Soins à domicile: la tablette en renfort

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Par · 27/02/2013

Voici quelques mois, la Fédération de l’Aide et des Soins à Domicile (FASD) a commencé à déployé une solution mobile qui permettra, d’ici fin juin 2013, à l’ensemble des 1.100 infirmières qui opèrent aux quatre coins du pays (côté francophone) de gérer leurs tâches et leurs rapports avec une tablette tactile (Galaxy Tab 2 de Samsung).

En 2012, pendant 9 mois, 20 infirmières ont participé au projet-pilote. Aujourd’hui, les premiers déploiements concernent quelque 450 prestataires de soins des ASD de Bruxelles, du Hainaut oriental, de Liège, de Verviers et d’une partie de la province de Namur. Prochaines étapes: le Luxembourg et le Brabant wallon.

Prendre les devants

Même si les premières finalités, comme on le verra plus bas, se définissent surtout en termes d’efficacité du travail, la FASD a décidé d’équiper les prestataires itinérantes en tablettes pour anticiper ce que Brice Many, directeur général de la Fédération, considère comme une évolution inéluctable et qui se précise d’ailleurs de plus en plus à l’horizon.

“Ce genre de support finira par être imposé dans le cadre du développement de la politique de santé. Au niveau fédéral, on met de plus en plus l’accent sur l’accessibilité mobile à toutes les informations et sur le croisement des données patient. Le Dossier Infirmier Informatisé est dans les cartons. MyCareNet est largement informatisé. Nous avons dès lors jugé bon de prendre les devants afin de permettre aux professionnels de la santé de se préparer, de se familiariser [avec les nouveaux outils] étape par étape plutôt que de se retrouver dans une situation où il faudrait faire fonctionner une grosse machinerie au pied levé.”

La tablette numérique devient donc un “support à la tournée”. Désormais, chaque infirmière dispose, sur sa Galaxy Tab, de l’ensemble des informations concernant sa tournée du jour: liste des patients à visiter, des soins à donner…

Objectif: optimiser le temps des effectifs en réduisant le temps passé en tâches administratives évitables, tels que le réencodage de rapports. Auparavant, les tournées des infirmières leur étaient communiquées par fax… lorsqu’elles ne devaient pas passer systématiquement dans l’un des 10 centres ASD que compte le réseau (le territoire- Wallonie, Communauté germanophone, Bruxelles- est en effet découpé en 10 zones géographiques).

A chaque halte ou à un moment quelconque de sa tournée, l’infirmière peut valider les soins donnés, encoder des soins qui n’auraient pas été planifiés. A chaque encodage, les données sont immédiatement transférées au centre et injectées dans les systèmes back-end (par exemple pour la facturation et les déclarations INAMI). Pour simplifier au maximum l’encodage, la liste des soins de chaque tournée est préencodée. L’infirmière n’a plus qu’à cliquer pour les valider. En cas de soins non prévus, un menu à choix multiples s’affiche. Même les messages que doit parfois envoyer l’infirmière au centre sont, pour la plupart, préformatés (commande de matériels de soins, par exemple).

Les petits plus

Instrument d’encodage essentiellement, la tablette peut bien entendu rendre de petits services, du genre géolocalisation (pour orienter les infirmières lors de leurs tournées) ou consultation de sites sur Internet. A cet égard, la FASD a constitué une liste blanche de sites autorisés, où les infirmières peuvent aller pécher des informations nécessaires pour la prestation des soins. “Ce système restrictif a été mis en oeuvre essentiellement pour des questions d’optimisation de bande passante”, déclare Brice Many. C’est que le 3G, dans certaines zones, n’est pas ce qu’il pourrait être…

Brice Many (FASD): “les échanges électroniques de données “ne peuvent remplacer les communications- humaines- entre prestataires. C’est tout simplement la qualité qui est en jeu. La tablette ne remplacera pas tout.” Photo : WIN.

Dès que toutes les infirmières auront été équipées (en principe d’ici l’été 2013) et maîtriseront le nouvel outil, la FASD envisage d’étendre les possibilités d’utilisation: enregistrement des constantes, de remarques particulières, ou encore consultation du dossier infirmier informatisé du bénéficiaire. Pour ce faire, l’accès pourrait être autorisé via la lecteur de la carte eID.

Mais, en la matière, la FASD souhaiterait une réflexion plus approfondie afin de lever certains doutes d’ordre éthique tels le risque d’accès aux données privées, non médicales, figurant sur la carte. “Il faudrait aussi s’assurer que la simple lecture de l’eID ne soit pas considérée comme une “preuve” que le soin a été donné.”

“L’accès au dossier du patient se limiterait de toute façon au Dossier Infirmier Informatisé. L’infirmière pourrait le consulter et le compléter mais n’aurait pas accès aux autres données, tels le DMI ou DMG [Dossier Médical Informatisé et Dossier Médical Global] qui requièrent un processus impliquant le médecin.”

En évoquant les échanges entre infirmiers et médecins, Brice Many insiste sur le fait que la tablette numérique et, de manière générale, les échanges électroniques de données “ne peuvent remplacer les communications- humaines- entre prestataires. Il faut y veiller. C’est tout simplement la qualité qui est en jeu. La tablette ne remplace pas tout. Quand un patient vient s’ajouter à la liste, lorsqu’il faut prévoir un soin supplémentaire ou si une explication est nécessaire, un simple message ou un SMS ne saurait suffire. Il faut toujours qu’il y ait au moins un échange téléphonique entre l’infirmière et l’infirmière en chef.”

Autre scénario futur pour l’utilisation de la tablette: la prise de photos afin d’évaluer l’évolution de plaies. “Mais uniquement dans un esprit de qualité des traitements. La photo prise servirait de document tangible sur base duquel les infirmières pourraient se consulter, plutôt que de devoir se contenter de parler de l’état d’un patient sur base de leurs seules impressions.”


La solution

Equipement: tablette Galaxy Tab 2 de Samsung

Partenaire infrastructure réseau: Win

Fournisseur télécom: Mobistar

Communications: 3G et WiFi (en appoint)

Resynchronisation automatique des données, avec stockage local provisoire en cas de rupture de réseau.