“My Digital Future”: projet de sensibilisation pour jeunes d’origine étrangère

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Par · 21/01/2013

Source: Interface 3

L’idée a pris forme à l’occasion de la candidature qu’Ada Sekirin a posée au concours ICT Woman of the Year organisé par le magazine Data News.

Comme chaque candidate est invitée à inclure dans son profil un projet sociétal, Ada Sekirin, vice-présidente Benelux de Business & Decision (société spécialisée en services d’intégration- BI, CRM et gestion des risques, notamment), a imaginé lancer un projet de sensibilisation des jeunes d’origine étrangère afin de les amener à s’intéresser davantage aux perspectives professionnelles qu’offrent l’IT et le numérique.

Un thème qu’elle dit à la fois correspondre à l’esprit multiculturel que veut cultiver sa société et à ses propres préoccupations personnelles. Elle-même d’origine russe, elle dit “croire fermement à l’intégration sociale par le travail. Il n’est pas possible d’avoir une vie satisfaisante et d’être intégré dans une société, quelle qu’elle soit, si on ne travaille pas, si on ne crée pas quelque chose.” Or, aujourd’hui, l’informatique et le numérique sont devenus indissociables de notre quotidien et “offrent d’incroyables opportunités à ceux qui veulent devenir entrepreneur.” D’où l’idée d’en convaincre également des jeunes qui, par leurs origines ou leur environnement, ont moins de chances que d’autres de se réaliser et de se lancer dans cette voie.

Un projet en trois étapes

Son projet “My Digital Future” est d’ailleurs devenu un projet familial, puisque ses deux filles (l’une ingénieur, l’autre étudiante en dernière année à la Solvay Business School), s’y associent de manière étroite.

“My Digital Future” s’articulera en trois étapes. Dans un premier temps, c’est-à-dire à partir de février ou mars, Ada Sekirin visitera personnellement les classes d’avant-dernière année secondaire de 5 ou 6 écoles bruxelloises francophones dites “écoles en discrimination positive” qui accueillent une majorité de jeunes d’origine étrangère. La première visitée sera l’Institut Notre-Dame d’Anderlecht.

Ada Sekirin: “toute passion peut être déclinée en numérique.”

“Je raconterai mon expérience personnelle, parlerai des opportunités professionnelles qu’offre l’IT. Des consultantes de Business & Decision, d’origine étrangère, des Turques et Albanaises notamment, sont prêtes à effectuer la démarche avec moi. Ce sera aussi peut-être l’occasion de tenter d’attirer un maximum de filles vers les études informatiques, de lever à cet égard les appréhensions ou obstacles que rencontrent plus particulièrement les jeunes filles de culture musulmane. D’une manière plus large, je parlerai du numérique. J’expliquerai à ces jeunes que toute passion peut être déclinée en numérique et peut être source de revenus. Les jeunes ont besoin de rêver. Et pas seulement de devenir une star du rap ou du football. Le star système existe aussi dans le numérique. Il suffit parfois simplement de développer une belle appli mobile. Les success stories ne manquent pas. Je parlerai par exemple de la manière de monétiser un site, quel qu’en soit le contenu, quelle que soit la passion qui l’a vu naître. Je parlerai d’applis mobiles, d’e-books, de téléchargements de contenus et objets qui peuvent se vendre…”

Objectif: éveiller l’intérêt des jeunes et les faire s’inscrire à la deuxième phase qui consistera, pendant l’été 2013, en ateliers pratiques, organisés par deux écoles des devoirs bruxelloises. “On leur montrera ainsi comment monter un projet.”

Troisième étape: leur faire transformer une idée en projet. Avec, en finale, une remise de prix au meilleur projet (personnel ou collectif).


Appel à bonnes volontés

Pour l’aider à concrétiser son projet, Ada Sekirin est aujourd’hui à la recherche d’organismes qui travaillent dans le même but ou avec lesquels des synergies et collaborations seraient possibles.

Elle lance par ailleurs d’ores et déjà un appel à d’autres sociétés ou acteurs de l’IT pour les inviter à participer aux séances d’informations, aux ateliers, ou à co-financer les prix qui seront remis aux meilleurs projets. Pour les témoignages auprès des écoles, elle recherche des professionnels de l’IT ou du numérique, d’origine étrangère, qui ont réussi dans leur vie professionnelle et qui pourraient ainsi apporter un témoignage concret sur leur parcours et les promesses du numérique. Toute proposition peut lui être adressée via le formulaire de contact proposé sur le site Internet de Business & Decision.


Si l’idée s’avère un succès…

La forme exacte que prendra le projet “My Digital Future” n’est pas encore pleinement déterminée. “Les modalités évolueront encore. L’idée se raffinera notamment au gré des rencontres sur le terrain, avec les écoles, les enseignants et les étudiants”, souligne Ada Sekirin. Déjà, sur les conseils d’un professeur de l’Institut Notre-Dame d’Anderlecht (qui lui a servi de conseiller), elle a revu certains de ses objectifs, tel celui de prévoir un financement pour faire évoluer les meilleurs plans d’affaires esquissés en projets en bonne et due forme.

“C’est sans doute espérer trop à ce stade. Je considérerai déjà que l’idée est un succès si elle permet de susciter quelques projets par le biais desquels les jeunes auront développé une solution numérique. Je considérerai que l’idée marche s’ils découvrent ainsi le pouvoir que leur procure le numérique de devenir acteur de leur vie. Au sein de la population visée, en effet, les jeunes ont trop souvent la sensation de ne pas être à leur place, d’être simplement passifs, spectateurs. Si le programme débouche ne serait-ce que sur la création d’un site, ce serait déjà énorme. Même si ces jeunes, finalement, ne poursuivent pas leurs études, ils auront découvert qu’il y a par exemple moyen de transformer leur passion des réseaux sociaux en business. Mon but est avant tout de démystifier le numérique, de favoriser une démarche de créativité.”

Ada Sekirin: “Mon but est avant tout de démystifier le numérique, de favoriser une démarche de créativité. Mon action est sans doute plus psychologique que technologique.”

Mais si le programme “My Digital Future” rencontre du succès, Ada Sekirin a bien l’intention de lui donner une plus grande envergure. “J’en ferai une asbl. Et l’idée sera déployée plus largement, toujours sur Bruxelles.” Une focalisation géographique qu’elle explique par des raisons de facilité personnelle de démarche et par le taux de concentration des jeunes d’origine étrangère.

Portrait-minute

Ada Sekirin, d’origine russe, a débarqué en Belgique à l’âge de 17 ans. Diplômée en informatique à l’ULB e détentrice d’un MBA de la Solvay Business School, elle a débuté sa carrière coimme consultante indépendante e,-n projets de datawarehousing dans le secteur bancaire (Générale de Banque, BBL, Crédit communal). Elle fonde par la suite Flux Consulting, société qui sera rachetée par Business & Decision en 2002. Au cours de ces dix dernières années, Ada Sekirin y a occupé divers postes, progressant régulièrement dans la hiérarchie jusqu’à se voir confier le poste de vice-présidente Benelux et Europe de l’Est. Depuis peu, le marché allemand a également été placé sous sa responsabilité.