Claroline: demain, l’âge adulte?

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Par · 18/10/2012

En 2001, des développements menés au sein de l’UCL donnaient naissance à la plate-forme d’e-learning Claroline. Petit à petit, cette solution a séduit nombre d’établissements d’enseignement de par le monde, débordant progressivement vers d’autres environnements, en ce compris dans le monde des entreprises. Aujourd’hui, on trouve des utilisateurs de Claroline dans une centaine de pays, avec des contenus formulés dans quelque 35 langues.

A un an du lancement de la prochaine version (qui sera une “évolution majeure de la plate-forme” – voir notre article à ce sujet), l’écosystème Claroline vit aujourd’hui un chapitre sans doute charnière de son existence. Pour gagner encore en crédibilité et représentativité et pour mieux refléter ce que ses utilisateurs attendent de la plate-forme, le consortium cherche à asseoir sa pérennité et ses valeurs fondamentales.

Cela se traduit notamment par une ouverture à de nouveaux membres contributeurs et par la recherche de nouveaux financements.

Autre évolution majeure: l’intérêt croissant des entreprises qui, elles aussi, utilisent Claroline pour la formation de leurs collaborateurs. Un exemple en Belgique: Ethias. D’autres utilisateurs se retrouvent dans le secteur public (SPF Intérieur), de la formation continuée (CESEP, IFAPME), du para-public (Coopération Technique Belge).


Claroline en chiffres

 plate-forme utilisée dans plus de 100 pays

contenus disponibles en 35 langues

plus de 2.000 institutions utilisatrices

quelque 5.000 plates-formes installées

nombre d’utilisateurs finaux: l’estimation est difficile, notamment du fait que le téléchargement est libre mais les responsables l’évaluent en millions. “Le nombre d’utilisateurs, par installation, varie entre 4 et plusieurs milliers”, souligne Philippe Mercenier, secrétaire général du consortium Claroline

répartition par type d’utilisateurs: ici encore il s’agit d’une estimation, mais les universités demeurent largement majoritaire (de l’ordre de 80%), suivies par les écoles secondaires (environ 10%; surtout françaises), le secteur non marchant (environ 5%) et les entreprises (environ 5%).

Claroline s’est hissée parmi les 5 premières plates-formes d’e-learning dans le monde mais Moodle, leader du secteur, conserve une avance plus qu’appréciable (la plate-forme revendique près de 70.000 sites utilisateurs). Par contre, selon une étude publiée par l’AWT, Claroline serait n° 1 en Belgique et n° 2 en France (derrière Moodle)


Evolution du consortium

Parmi les 13 membres effectifs, on dénombre trois belges (UCL, Haute Ecole Léonard de Vinci, AWT), 5 français, 1 chilien, 1 espagnol, 1 québécois, 1 américain et 1 marocain.

Philippe Mercenier: “Nous voudrions augmenter le nombre d’institutions représentant la composante wallonne ou belgo-francophone.”

La France, de toute évidence, est très active. Ce qui, en soi, n’a rien de gênant, bien au contraire, mais, de la part des initiateurs de la plate-forme, on désirerait renforcer l’ancrage local tout en affirmant le caractère résolument international du consortium.

“Nous voudrions augmenter le nombre d’institutions représentant la composante wallonne ou belgo-francophone”, souligne Philippe Mercenier, secrétaire général du consortium Claroline. “Nous espérons pouvoir attirer l’ULB et l’ULg, même si c’est difficile dans la mesure où, à part quelques exceptions, comme à la HEC-ULg, ils ont opté pour la plate-forme d’e-learning Blackboard.

Les Français, de leur côté, sont actuellement très actifs, ce qui pourrait avoir comme implication un glissement du centre de décision. Or, nous voulons rester un consortium international. Nous voudrions donc l’élargir. Mais sans pour cela aller vers un trop grand nombre de membres effectifs. 20 ou 25 serait sans doute l’idéal. Plus serait diminuer l’efficacité dans les prises de décision…”

Une question de moyens

Dans une certaine mesure, la richesse des fonctionnalités dont bénéficiera la prochaine version (attendue pour septembre 2013) dépendra des moyens financiers dont dispose ou disposera, à court terme, le consortium. Ce sera en tout cas vrai pour le développement d’interfaces pour personnes souffrant de handicaps.

Le consortium compte donc beaucoup sur de nouvelles pistes pour alimenter son besoin actuel.

“Une fois la nouvelle version lancée, nous pourrons en revenir à un fonctionnement et à un scénario plus habituels. Mais dans l’immédiat, nous avons un fossé à franchir”, insiste Philippe Mercenier.

Pour l’heure, la majorité des moyens viennent des cotisations des membres effectifs et de leur apport en moyens non financiers (mise à disposition d’effectifs, qu’il s’agisse de développeurs ou de personnes effectuant des tâches davantage opérationnelles, voire administratives).

L’arrivée de membres adhérents, qui seront potentiellement (beaucoup) plus nombreux que les membres effectifs, devrait permettre d’alimenter les caisses.

Philippe Mercenier: “Nous voudrions augmenter le nombre d’institutions représentant la composante wallonne ou belgo-francophone.”

Mais le gros espoir est de voir les pouvoirs publics locaux s’intéresser plus activement à la plate-forme. “Nous bénéficions d’un soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui met à disposition deux professeurs détachés mais nous voudrions que la Région wallonne en fasse davantage. D’une part, en raison du travail en cours pour le développement de la nouvelle version, qui nécessiterait de renforcer l’équipe de développement. D’autre part, pour mieux nous aider dans notre volonté de renforcer l’ancrage wallon du consortium. Nous n’avons pas forcément besoin de grosses mises de fonds. Si nous pouvions obtenir ne serait-ce que 250.000 euros pour deux ans, nous serions déjà satisfaits”, déclare Philippe Mercenier.

Deux autres pistes de financement pourraient se matérialiser à moyen ou plus long terme.

D’une part, des projets européens, financés pour partie par le privé, pour partie par le public. Une participation à un projet FP7 est par exemple à l’étude.

D’autre part, la création, en parallèle au Consortium, d’une société de services, qui puisse répondre aux demandes de services et d’assistance qui émanent des utilisateurs. Plus particulièrement, des entreprises. Par exemple, pour orchestrer l’hébergement des plates-formes Claroline, procurer des formations, une assistance à long terme.

La création de cette société de services est d’emblée envisagée dans une perspective internationale, au travers de la mise en place d’un réseau de partenaires. Ce sera en tout cas nécessaire si le consortium Claroline désire voir la plate-forme davantage adoptée outre-Atlantique. “Une grande université américaine, qui était pourtant intéressée par la plate-forme, nous a signifié qu’elle ne pouvait la déployer en raison du fait qu’il nous était impossible d’assurer des services de proximité.”