GetSmily: déchiffrage visuel de la “user experience”

Portrait
Par · 22/04/2013

GetSmily est le fruit de 3 ans de recherche au sein de l’UCL. Depuis septembre 2012, le projet de développement s’est transformé en spin-off et bénéficie du support du programme First Spin-off de la Région wallonne. Il est porté par deux étudiants de l’UCL: David Frenay est ingénieur civil et suit une formation en gestion tandis que David Hachez vient du monde du marketing et planche sur le projet dans le cadre de son travail de fin de cycle (MBA à la Louvain School of Management de Louvain-la-Neuve).

Leur idée: proposer une solution de détection des émotions via vidéo. Clientèles ciblées: les agences de marketing, les annonceurs désireux de tester l’adéquation d’une publicité, les marques qui voudraient mieux comprendre l’accueil que reçoit tel ou tel produit ou services, les concepteurs de sites Internet, voire “toute société désireuse de mieux connaître son public-cible, qui sont les visiteurs de son site”…

Souriez, vous êtes filmés

Souriez ou, en tout cas, laissez voir vos émotions. Au lieu de procéder à des sondages via questionnaires, au lieu de réunir un certain nombre de personnes-témoins (ou cobayes) dans un espace spécialement aménagé (du genre user labo), GetSmily se propose de saisir les réactions émotives des internautes dans leur espace familier. A distance.

Sur base d’algorithmes et d’un logiciel de détection et d’identification des émotions qui se marquent sur le visage de tout internaute lorsqu’il est face à son écran, GetSmily se propose d’offrir un outil qui pourra notamment servir pour “mesurer la satisfaction d’un utilisateur ou consommateur, déterminer quel est son état d’esprit par rapport à un produit qu’on lui propose, son degré de compréhension de la manière de naviguer sur un site ou d’utiliser une fonction de paiement en-ligne. Il sera possible de déterminer s’il trouve amusant, intéressant ou au contraire énervant le contenu ou le comportement à l’écran d’une publicité…”, explique David Frenay.

Pour ce faire, il suffit en fait de capter visuellement ses réactions et expressions faciales via la webcam de son ordinateur ou de sa tablette. Les clients futurs de GetSmily pourront utiliser le logiciel auprès de leurs propres clients ou testeurs. Une fois installé sur l’ordinateur du client final, de l’internaute ou du testeur, le logiciel déclenchera la webcam de ce dernier et se mettra à l’oeuvre, enregistrant les interactions de l’usager avec son écran et envoyant les images du visage de la personne vers le serveur de GetSmily. Le logiciel de détection et d’analyse d’émotion prend alors le relais.

La première opération consiste à anonymiser les images. Les vidéos ne seront pas conservées. Seuls un certain nombre de points-repères du visage (une septantaine en fait) seront conservés et analysés par le logiciel. “Ces points, positionnés à des endroits-clé (sourcils, bouche…) suffisent à identifier et caractériser les 6 émotions universelles que sont la joie, la surprise, la colère, la tristesse, la peur et le dégoût.”

La plate-forme développée permet aussi de différencier les individus selon leur sexe ou tranche d’âge. Le logiciel a par ailleurs été entraîné sur une base de personnes suffisamment diversifiée (âges, races…), de sorte à en valider la pertinence sur tous types de peau, anatomie faciale, influence culturelle éventuelle…

“L’analyse des émotions et réactions donnera potentiellement des renseignements très utiles pour les clients: différence de réaction selon le sexe, l’âge… La solution permet de capter les réactions. Telle personne était-elle attentive, regardait-elle tel ou tel contenu…” Pas d’analyse de type “eye tracking”, par contre, qui permet de jauger la pertinence et l’efficacité de la structure d’une page ou d’une interface. “La raison en est que ce genre d’analyse doit se faire dans un environnement contrôlé”, explique David Frenay. Ce qui n’est pas possible lorsque l’on opère à distance, sans connaître l’environnement immédiat de l’internaute.

Une fois entrée en phase de commercialisation, la spin-off proposera à ses clients des rapports d’analyse ainsi que des données statistiques (ce qu’elle appelle des “memo scores”) “permettant au client d’évaluer l’évolution de la positivité de son site. Des analyses plus poussées, allant au-delà des seules émotions, seront également possibles. telles que l’analyse de comportement: l’internaute est-il engagé, réticent, positif? quel pourcentage d’hommes, de femmes, dans telle ou telle tranche d’âge, ont-ils par exemple cliqué sur tel bouton ou lien dans tel ou tel contexte (site, publicité, animation…)”.

La solution est encore au stade des tests bêta (des sociétés intéressées peuvent d’ailleurs se signaler et s’inscrire via le site pour participer à cette phase). Le lancement commercial devrait intervenir dans les prochaines semaines.