Le CIO dans le secteur public, cornac des processus métier?

Hors-cadre
Par · 13/08/2013

Juste avant l’été, le bureau d’analyse Coleman Parkes Research a réalisé, à la demande de Ricoh, une petite enquête auprès de quelque 735 décideurs d’entreprises et organismes européens (1) évoluant dans divers secteurs d’activités. Parmi eux, le secteur public.

Objectifs du sondage: “déterminer dans quelle mesure les organisations sont prêtes pour l’avenir et évaluer le degré de préparation des CIO pour effectuer les changements nécessaires au sein de leur organisation”.

Quelles sont les qualités ou compétences-clé que devra détenir un CIO d’un organisme public pour espérer remplir ses fonctions et objectifs avec succès? L’étude en épingle plus particulièrement trois: bagage marketing, expertise technologique et expertise des processus métier critiques. “Le CIO de demain, dans ce secteur, doit être un mercaticien chevronné doté d’une expertise dans la technologie et les processus-clé d’entreprise.”

Le fond et la forme

La transformation des services publics en “e-administrations”, notamment, est un défi de taille auquel peu semblent encore préparés.

Selon les conclusions dégagées par l’enquête, il apparaît clairement que le directeur ou responsable informatique d’un organisme public ne pourra pas, pas plus que ses homologues opérant dans le privé, faire l’économie de nouvelles compétences et de nouvelles dimensions à donner à l’infrastructure et aux ressources IT mises en oeuvre. Au risque de se couper inexorablement de la “cible” finale qu’est le citoyen, le contribuable et/ou l’entreprise.

“Le CIO devra impérativement comprendre les futurs besoins des citoyens en matière de communications”, peut-on notamment lire dans les conclusions tirées du rapport. En cause notamment: l’impulsion donnée ou, tout au moins, les objectifs décrits dans l’agenda numérique de l’Union européenne qui devrait déboucher sur des relations citoyens-Administrations davantage placées sous le signe du numérique.

Selon l’étude, les responsables publics (au niveau des administrations) sont parfaitement conscients de ces défis et de ces exigences mais soulignent quasi à l’unisson que le changement et le basculement vers le numérique continuent de buter contre des lenteurs et des réticences.

Pas moins de 68% des organismes interrogés estiment “encore être loin d’être prêts à passer au numérique”.

L’une des raisons pointées par les décideurs interrogés se situe au chapitre des processus métier. En effet, si la majorité estiment que leurs responsables informatiques sont “largement habilités à favoriser le changement dans des domaines tels que la gestion financière, la veille stratégique ou la business intelligence”, ils seraient nettement moins armés pour faire évoluer les processus métier critiques. Ces processus, “qui sont conçus pour assurer le lien entre la technologie et les personnes, sont souvent négligés”, indique le rapport.

Selon leurs instances dirigeantes [interrogées par Coleman Parkes], 9% seulement des CIO d’organismes publics seraient “capables” d’initier et de piloter la nécessaire adaptation, voire transformation, des processus métier critiques qui sous-tendent à la fois le fonctionnement des administrations et les rapports avec leurs “clients”. Un pourcentage qui s’inscrit en contraste flagrant avec les bons scores relevés par les CIO dans les autres secteurs. Toutes branches d’activités confondues, 83% des dirigeants interrogés estiment en effet que leurs CIO disposent des capacités nécessaires pour mener à bien les chantiers de transformation “numérique”.

On relève par contre que tous les décideurs interrogés sont loin d’être convaincus que c’est au CIO qu’il incombe de “gérer le changement”… Et cela vaut pour tous les secteurs.

En Belgique mais aussi dans les autres pays, toutes branches d’activités confondues, les initiatives de “transformation numérique” sont généralement considérées comme devant être l’apanage de la direction générale ou du comité directeur. Les réponses données par les quelque 54 organismes belges (privés et publics) interrogés le prouvent. A la question “qui impulse les initiatives de transformation numérique au sein de votre organisation?”, les responsables désignés sont:

  • CEO: 21 réponses sur 54
  • directeur des opérations: 16
  • directeur IT/CIO: 9
  • chief technology officer: 6
  • directeur financier: 2.

(1) Secteurs concernés: éducation, juridique, services publics/énergie, secteur de la santé, secteur public, vente au détail, fabrication et services financiers.

L’enquête a interrogé des paerticipants opérant en Belgique, au Royaume-Uni, en Irlande, France, Allemagne, Espagne, Italie, Suisse, aux Pays-Bas ainsi que dans les pays scandinaves (Suède, Norvège, Finlande et Danemark) et en Russie. Retour au texte