Pénurie de profils IT: la situation empire selon Agoria

Article
Par · 05/06/2013

Les chiffres, en soi, sont éloquents:

  • de 2 à 3.000 (*) postes IT vacants à Bruxelles, fin 2012
  • de 1.000 à 1.500 en Wallonie
  • de 8 à 9.000 postes à pourvoir en Flandre.

La pénurie de profils et compétences IT ne cesse de croître sur le marché belge, touchant toutes les régions du pays, de manière plus prononcée toutefois la Flandre.

Au total, c’est 11.733 postes vacants qu’Agoria a répertorié à l’occasion de son étude annuelle de ce marché, alors que l’on dénombre plus de 150.000 personnes employées par le secteur, soit auprès d’employeurs qui sont eux-mêmes des acteurs du secteur IT (fournisseurs, consultants, intégrateurs…), soit à des postes IT dans l’industrie, le secteur des services ou le secteur public.

Répartition géographique des emplois IT:

  • Flandre: 95.000
  • Bruxelles: 40.000
  • Wallonie: 25.000.

La suite de cet article est réservé à nos abonnés.

Proportionnellement, il y a donc davantage de postes restant désespérément vacants en Flandre qu’en Wallonie. Pour des raisons qu’Agoria n’explique pas. Sauf à invoquer le fait que les structures en Wallonie sont plus modestes que vers le nord du pays. Mais il serait intéressant sans doute de confronter les chiffres d’Agoria à d’autres sources et analyses…

Déficit croissant

Près de 12.000 postes à pourvoir, fin 2012, est un chiffre d’autant plus impressionnant que cela représente près de 8% de l’ensemble des emplois IT et que le déficit est en train de s’accélérer. Il se situait encore aux alentours des 8.000 unités fin 2010 et totalisait 9.300 unités en 2011.

En un an, le score s’est donc alourdi de plus de 2.400 unités. “Si la tendance actuelle se poursuit, nous en reviendrons à la situation critique connue en 2007 et 2008, lorsque le déficit se chiffrait à environ 14.000 personnes”, prévient Baudouin Corlùy, directeur d’Agoria ICT. Le marché avait connu un petit répit jusqu’en 2010, avec un déficit qui était retombé à 8.000 mais ce n’était là que le résultat… de la crise et donc des licenciements et compression des ressources. Pas de quoi se réjouir…

Sur base des chiffres 2012, Agoria s’est par ailleurs livré à une petite simulation (dont on pensera ce qu’on veut): “Si nous étions en mesure de satisfaire ces quelque 11.753 postes IT vacants, notre pays augmenterait son PIB de 1,3 milliard d’euros.”

Les profils en carence

Les trois principaux profils que les entreprises ont plus particulièrement du mal à dénicher sont les suivants:

  • analystes IT et métier, et consultants: 3.472 postes à pourvoir
  • développeurs (solutions & logiciels): 1.853
  • spécialistes en gestion opérationnelle (infrastructure) et maintenance: 1.051.

Que faire?

La question reste sans réponse. Agoria souligne simplement, comme cela a déjà été fait maintes fois par le passé, qu’il y a une nécessité impérieuse de convaincre davantage de jeunes à se tourner vers les métiers de l’IT. Voir à ce sujet notre article Ecoles et formations ICT.

A l’autre bout de la pyramide des âges se pose, encore et toujours, la question de l’emploi – et du maintien à l’emploi – des aînés. Sous-entendu: une politique volontariste s’impose en matière de… non-licenciement de personnes compétentes, de refonte du système de prépension, et de formation continuée en cours de carrière. Pouvoirs publics mais aussi entreprises sont clairement en ligne de mire.

“La formation continue, en interne, par les entreprises et des organismes tels le Cefora est d’autant plus importante que le secteur IT, l’économie évoluent sans cesse. Une remise à niveau constante est nécessaire”, souligne Baudouin Corlùy. Idem du côté des demandeurs d’emploi: “Forem, VDAB, Actiris et les centres de compétences (Technifutur, TIC Technofutur…) doivent collaborer pour promouvoir l’emploi dans l’IT, pour amener davantage de gens vers les métiers de “digital expert”. Il faut aussi mettre en oeuvre des mesures particulières en faveur de ces formations.”

Face à la pénurie de compétences locales, les entreprises n’ont d’autre choix que de se tourner vers les réservoirs de compétences à l’étranger. Soit pour les importer le temps d’un projet, soit pour externaliser leurs projets et/ou infrastructure vers des pays lointains. Rien de nouveau sous le soleil, en la matière: ces horizons sont et restent souvent l’Inde (ou l’Asie, en général) et les pays de l’Europe de l’Est. Selon les estimations d’Agoria, “de 10 à 20% du nombre total de postes dans le secteur IT sont outsourcés.

(*) La fourchette semble importante mais l’approximation vient du fait qu’Agoria a procédé par échantillonnage et extrapolation.