NearShop: l’e-commerce comme allié des commerçants de proximité

Pratique
Par · 09/01/2014

NearShop est une start-up créée en février 2012 par Vincent Bultot. Son terrain d’action? Le commerce de proximité. La société propose en fait une plate-forme qui fait office de portail sur lequel les commerçants de proximité et artisans locaux peuvent venir “tenir boutique”, présenter et vendre leurs produits. Ils y trouvent une panoplie d’outils et de services standardisés (ou mutualisés, c’est selon) qui leur permettent de vendre en ligne leurs produits et créations: création d’un catalogue de produits, logiciel point de vente, gestion de promotions, paiement en-ligne, référencement, organisation de la livraison, facturation… Voir en encadré (réservé à nos abonnés) les détails des fonctions services proposés. 

L’acheteur, lui, peut trouver des articles locaux, dans toute une série de catégories (ameublement, mode, alimentation, bricolage, jardinage…) et identifier les commerçants de sa région ou choisir un commerçant lointain pour faire par exemple un cadeau local à un destinataire habitant dans cette région.

Aujourd’hui, NearShop héberge des commerçants locaux dans nombre de régions du pays (à l’exception des deux Flandres), même si la couverture se concentre essentiellement autour de certaines agglomérations: Namur, Gembloux, Uccle, Rochefort, Bastogne, “bientôt Liège”, mais aussi Tirlemont ou Anvers.

Ré-ancrer le commerce de proximité en ville

NearShop veut aujourd’hui donner une nouvelle dimension à un autre chapitre dans sa démarche de proximité. Après s’être adressée à chaque commerçant individuellement, la start-up espère en effet convaincre les municipalités d’adopter sa plate-forme. “Nous commençons à démarcher les villes, parce que cela répond à leur voeu et à leur rôle dans la stimulation du développement local. Défendre le commerce de proximité, multiplier les commerces établis sur leur territoire, lutter contre le phénomène de faillites ou de déménagements qui sévit aujourd’hui, font également partie de leur service au citoyen”, explique Vincent Bultot.

Et d’ajouter: “il est étonnant de constater combien de municipalités, même parmi les plus importantes, n’ont pas une idée précise des commerces qui sont établis sur leur territoire. NearShop serait donc un bon moyen pour elles de constituer cette liste, en invitant les commerçants à s’inscrire, en direct ou via leur intermédiaire. La liste, dès lors, serait tenue à jour par NearShop.” Pour ce faire, la start-up se propose de vérifier l’exactitude de la liste au gré de mailings et des contacts établis avec les commerçants. Bien entendu, l’exactitude dépendra en partie de signalements spontanés de commerçants.

Pour lancer cette nouvelle étape de ses activités, NearShop s’adresse à divers interlocuteurs. “Les bourgmestres, les échevins chargés de l’économie, les associations de commerçants, les ADL (agences de développement local)…” Des sessions d’informations thématiques seront par ailleurs organisées, en collaboration avec Bpost ou avec l’AWTIC (sur le thème de l’e-commerce).

La plate-forme sera remaniée pour correspondre aux besoins et spécificités de cette nouvelle clientèle-relais. Les espaces créés par chaque ville participante permettront de répertorier, avec fonction de géolocalisation, les commerces situés sur leur territoire. L’objectif est que tous les commerçants s’y retrouvent, qu’ils soient ou non clients directs de NearShop et figurent donc ou non dans son catalogue. Les commerçants non clients de NearShop seront simplement référencés, sans possibilité de faire des transactions via la plate-forme.

©Hannah Gal/Photodisc/Thinkstock

Parmi les autres avantages qu’auraient les municipalités à s’adosser à NearShop, Vincent Bultot évoque la publication d’informations et de campagnes de promotion d’événements locaux ou encore le fait de bénéficier d’une visibilité accrue, par exemple par l’entremise d’une bannière tournante présentant les différents commerces.

Une intégration avec le site Internet de la ville ou de la commune est également possible. Et des services tels qu’un référencement sur Internet permettraient aux commerçants de mieux se faire connaître.

Coût pour la municipalité? “Moins de 5.000 euros pour lancer son espace, en moins d’un mois, et moins de 1.000 euros pour la maintenance.”

Au-delà de cette première initiative, NearShop désire en fait surfer sur la vague des “smart cities”. Car si cette première perche tendue aux villes est placée sous le signe du développement des commerces locaux, la start-up a d’autres idées en tête, davantage orientées mobilité et services. Par exemple, des services de transport locaux, pour les commerces de proximité: livraisons rapides, respectueuses de l’environnement, permettant d’alléger les encombrements urbains. Et ce, à l’exemple de certaines premières initiatives qui se font jour de-ci de-là. Telles que des livraisons par coursiers à vélo ou le système de zones de stockage en périphérie de la ville qu’a instauré Hasselt. Ces zones, conçues selon le concept du délestage, permettent aux livraisons intra muros de ne plus se faire par des camions de gros tonnage.

Croître vite, en ce compris à l’international

NearShop faisait partie de la délégation belge de start-ups présentes au salon Le Web à Paris (décembre 2013). Son espoir: y rencontrer des investisseurs en vue de proposer sa plate-forme à un public de commerces de proximité en France.

L’intention est en effet de s’ouvrir rapidement les portes de l’international. La forme exacte n’en est pas encore déterminée mais on pourrait imaginer des formules de franchisage ou encore de “location de la plate-forme à des partenaires développant une approche similaire et opérant dans des pays tels la Pologne ou la Russie. Le but est en tout cas de créer un réseau et de s’étendre à l’international”, explique Vincent Bultot.

“Il s’agit d’accélérer la croissance parce que, d’ici deux ans, nombreux seront les concurrents qui feront ce que nous faisons déjà aujourd’hui”

Son espoir: mettre le pied en France (à Lille, Paris, Montpellier…) et si possible dans 3 autres pays (dont l’Allemagne) dès 2014. “On constate en effet que les Allemands achètent très “local”.

NearShop est donc en quête de partenaires ayant “une présence et une approche locale mais disposant d’une force de vente nationale afin de pouvoir faire rayonner l’e-commerce sur toute le territoire et opérer une démarche proactive.”

Besoins estimés pour cette phase d’internationalisation: 260.000 euros pour la première phase (5 pays dont la France, l’Allemagne et le Grand-Duché, et deux autres encore à déterminer). Cet argent permettra de constituer un réseau et de renforcer le canal de vente indirecte.

“Il s’agit pour nous d’accélérer la croissance parce que, d’ici deux ans, nombreux seront les concurrents qui feront ce que nous faisons déjà aujourd’hui. Sans compter l’appétit de grands opérateurs, du genre Amazon, qui viendront exploiter ce marché…”

Chiffre d’affaires espéré: 1,5 million d’euros. Ce qui représenterait une progression très nette des activités. En effet, après un peu plus d’un an d’existence, NearShop réalise un chiffre d’affaires de 200.000 euros via des opérations qui se limitent à une clientèle de commerçants belges (même si les acheteurs, eux, viennent parfois de l’étranger).

Une deuxième phase d’internationalisation, espérée dès 2015, pourrait voir une extension du réseau à l’ensemble de l’Europe.

Boîte à outils

Pour un tarif variant entre 29 et 59 euros par mois, un e-commerçant peut disposer de son e-boutique sur le portail et de toute une série d’avantages. “Un petit commerçant n’a pas les moyens d’investir de 2 à 15 euros dans la création d’un site personnel. Il n’a pas les moyens de payer les commissions qu’exige Ogone”, déclare Vincent Bultot. “Nous leur proposons des tarifs plus avantageux, négociés avec Ogone. Idem pour les livraisons: nous avons négocié un tarif spécial avec Bpost. Et le commerçant n’a plus à se soucier de quoi que ce soit: nous lui fournissons le code de livraison qu’il lui suffit d’apposer sur le paquet. La Poste se charge du reste.

Nous lui proposons aussi un processus de facturation centralisé. L’acheteur, pour sa part, peut procéder à des achats auprès de divers commerçants en centralisant ses achats dans un seul panier. Nous couvrons toute la chaîne: depuis la promotion d’un produit jusqu’à sa livraison, en passant par le référencement de son commerce. Tout ce qu’il a à faire est de définir son produit, sa catégorie, son prix, de fournir une photo et une description. Nous nous chargeons même de la traduction en 3 langues (français, néerlandais, anglais).

Pour 59 euros, il disposera d’un espace plus personnalisé: choix de couleur, propre nom de domaine… Il lui est également possible de demander du développement sur-mesure.”

A court terme, NearShop devrait encore rajouter quelques fonctions, telles que la gestion de stocks et de caisse, permettant ainsi à chaque commerçant de lier automatiquement les ventes en-ligne avec sa propre gestion de stocks.

Autre développement en cours: la possibilité pour chaque commerçant d’intégrer une icone NearShop dans sa page Facebook, permettant aux internautes de faire des achats en-ligne sans quitter Facebook.