Un label TEC pour applis innovantes

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Par · 24/02/2015

La chose est loin d’être banale: les TEC viennent de donner le coup d’envoi d’un programme de labellisation d’applications développées sur base des données (open data) que l’opérateur wallon met à disposition des développeurs de tous poils.

A tout seigneur tout honneur: NextRide (né sous le patronyme de ProchainBus) est la première start-up à obtenir ce label. Logique puisqu’elle est encore quasiment la seule à les utiliser.

Plus qu’un simple trophée à épingler au revers de son veston ou en page d’accueil, ce label veut être le témoin de l’engagement que prennent les TEC d’“assurer le suivi des développeurs qui utilisent nos open data pour imaginer de nouvelles applications”, déclare Antoine Patris, responsable des données réseau aux TEC et l’un des instigateurs (avec la direction Marketing de la SRWT) de ce programme. “C’est la garantie que nous donnons une suite favorable à une demande qui évolue inexorablement.”

Et de poursuivre: “je crois beaucoup au fait de pouvoir utiliser des open data dans des solutions métier. Je suis convaincu qu’à terme, les planificateurs d’itinéraire sont appelés à disparaître. Ils se fonderont en effet dans des solutions de loisirs ou des applications professionnelles. Nous voulons accompagner les développeurs dans cette évolution.”

L’un des “terreaux” sur lesquels lui-même et, avec lui, les TEC veulent ensemencer le principe et l’exploitation des open data est celui des étudiants. “Ce genre de milieu est prêt à utiliser les open data. J’en ai été convaincu en participant au premier Hackathon open data organisé en Wallonie, l’année dernière.”

La manière dont les TEC comptent approcher cette “cible”, ce terrain porteur pour le développement d’idées et de solutions, n’a par contre pas encore été définie. Idem pour la manière dont le “suivi”, voire l’accompagnement, des développeurs s’organisera.

Label de qualité

Le label TEC sera octroyé à des applis remplissant certaines conditions. Les critères sont pour l’instant essentiellement “très orientés data et performances. Nous les avons voulu simples et aisément mesurables. Ils évaluent surtout des choses telles que la stabilité de l’application, la précision et pertinente des données…”

A terme, des critères plus soft pourraient entrer en ligne de compte, portant par exemple sur la qualité de l’ergonomie, le degré de créativité de l’appli… “Mais pour l’instant, il serait difficile d’évaluer et de comparer les vertus – dans la mesure où nous ne pouvons par exemple pas encore comparer l’application NextRide avec une autre…”

Promotion interne

De manière sans doute étonnante, la naissance de ce label est aussi pour les TEC un moyen d’évangéliser le principe des open data en interne et de conscientiser et rassembler les divers départements et directions autour de ce concept “un rien iconoclaste pour un opérateur public”, souligne Antoine Patris. Imaginez en effet le tournant à 180° qui a été pris en l’espace de deux ans: les TEC veulent désormais récompenser et, en quelque sorte, homologuer le fruit du travail de développeurs qui, hier encore, étaient considérés comme des pirates et des ennemis.

L’open data, levier stratégique

Car, c’est désormais officiel, l’open data est l’un des projets stratégiques que les TEC désirent promouvoir et développer plus avant cette année. “Nous voulons renforcer notre communication en la matière, expliquer notre démarche. Et le label en est un des outils…”

Des formats hétéroclites

Les formats de données qu’utilisent (ou utilisaient) les sociétés de transport public pour la publication de leurs horaires diffèrent (encore) quelque peu d’un pays (voire d’une région) à l’autre, posant des problèmes pour la réutilisation et l’intégration des données.

BelTac est un format belge. En France, les horaires parlent” Transmodel. Au Royaume-Uni, on trouve notamment SIRI, IFOTP, NeTEx. Le GFTS, lui, a vu le jour outre-Atlantique.

 

Preuve que les choses bougent en matière d’open data aux TEC: l’opérateur est en passe de valider la conversion de modèle de données qu’a effectuée, l’an dernier, l’OpenGeo Foundation à ses données. OpenGeo est un organisme hollandais qui s’est constitué afin de stimuler l’utilisation d’OpenStreetMap et OpenStreetPhoto aux Pays-Bas et, plus largement, toute initiative dans le domaine de la publication de bases de données géographiques et de matériels photographiques aériens.

Pour pouvoir réutiliser les open data des TEC, formatées selon le modèle de données BelTac, OpenGeo les a traduites, sans autorisation préalable de l’opérateur, en format GFTS (General Transit Feed Specification). Ce format vient de chez Google, qui a ainsi voulu proposer aux sociétés de transport un modèle leur permettant de publier et diffuser leurs horaires, trajets…, en ce compris sous forme visuelle et géolocalisée. Ce modèle de données est largement utilisé outre-Atlantique mais a également trouvé des adeptes chez nous – par exemple du côté de De Lijn et de la STIB.

Les TEC sont donc en train de valider le travail d’OpenGeo mais aussi de finaliser une nouvelle version de leur propre logiciel de gestion des transports qui exploitera directement ce format. En clair: l’intégration des open data des TEC dans d’autres applications – notamment Google Maps, pour ne citer qu’elle – deviendra non seulement possible, mais officiellement avalisée par les TEC, dans quelques semaines.