Make A Sign: l’idée était la bonne mais en avait inspiré d’autres…

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Par · 24/07/2012

L’équipe de trois étudiants liégeois qui a participé au concours international Imagine Cup organisé par Microsoft est revenue d’Australie avec des sentiments mêlés. Eliminée au stade des qualifications pour la finale, elle a au moins eu la satisfaction de voir l’idée de son projet “Make A Sign” récompensée par le jury. C’est en effet une application, basée sur ldes gants sensoriels, permettant aux sourds de traduire des gestes en paroles, qui a été désignée comme gagnante du concours dans la catégorie Software Design. Mais cette appli mobile (“Enable Talk”) est celle d’une équipe ukrainienne (la quadSquad), qui avait eu la même idée.

Si le concept et l’application étaient à même de séduire le jury et de l’emporter sur les autres projets proposés, pourquoi le trio liégeois a-t-il échoué? Où donc se nichait le lézard? Il semble, en fait, que le projet ukrainien soit apparu comme plus abouti.

Technologiquement, l’application ukrainienne est plus sophistiquée. La reconnaissance visuelle des signes implique en effet le recours à des gants sensoriels, munis de 15 capteurs et d’un microcontrôleur afin d’interpréter la position des doigts dans l’espace.

La sophistication technologique, en soi, n’est pas forcément un atout dans la mesure où les solutions proposées doivent pouvoir être déployées à grande échelle, toucher un vaste public qui n’a pas forcément beaucoup de moyens pour s’équiper en solution (trop) onéreuse. De ce point de vue-là, le recours à des gants on ne peut plus banals, dotés de simples pastilles de couleurs, penchait plutôt en faveur de l’équipe liégeoise.

“Notre solution ne nécessitait aucun matériel spécifique et était construite quasiment exclusivement sur de l’interprétation d’images filmées par la Kinect. Nous pensions donc avoir une solution plus adaptée à notre catégorie Software Design”, déclare Arnaud Jund, Microsoft technical advisor chez Neomytic, la société montoise chez qui le trio a effectué son stage et développé le projet. “L’annonce des résultats, au premier tour des qualifications, ne nous aura pas donné raison.”

L’équipe belge n’en reconnaît pas moins que “le projet de nos collègues ukrainiens était beaucoup plus abouti et donc plus démonstratif. En discutant avec eux, nous nous sommes aussi rendu compte d’un autre facteur déterminant. Leur projet était le fruit de quasiment trois années de travail, alors que Make a Sign n’existait que depuis 4 mois. Et, de fait, beaucoup d’équipes arrivent sur place avec un projet dont la charge de travail se calcule en années, car il est souvent le fruit d’un cycle d’études complet, 3 à 5 ans. Des projets se passent d’équipe en équipe, d’année en année.” Ce qui l’amène à conclure: “nous savons, de manière officieuse, que notre projet n’a pas été retenu car l’Ukraine proposait quelque chose de similaire mais plus abouti. Et, au final, c’est l’Ukraine qui remporte la palme d’or de la catégorie Software Design. Nous perdons donc en fait contre les grands gagnants du concours Imagine Cup 2012.”

“Tout le monde ne jouait pas dans la même ligue…”

L’expérience australienne aura donné d’autres enseignements. Préparer un pitch et une démo convaincants peut ne pas être suffisant. La présentation du projet est un tout, où chaque détail, chaque chapitre de la communication, compte. Arnaud Jund raconte: “Lors de notre première défense orale, nous étions très confiant, car nos étudiants ont effectué une présentation quasiment irréprochable et très bien construite. Les membres de notre jury ont été, semble-t-il, convaincus par notre solution et la manière dont nous l’avons défendue.

Avant l’annonce des résultats du premier tour, chaque équipe devait installer un stand afin de pouvoir exposer sa solution. A partir de ce moment-là, nous nous sommes rendus compte que toutes les équipes n’abordaient pas le concours de la même manière. Certains stands étaient montés de manière très professionnelle, avec distribution de goodies et autres dossiers de présentation.  Certaines équipes avaient de gros moyens financiers pour s’assurer d’une visibilité optimale.”

Ajoutez à cela, sans doute, que d’autres équipes présentaient un projet qui avait eu le temps de mûrir et d’apparaître dès lors davantage fini, plus mûr, et vous aurez sans doute quelques tuyaux intéressants pour les futurs participants.

Arnaud Jund (Neomytic): “Il faudra surtout retenir, que cette aventure extraordinaire, riche en rencontres aussi bien humaines que technologiques, sera un souvenir remarquable pour nos étudiants. Peu d’étudiants peuvent faire valoir une telle expérience sur un curriculum vitae.”

Que va devenir le projet?

L’aventure australienne, à la fois encourageante et décevante, aura peut-être une suite. L’équipe, en tout cas, se donne quelques mois pour faire le point et déterminer les chances ou l’opportunité de poursuivre plus avant. “Nous évaluons avec l’aide d’acteurs locaux, régionaux, nationaux et même internationaux l’opportunité qu’il y a à donner une continuité au projet Make a Sign”, déclare Arnaud Jund.

Les Belges, 3èmes en Game Design

L’équipe « HotFix » de HoWest, qui alignait le jeu Influence.

L’autre équipe belge présente à Sydney, à savoir des étudiants de la Haute Ecole de Flandre occidentale (HoWest) qui concouraient dans la catégorie Game Desiogn Xbox/Windows ont décroché une plus qu’honorable troisième place dans leur catégorie, grâce à leur jeu Influence.

Quant aux gagnants, on a déjà mentionné la victoire de l’équipe ukrainienne quadSquad dans la catégorie Software Design. La session de présentation de leur projet est sur YouTube.

Autres lauréats:

  • catégorie Game Design Xbox/Windows: l’équipe thaïlandaise Tang Thai avec un jeu axé sur l’environnement et la lutte contre la déforestation
  • catégorie Game Design Phone: l’équipe américaine Drexel Dragons, avec un jeu pour formation aux mathématiques pour les élèves du primaire?