Data centers européens: trop indifférents à la Directive 2020 européenne?

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Par · 21/02/2013

Emerson Network Power, société spécialisée dans les solutions de gestion de salles serveurs, a procédé, en ce début d’année, à une enquête auprès de 341 décideurs IT européens afin de déterminer dans quelle mesure les entreprises qui possèdent des data centers ou des salles serveurs ont déjà engagé des projets destinés à les optimiser, en termes énergétiques. Notamment en réaction à la sortie de la Directive 2020 de l’Union européenne, relative à l’efficacité énergétique.

Les résultats de cette enquête peuvent surprendre. Il en ressort en effet qu’une proportion non négligeable de ces responsables- pourtant tous des profils censés s’intéresser de près à la problématique énergétique- n’ont qu’une connaissance limitée des recommandations, des objectifs préconisés par la Directive ainsi que de ses implications.

Si 57% des personnes interrogées disent être au courant de son existence (ce qui en laisse malgré tout 43% qui n’en ont pas connaissance), seulement 22% d’entre elles en connaissent le contenu et les implications. Beaucoup, d’ailleurs, demandent à être mieux informées.

Parmi les 57% de personnes “au courant”, près d’un tiers disent ne pas se sentir concernées, estimant que la Directive n’aura aucun impact à leur niveau, que ce soit en termes de processus, de règles à respecter ou d’objectifs à atteindre. Parmi celles qui se sentent directement concernées, un tiers seulement ont déjà engagé des actions visant à optimiser l’efficience énergétique de l’infrastructure dont elles ont la charge. Un autre tiers planifie d’en lancer au cours des trois prochaines années.

Quelques actions déjà prises par certains: achat d’équipements moins énergivores, efforts mis sur une meilleure surveillance de l’infrastructure. Jusqu’à présent, une faible minorité d’entreprises  (3%) ont décidé de déménager purement et simplement leur salle serveurs vers un pays ne devant pas s’aligner sur la Directive européenne. 15% y ont pensé mais on rejeté l’idée.

Elles sont un peu plus nombreuses (8%) à avoir transféré leur salle vers un site d’hébergement tiers (en co-location). 17% ont envisagé ce scénario mais ne l’ont pas adopté. 14% n’ont pas encore pris de décision par rapport à cette piste d’outsourcing. 61% ne l’envisagent pas.

Voilà qui semble dénoter une volonté de prendre soi-même la responsabilité d’une optimisation des infrastructures existantes.

Une sensibilisation très… géolocalisée

Etonnamment, les prises de conscience semblent varier sensiblement d’un pays à l’autre. Ainsi pour la zone “DACH” (Allemagne, Suisse, Autriche), il ne se trouve aucun ressortissant suisse ou autrichien qui se dise concerné alors que le taux de conscientisation est de 46% côté allemand. Certes la Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne, mais cela ne peut certainement pas expliquer la totalité de ce phénomène.

Plus d’informations sur les résultats de cette enquête, notamment pour des aspects plus techniques (tels que la perception de la notion de PUE- Power Usage Effectiveness- ou le type de critères retenus pour contrôler l’efficience énergétique), via le site d’Emerson Network Power.

Méthodologie

L’enquête d’Emerson Network Power a été menée auprès de 347 décideurs informatiques, émanant principalement du secteur privé (72%).

Profils des personnes interrogées: responsables Datacenter (IT et/ou facilities management), responsables Engineering et directeurs (CIO, directeur financier).

Les sociétés interrogées évoluent dans de nombreux secteurs mais on y trouve une proportion importante d’opérateurs télécom (18%) et d’acteurs de l’industrie IT (10%). Il s’agit essentiellement aussi de grandes entreprises (employant plus de 200 personnes). La plupart des salles serveur que les responsables interrogés ont à gérer sont de taille moyenne (moins de 500 m2 et moins de 150 “racks”). La majorité des personnes interrogées étaient de nationalité allemande ou espagnole.

La Directive 20-20-20 de l’Union européenne prône trois objectifs, à concrétiser d’ici 2020:

  • une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre (par rapport à la situation qui prévalait en 1990)
  • l’utilisation de 20% d’énergies provenant de sources d’énergie renouvelables (éolien, solaire, hydroélectricité, énergie marémotrice, énergie géothermique, biomasse)
  • une diminution de 20 % de la consommation de ressources fossiles par rapport aux projections.