Euro Green IT devient FuturoCité

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Par · 22/02/2013

A Mons, ce qui fut pendant trois ans Euro Green IT change de peau. On le savait depuis l’automne dernier (voir l’article que nous avons publié à ce sujet ), les cartes ont été sensiblement rebattues.

Les changements sont assez drastiques: changement de nom, de finalité, de statuts, d’équipe, de répartition des rôles entre partenaires impliqués.

Aux objectifs initiaux de conception, de protoypage et d’accompagnement de projets “green IT/IT for green” (voir, à ce sujet, l’opinion des patrons d’IBM Belgique et Cisco Belgique), il a été décidé de substituer un positionnement plus thématique, quoique toujours marqué du sceau de la durabilité. A savoir: les villes intelligentes.

Du coup, exit le patronyme Euro Green IT. Place à… FuturoCité. Avec comme “byline”, le slogan “intelligence urbaine”.

Changement de mission

La mission assignée à Euro Green IT avait été de “stimuler la création et le développement, par des PME wallonnes, de solutions informatiques visant à améliorer l’efficience énergétique de l’ensemble des secteurs de l’économie wallonne”. Le bilan objectif, d’ailleurs, devra encore en être tiré.

La mission que se donne FuturoCité sera de “promouvoir la croissance et la relance économique [en Région wallonne] par le biais de l’innovation technologique, en accélérant le développement de villes et communes plus intelligentes.”

Les activités que déploiera FuturoCité concerneront principalement 5 domaines: mobilité, environnement, énergie, bâtiments intelligents, sécurité (au sens large du terme).

Pour ce faire, le centre s’appuiera notamment sur l’expertise développée et sur les ressources mises en oeuvre dans le cadre de la stratégie Smarter Cities/Smarter Planet d’IBM. Même si, en la matière, Frank Butstraen, nouveau directeur du centre montois, tient d’emblée à préciser qu’il n’est aucunement question que FuturoCité soit une sorte de succursale de Big Blue. Primo, parce que d’autres partenaires seront impliqués. “S’il est logique qu’IBM, de par son expertise et l’importance qu’occupe les “smart cities” dans sa stratégie, devienne le fer de lance du nouveau partenariat public-privé, d’autres acteurs ont leur place.” A commencer par Cisco, qui a d’ores et déjà confirmé sa volonté de poursuivre la collaboration et son implication dans le centre. D’autres participants de la première heure, à savoir Deloitte et Mobistar, doivent encore confirmer.

Deuzio, les solutions proposées ou imaginées devront nécessairement correspondre au contexte local. Celles, dès lors, déployées par IBM dans les grandes villes au niveau international ne sont pas- et parfois loin s’en faut- applicables aux contraintes et besoins de villes européennes. A fortiori à des entités locales belges. Big Blue, au niveau de la Corp, insiste d’ailleurs Frank Butstraen, commence à se rendre compte que du “one fits all” n’est pas efficace ou pertinent. Un réalignement est donc dans l’air. Auquel pourrait participer activement un possible partenaire de FuturoCité: à savoir, le laboratoire d’IBM de Dublin (Global Smarter Cities Technology Center) qui développe des applications “smart cities” orientées “collaborative innovation”.

Ecosystème local

Frank Butstraen: “Notre seul but est d’entretenir des liens privilégiés avec les acteurs publics et privés locaux. Nous ne sommes pas un concurrent mais un catalyseur.”

Outre la perspective de voir des partenaires tels Mobistar et Deloitte confirmer leur participation à FuturoCité, aux côtés d’IBM et de Cisco, la liste pourrait- devrait idéalement- s’allonger. FuturoCité est ainsi à la recherche de partenaires industriels directement impliqués dans les domaines-cible (bâtiment, mobilité, efficience énergétique, transports efficients…).

Il s’agira également d’attirer vers l’initiative et d’impliquer de manière active de petites (ou moyennes) sociétés locales, en ce compris des start-ups. A cet égard, il faudra briser la glace, faire disparaître cette peur, cet a-priori qui avait surgi du temps d’Euro Green IT, les acteurs locaux se demandant parfois quel était leur intérêt à collaborer ou à s’impliquer dans une initiative pilotée par des géants tels IBM ou Cisco.

“Je tiens à souligner que FuturoCité n’est en rien une antenne commerciale d’IBM”, promet Frank Butstraen. “Notre seul but est d’aider et de sensibiliser. De créer et d’entretenir des liens privilégiés avec le secteur public et les acteurs privés. Nous ne sommes pas un concurrent. Nous sommes un catalyseur.”

L’intention, en tout cas, est de faire basculer la représentativité public-privé en faveur de ce dernier. Dans une perspective d’autonomie financière et opérationnelle allant croissant.

Espoirs (ou ambitions)

A l’issue du mandat de trois ans qui lui a été donné par la Région (et, de manière plus spécifique, par le cabinet Marcourt), FuturoCité espère avoir rempli trois objectifs chiffrés:

– génération d’un marché de plus de 100 millions d’euros, via la sensibilisation du “Top 40” des communes wallonnes

  • création de 20 start-ups
  • création de 200 emplois (directs ou indirects).

A quoi correspondent ces chiffres (“Top 40” des communes, marché de 100 millions)?

FuturoCité raisonne en fait en termes d’impact et d’efficacité dans les démarches. Si le Centre parvient à intéresser, informer et mobiliser les 40 principales communes (en termes de population) de la Région wallonne, c’est une population de 1,7 million d’habitants qui sera immédiatement concernée. Pour atteindre ce “marché” de 100 millions d’euros, l’investissement serait donc de 60 euros par habitant, sur 3 ans. Et ce marché, FuturoCité veut le susciter “via ses activités d’information, la création de start-ups et l’extension des activités des entreprises existantes.”

Information. Sensibilisation. Action.

FuturoCité se donne donc pour objectifs principaux d’informer et de sensibiliser les communautés urbaines (entre autres cibles) aux problématiques de développement économique et durable. Un qualificatif d’“urbain” qu’il faut prendre au sens large du terme, toute entité, grande ou petite, étant potentiellement intéressée et concernée par des problématiques de mobilité, d’efficience énergétique, de sécurité etc.

Même si FuturoCité pense en priorité au “Top 40”, les 222 autres communes wallonnes ne sont pas pour autant oubliées, souligne Frank Butstraen. “Mais il est clair qu’une solution qui serait développée dans le cadre de Mons 2015, par exemple, ne pourra sans doute être mutualisée que par une quinzaine de communes.” Question d’échelle et de pertinence de la solution face aux problématiques spécifiques. “Chaque commune nous intéresse mais de manière différente. Les problématiques étant différentes, il s’agira de moduler l’approche. Si notre première cible sera les grandes communautés, si une commune, quelle que soit sa taille, veut en savoir plus, nous prendrons notre bâton de pèlerin…”, promet-il. Il évoque d’ailleurs une piste possible pour les entités plus modestes qui désireraient profiter des solutions smarter cities. A savoir le cloud. “Quatre petites communes pourraient par exemple parfaitement s’unir pour bénéficier des avantages d’un centre de contrôle urbain, hébergé dans le cloud.”

Frank Butstraen : “La stratégie que nous voulons mettre en oeuvre est de développer des écosystèmes d’innovation, de susciter l’innovation, en collaboration avec les entités publiques et privées.”

L’un des interlocuteurs et “relais” privilégiés de FuturoCité sera l’Union des Villes et Communes (UVCW) avec qui le Centre envisage notamment d’organiser des sessions de sensibilisation destinées aux mandataires. “Nous pouvons aider l’UVCW à parler contenu, à expliquer aux mandataires ce qui est réalisable, comment maximiser l’impact des transformations technologiques…”

Autre interlocuteur considéré comme important: IMIO (intercommunale de mutualisation informatique et organisationnelle) “à qui nous pouvons apporter toute l’expertise existante des parties prenantes de FuturoCité, pour les aider à faire les bons choix dans leur propre champ d’action et à conscientiser les mandataires aux diverses problématiques.”

“Nous voulons instaurer le dialogue entre le privé et les autorités locales, organiser la diffusion de la veille stratégique que nous assumerons, organiser des séminaires, des ateliers thématiques qui devront déboucher sur la formulation d’idées concrètes. Nous viendrons en appui pour les start-ups, afin de les aider à passer du stade de l’idée à celui de l’industrialisation. Nous accompagnerons des projets d’innovation. Mais notre rôle, en tant que partenariat public-privé, n’est pas de mener en solo de grands projets-pilote, de réaliser certaines choses pour le compte d’acteurs privés. Nous devons plutôt nous inscrire dans des contextes de collaboration.”

L’héritage Euro Green IT

Quid de l’héritage et des dossiers amorcés du temps d’Euro Green IT?

Certains dossiers sont en phase de bouclage. Ainsi le projet Smart Work Centers est-il désormais la responsabilité de la sprl éponyme, n’impliquant plus d’intervention active de FuturoCité.

Le programme d’accompagnement de start-ups Dragons a été mis au frigo par le gouvernement wallon. Toutefois, il poursuivra ses activités pour les dossiers de start-ups qui avaient été sélectionnées au fil de trois appels à projets.

Dans les deux cas, les fins de budgets alloués seront gérées en ce début 2013.

Le projet de gestion de l’efficience énergétique des bâtiments publics sera, quant à lui, réactivé. Premier objectif: capitaliser sur l’étude réalisée (bâtiments administratifs et d’enseignement de la province de Hainaut) afin que la Province, notamment, en exploite les conclusions.

Les activités de formation et de certification green IT (préparation au certificat BCS) seront poursuivies. Cible: les entreprises et collectivités. La collaboration avec l’Alliance Green IT française sera également poursuivie. Les formations devraient en outre être étendues à d’autres bénéficiaires. L’intention est en effet de proposer des séances d’informations aux écoles (pour des tranches d’âge encore à déterminer) afin de “conscientiser et promouvoir les concepts du green IT auprès des plus jeunes.”

Un autre “asset” constitué dès la création d’Euro Green IT n’est autre qu’une infrastructure Cloud. Il avait certes été question d’en faire bénéficier les projets du Centre, voire des start-ups et entreprises, mais il reste clairement des capacités à exploiter. Aujourd’hui, FuturoCité dit vouloir mettre l’infrastructure à la disposition des hautes écoles et universités.

Changement de méthodes

Il faudra bien entendu en juger sur pièce, à l’épreuve des actions qui seront engagées, mais Frank Butstraen entend instiller à FuturoCité quelques méthodes de gestion et règles de fonctionnement davantage soumises à évaluations. “Il faut une gouvernance claire. Nos activités seront mesurées tous les mois, sur base de KPI [key performance indicators]. Ce partenariat public-privé doit être géré comme une entité ayant des objectifs clairs.”

“Nous sommes également en passe de définir une charte qui détaillera la participation de chaque partenaire (investissement, mise à disposition d’ETP…). Cela permettra de mesurer la contribution de chacun- acteur public ou privé. Cette gouvernance est absolument nécessaire si on veut savoir ce qu’on attend de chacun.”

Transition

FuturoCité et, de manière plus spécifique, son nouveau directeur ont noué de premiers contacts, tant du côté public (UVCW, IMIO…) que privé (partenaires potentiels, monde de l’enseignement, start-ups…)

Si le cadre générique est posé, les modalités d’exécution et l’agenda doivent encore être formalisés. L’ancienne équipe d’Euro Green IT fait progressivement place à la relève. Pierre Leclercq, l’ancien directeur, a cédé sa place à Frank Butstraen. Les premiers recrutements concernent notamment une personne qui s’occupera du projet FP7 E[Plus] auquel participe FuturoCité aux côtés de l’intercommunale hennuyère IDEA et d’IBM Espagne, notamment.

Pour ce qui est des futurs membres de l’équipe, aucune décision n’a encore été prise, Frank Butstraen préférant envisager des recrutements en fonction de l’évolution des activités.

E[Plus] est un projet européen FP7, initié en novembre 2012, qui a pour thème la planification urbaine et, de manière plus précise, les “nouveaux systèmes, technologies et modèles opérationnels, basés sur les technologies ICT, destinés à la gestion de quartiers d’habitation à énergie positive et proactive”. Objectif: développer des systèmes et modèles de gestion énergétique pouvant améliorer l’efficience énergétique au niveau d’un quartier engagé dans une stratégie “zéro émission”. E+ désigne en fait le système de contrôle à mettre en oeuvre, qui pilotera l’ensemble des ressources et points de consommation énergétiques (éclairage urbain, véhicules électriques, consommations électriques et énergétiques des bâtiments…).

Deux villes serviront de sites de démonstration: Mons et Malaga.

Parmi les partenaires impliqués dans le projet, citons IBM (filiale espagnole), TeamNet, l’intercommunale IDEA (Centre et Borinage), Vue-sur-Mons (développement et construction de bâtiments basse consommation) et des institutions de recherche (CIRCE-Centro de Investigacion de Recursos y Consumos Energeticos, EIT, université Pontificia Comillas).