Wallonia Creative District: 30 mois pour convaincre

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Par · 04/02/2013

Nous vous l’annoncions tout récemment: la Wallonie a été sélectionnée par l’Union européenne comme “district créatif”. Qu’implique ce statut? Quel rôle y joueront des organismes tels les clusters (Infopole Cluster TIC et TWIST)? Qui pilotera ou animera le programme? Le programme d’actions et de projets sera détaillé par le menu d’ici quelques semaines mais en voici déjà les grandes lignes.

Pendant 30 mois- de janvier 2013 à juillet 2015-, la région opérera comme “large-scale demonstrator”, autrement dit un terrain d’expérimentation et de concrétisation de bonnes pratiques en matière de politique de redressement et de développement économique centrée sur la créativité.

Selon le cadre défini par l’Europe, un “Creative District” doit en effet “démontrer le rôle que l’innovation dans les services et les ICCs (Industries créatives et culturelles) peuvent jouer dans la transformation d’une région de tradition industrielle en ajoutant de la valeur à son économie par le design, la créativité et l’apport de collaborations trans-sectorielles, de manière à renforcer son positionnement dans les chaînes de valeurs globales.”

Le programme d’actions déposé par la Wallonie auprès des autorités européennes a notamment été retenu en raison de l’approche multi-sectorielle, multi-disciplinaire qu’il propose et qui vise essentiellement deux choses.

D’une part, “décloisonner”, c’est-à-dire faire davantage se rencontrer et collaborer des acteurs, des secteurs, les clusters et les pôles des activités.

D’autre part- et c’est une conséquence directe, favoriser les échanges, synergies, mise en commun de bonnes pratiques et valorisations mutuelles entre le acteurs des industries créatives et culturelles et les secteurs d’activités (plus) traditionnels.

5 partenaires

Le projet sera piloté et animé par la DGO6 (définition et suivi du projet), Wallonie Design (support, activation des relations entre industrie et créateurs, pilotage de projets), St’art Invest (instruments de financement, accompagnement des ICC), l’AWT (support et mise à disposition de ressources d’infrastructure et d’animation) et ID Campus (formation, promotion de divers schémas de coworking et de co-création).

Les clusters Infopole Cluster TIC et TWIST (Technologies wallonnes de l’image, du son et du texte) opéreront comme “partenaires associés”.

4 axes d’action

D’une manière générale, plusieurs objectifs globaux sont visés. Notamment, “insuffler de nouvelles dynamiques créatives dans les clusters et pôles de compétitivité régionaux”, “rajeunir la base industrielle”, et “favoriser une ouverture à l’international”, à la fois pour les acteurs locaux, pour les initiatives des clusters et pour des appels à projets tels que le Boost-Up/Industries créatives.

Tel qu’imaginé, le projet “Creative District” wallon opérera selon 4 axes:

  • apprentissage et formation: avec, notamment, le lancement d’un nouveau programme de master destiné à stimuler les attitudes créatives et à décloisonner les disciplines; et la formation, évidemment nécessaire, de… formateurs en créativité
  • support à l’entrepreneuriat: le programme BoostUp/Industries créatives s’ouvrira à l’international; les espaces de co-working seront utilisés comme ”outils de rapprochement entre les ICC et les industries traditionnelles”; il s’agira aussi de favoriser le développement de compétences de consultance en innovation créative; et la Région envisage de créer des “chèques créativité” à l’usage des PME en vue de favoriser le recours par les acteurs de secteurs traditionnels à des services prestés par les industries créatives
  • support financier: des outils de financement spécialement dédiés aux spécificités des ICC seront créés et des actions tendront à rapprocher acteurs des ICC et investisseurs
  • activités de réseautage: les clusters et les pôles de compétitivité devront accentuer l’apport des ICC en leur sein, favoriser une fertilisation croisée entre acteurs ICC et membres de leurs réseaux; à cela s’ajoutera la promotion et la valorisation du secteur du transmédia.

Le rôle des clusters

En raison de leur “carte de visite” – l’ICT pour l’Infopole Cluster TIC, les technologies de l’image et du son pour TWIST – et leur caractère trans-sectoriel (lICT et le numérique étant utiles à tous les métiers et industries), les deux clusters sont considérés comme des instruments importants pour susciter des croisements et de la valeur ajoutée entre secteurs traditionnels et industries culturelles et créatives. A charge pour eux, dans un premier temps, d’accueillir dans leurs rangs davantage d’acteurs venus de ces secteurs culturels et créatifs. Un élargissement potentiel qui concerne a priori davantage l’Infopole Cluster TIC que TWIST.

Les deux clusters, ainsi d’ailleurs que les pôles de compétitivité, axés chacun sur un domaine thématique, devront mettre en oeuvre des mécanismes (réseautage, appels à projets, collaboration, échange de bonnes pratiques…) permettant de doper le recours à l’innovation (numérique, notamment), de favoriser le développement et la commercialisation de produits et services ayant bénéficié de l’apport de processus novateurs.

Objectif: “déclencher une dynamique dans les chaînes de valeurs industrielles et économiques qui profite à un maximum d’entreprises wallonnes.”

Il reviendra également aux deux clusters de favoriser un positionnement plus international des acteurs locaux, au travers de relations inter-réseaux et de coopérations transfrontalières. L’intention, à cet égard, étant d’ouvrir aux produits, services et créations locales un plus vaste champ de débouchés. Dans l’espoir, par conséquent, de pouvoir faire un sort à la critique- d’ailleurs souvent méritée- de sociétés locales qui ne cherchent pas suffisamment de croissance à l’international. Alors même que le marché local est très logiquement trop étriqué pour leur offrir une assise stable, des perspectives de croissance et des ressources pour l’innovation continue.

Dans cette optique d’ouverture à l’international, les clusters seront chargés de sensibiliser leurs membres mais aussi d’autres cibles aux potentiels et avantages d’une démarche internationale. Ils seront chargés de recueillir des informations et de documenter les bonnes pratiques d’autres clusters étrangers afin d’en faire bénéficier les clusters locaux ainsi que les acteurs ICC. La diffusion d’informations se fera aussi à destination de l’international, à l’occasion de la diffusion des résultats engrangés lors de ce projet de démonstrateur à grande échelle.

Cette dissémination d’informations et de bonnes pratiques se fera en priorité via les collaborations déjà existantes au sein de la Grande Région, d’Eurométropole (Flandre occidentale, Wallonie picarde, Nord-Pas-de-Calais) ou de l’Euregio (Limbourg belge et hiollandais, Rhénanie/Palatinat, Province de Liège…).

Promotion du ”transmédia”

Le “transmédia” se définit comme une méthode de développement de projets média (œuvres de fiction, documentaires, produits de divertissement) qui a simultanément recours, dès le stade de la conception, à de multiples supports audiovisuels, en vue d’une diffusion sur un maximum de médias et de supports: cinéma, télévision, Internet, réseaux sociaux, smartphones…

Dans le cadre du programme Wallonia Creative District, l’objectif sera non seulement de structurer, renforcer et développer ce secteur au niveau local mais aussi de l’insérer, voire de lui faire jouer un rôle moteur, dans la mise en oeuvre d’une filière transmédia européenne ou d’un cluster transfrontière. Un projet européen FP7 (Region of Knowledge), auquel participent les deux clusters wallons, sera un instrument utile pour les recherches de synergie et le développement de nouveaux concepts.

La recherche de collaborations et de synergies pourrait même dépasser les frontières européennes de telle sorte à impliquer un cluster canadien.

L’une des premières démarches consistera à identifier des partenariats potentiels entre acteurs locaux et homologues étrangers. L’espoir, bien évidemment, est que le premier impact se manifeste au niveau local, en initiant des synergies, une professionnalisation du secteur (encore naissant), des pistes de développement pour de nouveaux métiers et un positionnement à l’international pour les acteurs locaux.