Projet “Be.Next”: future plate-forme IT pour PME

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Par · 14/11/2012

“Be.Next”. Voilà bien un patronyme qui fleure bon le nom de code. Sans trop révéler la nature de ce qu’il cache.

Be.Next est en fait un projet de recherche, financé à hauteur de 60% par la Région wallonne, sous forme d’avance récupérable (1,2 million d’euros sur deux ans) (*), qui vise à “développer la plate-forme technologique d’une nouvelle génération de produits logiciels ainsi qu’un premier lot de produits destinés à la gestion d’entreprise (ERP, gestion administrative et comptable…).”

Ce projet est une initiative de la société Be.Wan (Waterloo), spécialisée dans le développement de logiciels de gestion, la consultance et l’ingénierie informatique. “Nous voulons développer un nouveau socle pour les futurs développements de solutions de gestion”, explique Luc Thiriaux, directeur général de be.wan. “A l’heure actuelle, le développement d’applications de gestion demeure un processus lourd et long. Quand le logiciel est enfin prêt, le besoin a entre-temps évolué”, rendant le développement inadéquat.

Le principe que veut suivre et implémenter le projet Be.Next est triple: fournir une plate-forme de développement autorisant la construction modulaire et évolutive de solutions (quasi) sur mesure, dissocier les différentes composantes qui caractérisent souvent, à l’heure actuelle, une application, et, enfin, procéder par enrichissement à la carte d’un noyau fonctionnel commun à tous les utilisateurs.

Le projet planchera en parallèle sur divers aspects: interface, architecture, environnements de déploiement multiples (mobile, tactile, cloud…)

Architecture modulaire

Luc Thiriaux (Be.Wan): “Les concepts utilisés ne sont pas neufs mais rares sont les éditeurs qui les appliquent.”

Le projet de développement vise à mettre en oeuvre une plate-forme et un schéma fonctionnel modulaire suffisamment souple pour autoriser le développement rapide de logiciels métiers (ERP, comptabilité, gestion commerciale, gestion de stock…) qui correspondent le plus étroitement possible aux besoins spécifiques des clients.

Au lieu de procéder par développement de modules et fonctionnalités parallèles, qui exigent un gros travail d’intégration et résultent dans des solutions-“spaghetti” dont la moindre adaptation a des implications sur l’ensemble des modules, be.wan préconise une approche en hub-and-spoke (coeur et modules satellites). “L’adaptation d’un module satellite n’aura aucune influence sur les autres. Si un client veut pouvoir disposer d’un module comportant davantage de fonctions ou des potentiels plus spécifiques à sa situation, il suffira de remplacer le module standard par une version “augmentée” qui se connectera au coeur.”

Eviter les imbrications qui paralysent

Chaque module de base comportera un socle fonctionnel commun suffisant pour couvrir les besoins métier fondamentaux. Selon le principe de l’héritage de fonctions, il pourra être dupliqué et enrichi avec d’autres fonctions complémentaires que demanderaient les clients, devenant ainsi cette “version augmentée”, sorte de désinence personnalisée, pouvant se greffer au coeur sans impacter le reste des modules.

Plus jamais ça… (Source: NurdCartoon)

La plate-forme devra permettre un développement en couches: modules de base, fonctions métier (ERP, CRM, HR, e-business…), processus métier, base de données, infrastructure d’hébergement (soit sur site ou dans le cloud). De quoi rendre indépendants et librement combinables les volets interface, processus métier et base de données.

L’un des défis majeurs du projet est de déterminer le contenu du socle fonctionnel commun, pouvant convenir à l’ensemble des utilisateurs. Un contenu qui ne soit ni trop basique, ni trop riche pour autoriser le principe d’héritage n’impactant pas le coeur fonctionnel. “A l’heure actuelle”, explique en guise d’exemple Luc Thiriaux, “une fiche de stock peut comporter jusqu’à 20 onglets et 500 champs. Il faut en arriver à quelque chose de nettement moins complexe.”

La phase actuelle d’analyse devra déterminer le bon dimensionnement en termes de fonctions de base. “L’idée est de permettre la conception d’une sorte d’ERP allégé qu’on adapte et enrichit ensuite, spécifiquement pour chaque société. Le client pourra le faire évoluer au gré de ses besoins, sans forcément devoir en appeler à un consultant ou à un développeur tiers.”

“Un produit standard, adaptable aux besoins, aux fonctionnalités identiques quel que soit l’environnement.”

Quant aux évolutions et enrichissements fonctionnels des modules de base, ils seront pris en charge soit par be.wan, soit par des partenaires européens. En effet, la société ambitionne de rendre le projet exploitable à l’étranger. “Les partenaires auront accès à notre plate-forme afin de réaliser des développements locaux, adaptés à leurs marchés respectifs.”

Interface

En plus du concept modulaire pour la phase de développement, le projet Be.Next planchera sur une interface utilisateur destinée à faciliter la “navigation” dans des applications qui, évolution oblige, seront désormais essentiellement basées sur le Web.

L’interface permettra à l’utilisateur d’avoir constamment à l’écran, sous une forme du diaporama, les pages successives de sa navigation. “Il pourra ainsi toujours voir la page d’où il vient ainsi que les précédentes.” Le principe s’appliquera aussi bien à la navigation Internet qu’à une navigation à travers les écrans successifs d’une ou plus application on-line. “Prenons l’exemple d’une solution de comptabilité on-line. En cours d’utilisation, on passe par de multiples écrans consécutifs. Se repérer, se souvenir du trajet parcouru n’est pas évident. Il arrive aussi qu’on ait besoin d’afficher simultanément les deux écrans précédents, pour faire des comparaisons ou pour procéder à un copier-coller…”

Quelle cible?

Le projet de plate-forme et, par-delà, de développement de modules métier s’adresse en priorité à une cible de PME et TPE mais il pourrait viser également de grosses PME ou des filiales de grandes entreprises. Mais il serait évidemment vain, sinon fatal, de vouloir se positionner en concurrent d’acteurs tels que SAP, Microsoft ou Oracle?

Comment Luc Thiriaux voit-il, dès lors, le positionnement futur? “Nous jouerons la carte du local, de la flexibilité, de l’adaptation dynamique au besoin concret de la PME- chose qu’une société telle SAP ne pratique pas réellement puisque son coeur fonctionnel n’est pas adaptable. Il existe un réel besoin d’ERP. Les PME locales s’en rendent de plus en plus compte.” Mais ne trouvent donc pas, selon lui, chaussure à leur pied.

Cloud “semi-privé”

be.wan compte par ailleurs mettre en oeuvre une infrastructure “cloud” (basée sur la solution open source OpenStack). “Nous voulons en effet demeurer maître de l’infrastructure et de toute la chaîne afin de pouvoir réagir de manière souple aux demandes des clients.”

Cette infrastructure cloud sera exploitée en priorité pour les propres besoin d’hébergement applicatif de be.wan (ses solutions étant proposées en mode SaaS voir PaaS aux clients) et sera par ailleurs réservée à ses clients, dont elle gérera ainsi l’infrastructure, les solutions logicielles et éventuellement les données.

be.wan recrute

Alors que le projet en est encore dans sa phase initiale et implique cinq personnes, be.wan cherche une quinzaine de profils pour renforcer l’équipe de développement. Essentiellement des programmeurs et développeurs (C#, php, iPhone/iPad…), des architectes et des chefs de projet.

(*) Le projet de 24 mois a été initié en juin 2012. Si les résultats des développements correspondent aux attentes, il sera probablement prolongé pour une deuxième période de deux ans, pour laquelle be.wan réintroduira sans doute une deuxième demande de financement (partiel) par la Région.