Les p’tits Belges en Californie: les fruits de la mission économique

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Par · 28/06/2013

Sur les quelque 300 participants à la récente mission économique “princière” en Californie (2 au 9 juin), 85 sociétés étaient actives dans le secteur IT. Que cherchaient-elles, qu’en espéraient-elles, qu’en ont-elles retiré? Nous avons posé la question à plusieurs participants. Le sentiment qui s’en dégage est une fascination qui persiste, une sensation que tout est davantage possible “là-bas”. Les “recettes”, toutefois, ne sont pas forcément applicables telles quelles.

A chacun ses motivations

Chaque participant de la mission économique partait évidemment avec son propre “agenda”. Pour certains, il s’agissait surtout de “prendre la température”, de mieux (tenter de) comprendre comment les jeunes entrepreneurs californiens se comportent, agissent… Pour d’autres, il s’agissait d’établir des contacts voire des relations, de vérifier l’intérêt de se lancer sur le marché américain voire d’y ouvrir un pied-à-terre.

Freedelity, concepteur de solution d’identification reposant sur l’eID, avait fait le voyage essentiellement pour prendre le pouls des technologies dans la Silicon Valley mais aussi pour mieux se faire une idée de l’environnement dans lequel évoluent les start-ups technologiques locales.

Pour Jacques Gripekoven, directeur de Eyepea, intégrateur système VoIP, les thèmes les plus intéressants étaient tout naturellement ceux liés à la téléphonie (en ce compris dans le cloud), les nouveaux protocoles temps réel (VoIP, vidéo…).

Pour Fishing Cactus, société active dans les jeux vidéo et jeux sérieux, l’intention était de “rencontrer nos clients américains existants, de visiter de grandes entreprises afin de lier des contacts business, de faire de la veille technologique, d’en apprendre plus sur le canevas de business californien, de rencontrer des entreprises belges innovantes.”

Auctelia, pour sa part, auteur d’une plate-forme Web de vente aux enchères d’équipements industriels d’occasion, était partie en Californie pour “récolter le feedback d’entreprises potentiellement clientes afin de savoir si les produits et services que nous proposons actuellement en Europe répondent à un besoin, quelles adaptations seraient nécessaires, etc.”

L’environnement financier était un autre point d’intérêt pour plusieurs participants. Ainsi pour Auctelia, l’idée était de “chercher à mieux comprendre comment se déroulait le financement de start-ups américaines (séries de financement, montants moyens, taux de dilution, objectif par série…)”

Des contacts fructueux

Pour Christophe Ledur, associé-gérant d’Auctelia, “les contacts pris ont été fructueux au niveau de la structuration d’une société aux Etats-Unis”. Par contre, “au niveau commercial, c’était trop court pour pouvoir vraiment parler de relations commerciales.” Autre point positif du voyage: “nous avons rencontré des leaders dans notre secteur. Cela nous a permis de voir que notre compréhension du marché et des acteurs était excellente. Nous en avons aussi profité pour mieux cerner ce que requerrait un lancement aux Etats-Unis (avocat, comptable, banque, etc.).”

“Nous avons tiré de ce voyage plein d’idées d’amélioration de nos produits”, déclare Stéphane De Biolley (Freedelity). “Nous avons glané, auprès des sociétés visitées, quelques petites “finesses” permettant de rendre notre produit plus attractif et efficace. Ce fut comme un brainstorming d’idées… L’objectif n’était pas de nous ouvrir le marché américain puisqu’il n’y a pas de carte eID aux USA. La découverte a plutôt été de leur côté. En fait, nous avons plutôt retiré de ce voyage des relations commerciales intra-délégation…”

Vincent Keunen (Manex): “En termes purement technologiques, on peut tout aussi bien être informé en restant chez soi, via Internet, des blogs… Par contre, aller sur place permet d’en apprendre beaucoup sur l’écosystème, les modes de fonctionnement, le modèle économique…”

Jacques Gripekoven, directeur d’Eyepea, a pour sa part trouvé chaussure à son pied du côté des contacts établis avec certains acteurs de la VoIP et en a retiré une certaine inspiration à l’occasion des visites effectuées chez Google, Mozilla et Cisco. Il en a surtout retiré des enseignements en termes de possibles collaborations technologiques autour de la norme WebRTC, “qui est open source, ce qui correspond à notre philosophie.”

Laurent Grumiaux (Fishing Cactus): “Nous avons retiré du positif, beaucoup de contacts et une ambiance très agréable.”

Pour Arnaud Ligot, administrateur de CBlue, société de conseils spécialisée en intégration (systèmes Internet, jeux sérieux), les enseignements se situent davantage du côté du mode de fonctionnement d’une jeune entreprise: “la manière dont ces entreprises se financent, leur taille, le temps passé à la R&D avant la vente du produit, sont autant d’éléments très intéressants qui ont été retirés.”

Fishing Cactus, quant à elle, est revenue plus riche de contacts: “nous avons eu beaucoup de contacts avec des acteurs majeurs du marché, qui peuvent soit servir de points d’accroche, soit de points directs pour des contrats éventuels”, estime Laurent Grumiaux, directeur commercial.

Au-delà des contacts, l’inspiration technologique est aussi au rendez-vous. “Yahoo est en train de lancer une plate-forme de jeux on-line. Cela pourrait bien sûr être intéressant pour nous car c’est un nouvel acteur sur le marché. La standardisation du développement 3D dans les navigateurs (WebGL) ainsi que les standards comme WebRTC sont de très bonne augure pour nos futurs développements multi-plates-formes.”

Les suites de la mission

Le voyage en Californie sera suivi d’effets de la part de l’ABE et de l’AWT qui vont organiser un debriefing avec les participants au programme parallèle. L’AWEX, quant à elle, servira de relais pour les entreprises wallonnes qui voudraient planifier des contacts avec les personnes rencontrées ou en nouer de nouveaux contacts.

Du côté bruxellois, l’ABE a d’ores et déjà identifié plusieurs pistes pour prolonger les contacts. Voir aussi notre article “Entre découvertes et déconvenues” pour découvrir quelques sociétés visitées.

Suite à la visite chez Microsoft, elle envisage par exemple, de concert avec le Microsoft Innovation Center (MIC), de mettre sur pied de nouvelles sessions de formation et d’information, notamment à propos des perspectives qu’offre la Xbox One dans laquelle Juan Bossicard, ICT business unit manager à l’ABE, voit des opportunités commerciales intéressantes dans les registres TV connectée, convergence business-social et interfaces naturelles.

La société Total Immersion a, de toute évidence, fait grande impression sur l’Agence bruxelloise qui prévoit d’organiser une visite à Bruxelles pour les partenaires européens existants de la société. Dans l’espoir, peut-être, de convaincre la jeune californienne d’ouvrir des bureaux dans notre capitale. “La société recherche des partenaires technologiques et commerciaux. C’est là une opportunité pour des sociétés qui sont actives dans les domaines du développement d’applications et de la publicité.”

Fournisseur et opérateur télécom B2B, combinant une connectique haut débit fixe/sans-fil, Skyriver, lui aussi, recherche des partenaires internationaux et se dit prêt à partager avec eux son expertise et ses compétences afin que se déploient chez nous certaines de leurs technologies de résilience réseau (les connexions sans-fil servant notamment de doublon pour des connexions Internet traditionnelles, histoire de garantir une disponibilité totale de connectivité). L’ABE voudrait saisir la perche et organiser un atelier pour son cluster Creative Industry.

Encore absente d’Europe, Semantic Networks aura droit à du lobbying belge afin d’ouvrir un QG chez nous. De passage en Europe à l’automne, son CEO sera invité à faire un petit détour par Bruxelles pour y venir parler de sémantique…