grand-Duché de Luxembourg) et Amster qui n’apparaissaient pas dans le chiffre 2011. Pour l’exercice en cours, elle devrait réaliser une progression de 7%, “mais aussi améliorer sa rentabilité”, souligne Manuel Pallage. Et ce, essentiellement, “via des optimisations et la mise en oeuvre de nouvelles règles de gouvernance. Nous allons par exemple recourir à un directeur des programmes pour gérer les projets les plus importants.”

Equilibrer les clientèles

Après les acquisitions de Multidata et d’Amster, “2013 a surtout été une année de consolidation”, poursuit Manuel Pallage.

Le personnel, pour sa part, a été renforcé mais modérément. L’augmentation nette est de 11 unités sur près de 400 personnes (réparties sur les sites de Liège, Gembloux/Les Isnes et Braine-l’Alleud où ont été regroupées les équipes NSI et Amster). “Nous n’avons pas beaucoup engagé parce que le marché privé est quelque peu en berne, surtout du côté des PME, plus frileuses. Nous avons donc freiné nos recrutements dans les activités Infrastructure.”

Manuel Pallage (NSI): “Si on veut rester crédible, il n’est pas possible d’être spécialiste dans plus de 3 ou 4 domaines.”

Pas de gros changement de stratégie: l’intention est toujours de miser à parts égales sur les secteurs privé et public pour assurer les activités. Et côté activités, les trois piliers restent l’ERP, l’infrastructure (“deux axes peu sensibles à la crise”) et l’intégration système. “Si on veut rester crédible, il n’est pas possible d’être spécialiste dans plus de 3 ou 4 domaines. On ne peut pas être bon en tout. Je préfère la voie des partenariats, avec des sociétés disposant d’expertises complémentaires.”

Le secteur public demeure à l’évidence un axe fort pour NSI qui voit plutôt d’un bon oeil l’arrivée de nouvelles compétences dans le giron de la Région, avec tous les nouveaux projets que cela pourrait impliquer. Les premiers signes en sont d’ailleurs déjà visibles puisque NSI a empoté quelques nouveaux contrats, certes encore modestes, tels la création d’un outil de gestion de cahier de charge type, basé sur des concepts de gestion documentaire.

Et la société attend avec impatience que le DTIC (département IT de la Région wallonne) sorte ses gros cahiers de charge. “2014 risque d’être intéressante.” Avec des projets qu’il espère eux aussi intéressants d’un point de vue technologique et fonctionnel.

L’acquisition d’Amster semble par ailleurs avoir ouvert de nouvelles portes à NSI, notamment du côté du Ministère de la Région Bruxelles-Capitale. Un exemple: ce contrat pour une solution de gestion de chantiers (déclarations, instructions aux divers intervenants), basée sur des techniques de workflow et de GIS.

L’acquisition d’Amster, par contre, n’a pas permis d’exploiter davantage le filon de l’open source. Pourtant, lors du rachat, Alain Wattier nous déclarait: “nombre de sociétés privées, notamment dans la catégorie des grosses PME, cherchent des alternatives à Java ou Microsoft. […] L’open source peut être pour nous une réponse supplémentaire à leur apporter.”

Le fait est que NSI ne semble pas avoir enfourché le fier destrier de l’open source pour convaincre le marché, du moins pas du côté secteur privé. Dans ce domaine, Manuel Pallage parle plutôt de sociétés, surtout du côté des PME, qui préfèrent miser sur des “valeurs sûres”. Selon le principe que si l’on choisit un grand nom du genre SAP, on a peu de chances de se tromper, “de louper un projet majeur qu’une société ne peut se permettre de louper”. Peu de risques, par ailleurs, de se voir reprocher d’avoir misé sur cette “valeur sûre”…

Le fait est aussi que la stratégie que mène NSI en matière d’open source se cantonne à des solutions robustes, déjà bien implantées sur le marché, ayant fait leurs preuves, validées par la qualité des références existantes. Exemples: Jahia, Alfresco, Open Layers. Une approche plus évangélisatrice et multi-produits ne semble pas être de mise, aujourd’hui ou demain, dans le chef de la société. Nous aurons l’occasion de revenir sur le sujet à l’occasion du dossier que nous consacrerons prochainement à l’open source.

Retour à l’organique

Après les acquisitions de Multidata et d’Amster, la société semble vouloir poursuivre sa croissance de manière organique, essentiellement, même si l’une ou l’autre acquisition n’est pas à exclure, mais elle devrait concerner davantage l’un ou l’autre acteur représentant une complémentarité fonctionnelle, si possible dans un domaine pointu, plutôt qu’un rachat “générique”.

La piste de l’acquisition “opportuniste” est un scénario toujours possible en ce compris pour ancrer une implantation dans le nord de la France (un projet d’acquisition, voici deux ans, ne s’était pas concrétisé). “Il n’y a, pour l’instant, aucun dossier sur la table”, déclare Manuel Pallage mais c’est toujours notre intention de nous y établir afin de desservir la clientèle hexagonale à partir du territoire français.” L’option qui semble prévaloir est celle d’une éventuelle acquisition plutôt que l’ouverture d’une antenne propre: “il faut quelqu’un qui ait pignon sur rue, qui dispose d’une équipe… et d’une clientèle.”