Smart City Institute: revoir la gouvernance des villes “intelligentes”

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Par · 30/06/2016

Le Smart City Institute, centre de recherche et de formation de HEC Liège dédié aux “smart cities”, avait choisi sa conférence annuelle pour récompenser des équipes d’étudiants qui, pendant 5 mois, ont planché sur des projets voués à ce thème des villes intelligentes (connectées, durables, collaboratives, relationnelles, centrées sur le citoyen…).

Depuis 5 mois, quelque 300 étudiants (voir encadré en fin d’article) travaillaient à une soixantaine de projets.

Cinq d’entre eux, présélectionnés par un jury, attendaient le verdict final de ce mercredi soir pour recevoir l’un des deux prix décernés – l’un par la Ville de Liège, l’autre par la Région.

Les 5 projets

** My C-Calendar est une application mobile qui permet aux citoyens devant se rendre à l’un des services de la ville de planifier leur passage en fonction de leurs propres contraintes de temps et des disponibilités des agents municipaux. Il s’agit donc d’une plate-forme d’agenda partagé citoyen-administration qui réconcilie les agendas et plages horaires disponibles. Et qui propose en outre de jouer les pense-bête…

L’idée est en effet de veiller à ce que chaque citoyen reçoive systématiquement, quelque temps avant son “rendes-vous”, une notification par SMS lui rappelant non seulement l’heure et le lieu de son contact avec l’administration mais aussi des informations sur les documents éventuels dont il doit se munir.

Autre facilité prévue: le pré-remplissage de formulaires en-ligne via intégration avec l’e-guichet de la Ville (ce volet e-guichet relève évidemment de la bonne volonté de l’administration communale).

** IT Push est un projet qui se positionne davantage sur le terrain de la sécurité en milieu urbain. L’idée des étudiants de cette équipe a été de tirer parti d’un type spécifique de mobilier urbain – en l’occurrence les lampadaires Shuffle de Schréder – et de leurs fonctionnalités pour en faire un support d’assistance en cas d’incident ou de danger pour le citoyen.

Ces lampadaires “intelligents”, outre leur fonction d’éclairage, sont des “objets” connectés, équipés notamment d’une caméra et d’un haut-parleur. Les étudiants ont imaginé exploiter certaines de ces fonctions et en ajouter d’autres. Tel un bouton d’urgence pour entrer directement en contact avec la police. Dès qu’il est actionné, la caméra se déclenche, permettant un contact visuel et “une évaluation de la gravité éventuelle des faits”. Le haut-parleur “pourrait servir de support pour informer ou avertir les personnes se trouvant proximité, en cas de danger ou de situation critique” (le souvenir des attentats de Bruxelles en était l’inspiration).

Pour rentabiliser l’extension des fonctions et le déploiement de tels lampadaires, le quintette d’étudiants pense embrigader comme partenaires non seulement Schréder mais aussi Proximus (pour l’offre de services liés à des capteurs environnementaux) et JC Decaux (qui serait potentiellement intéressé par l’ajout d’un écran numérique à vocation publicitaire).

** BeaConnected vise, quant à lui, le tourisme et le commerce local.

L’idée est simple et assez classique: installer des balises beacons qui, au passage des passants, touristes et autres personnes, diffuseraient des informations à destination de leur smartphone ou tablette à propos de promotions ou festivités, d’informations sur des entreprises, sur de bons plans pour consommer malin et local…

Le “vecteur” serait l’application mobile déjà développée par la Ville de Liège (mais qu’il faudra rendre compatible avec la technologie beacon).

Autre caractéristique: un système de carte de fidélité liée aux produits et services “consommés” et achetés suite à la diffusion des infos via beacons.

** HealthWatch est – on le devine – un projet de montre connectée à vocation santé. Cibles: les seniors, les personnes souffrant de problèmes cardiaques ou diabétiques. L’idée présentée n’apporte guère de valeur ajoutée par rapport à ce que permettent déjà différents dispositifs du même genre – même s’il faudra concocter une montre spécifique.

Le différenciateur se situerait plutôt du côté du service de surveillance continu et de signalement immédiat de problème (chute, crise cardiaque…) que les étudiants ont imaginé. Acteurs des soins de santé ont ainsi la possibilité de suivre “en direct” un incident. Le SMUR, par exemple, peut suivre l’évolution du problème, établir un premier diagnostic sur base des constantes, avant même l’arrivée sur les lieux.

L’explication des étudiants est toutefois restée assez vague sur le type de services et le positionnement d’opérateur qui seraient les leurs. Ils imaginent en outre un coût de 50 euros par mois, à supporter par l’utilisateur. Raisonnement tenu: “c’est quasiment le coût d’un service de télésurveillance actuel, mais qui est réactif et non temps réel.” Mais cela demeure plutôt cher…

** Generationship, enfin, est un projet de plate-forme d’échanges de services en tous genres entre jeunes et seniors, chacun mettant en oeuvre les compétences qui leur sont propres. Les étudiants ont imaginé quatre types de services:

  • apprentissage : les jeunes aident par exemple les seniors à maîtriser ordinateurs, Internet et numérique ; possibilité aussi de cours de langues ou de musique
  • services à domicile: repassage, cuisine, nettoyage… ; là ce sont les jeunes qui se mettent au service des aînés
  • services aux enfants: garderie, école des devoirs
  • mobilité: services de courses, d’aide au déménagement…

Ce projet s’était déjà fait connaître à l’occasion de sa participation au hackathon “Citizens of Wallonia” qui se tenait à Mons en mars dernier. Relire notre article.

Les lauréats

Le Prix de la Ville de Liège était remis à l’issue d’un vote organisé au sein du conseil communal. Celui de la Région fut le résultat du choix des personnes présentes à la séance de mercredi.

Et le fait est que les deux “jurys” ont récompensé le même projet. A savoir… My C-Calendar.

L’équipe s’en retourne avec quelques équipements Bluetooth mais surtout avec une invitation du Ministre Marcourt à l’accompagner, à l’automne, lors d’une mission économique, “afin qu’ils puissent engranger une première expérience de ce que sont des contacts et échanges commerciaux internationaux.”

5 mois d’efforts

En janvier dernier, le Smart City Institute lançait un appel à projets auprès des étudiants de HEC Liège sur le thème de la “ville intelligente”. Plus exactement, ce centre de recherche et de formation leur demandait de plancher sur deux thématiques: la gouvernance (participation citoyenne, support à la prise de décisions) et le “smart living” (dans des thèmes touchant au tourisme, à la culture, à la sécurité ou à la cohésion sociale).

En guise de mise en jambes et de sensibilisation aux problématiques concernées, trois semaines de sessions d’informations furent organisées en janvier.

Tous les étudiants de 2ème Master – 320 – étaient concernés. 60 groupes ont ainsi vu le jour, formés chacun de 5 étudiant(e)s. Après avoir phosphoré et travaillé à leur projet entre janvier et juin, vint l’épreuve de la sélection par un jury, composé notamment d’édiles locaux.

Cinq projets, jugés particulièrement prometteurs ou intéressants, furent retenus. Ce sont eux qui ont été présentés au public présent, ce mercredi, à la conférence annuelle organisée par le Smart City Institute. [ Retour au texte ]