Projet Hateya: en piste pour l’Imagine Cup 2013

Pratique
Par · 18/03/2013

Neomytic, société montoise partenaire de Microsoft, est à nouveau coach d’une équipe d’étudiants belges qui se propose de participer à la prochaine Imagine Cup de Microsoft.

L’équipe? Alessandro Missoul, Antoine Wislet, Kevin Putzeys et Lionnel Afangbedijee, étudiants en 3ème année Informatique et Système à la Haute Ecole de la Province de Liège (HEPL).

Nom du projet? Hateya, qui signifie “trace de pas dans le sable” en amérindien. L’idée qui sous-tend le projet est en effet de pouvoir suivre quelqu’un à la trace mais dans des contextes et pour des utilisateurs bien particuliers. En l’occurrence, des personnes qui se retrouvent dans un environnement hostile, dangereux, nécessitant des moyens de repérage rapide pour les sortir d’un mauvais pas ou, tout au moins, faciliter et sécuriser leurs déplacements.

Premier public-cible: les pompiers qui se retrouvent parfois piégés ou en difficulté dans un bâtiment en feu. La solution technologique que développe le quatuor d’étudiants vise dès lors à faire office de “fil d’Ariane” et à retrouver la sortie ou l’échappatoire en cas de besoin. La solution pourrait potentiellement servir à d’autres publics: secouristes, spéléologues, policiers, égoutiers…

Le scénario technologique

La solution que développent les étudiants de la HEPL se compose de deux volets. D’une part, une solution embarquée, baptisée “dispositif comeback”, que portera chaque pompier. Elle se compose d’un système miniaturisé (tournant sous Windows Embedded), de capteurs regroupés sur des cartes à placer en divers endroits du corps (sur le dos pour vérifier notamment la position du corps; sur les jambes, pour vérifier que la personne marche, pour préciser la distance parcourue…) et d’un potentiel de communication.

Pour la (géo)localisation des personnes, le principe retenu n’est pas celui du GPS (souvent inopérant dans le genre d’environnements visés) mais bien celui d’un calcul des déplacements, par comparaison avec un point donné et les plans numérisés de bâtiments, avec traçage temps réel. Pour ce faire, le dispositif reposera sur les capteurs embarqués (gyroscopes, accéléromètres).

Autre volet de la solution: un dispositif de supervision, à installer à l’extérieur du bâtiment en feu par exemple, et qui permettra de surveiller visuellement, de piloter l’intervention et de collecter et traiter les données. A la fois celles portant sur les déplacements des personnes, sur l’environnement (température…) et les signaux vitaux (température, fréquences de respiration…). En cas de danger ou de risque détecté, le superviseur pourrait alors ordonner un retrait de la zone dangereuse.

Le système embarqué individuel enregistrera toutes les données de déplacement et pourra ainsi guider vers la sortie un pompier désorienté, lui permettant de refaire le chemin inverse. Au stade du prototype, les indications s’afficheront sur des lunettes à réalité augmentée. A terme, d’autres solutions pourraient être envisagées (telles un écran souple intégré au casque).

Le trajet de sortie pouvant différer du chemin emprunté pour cause de dégradation du bâtiment, d’obstacle quelconque, le projet veille aussi à mettre tous les systèmes embarqués en réseau. En échangeant leurs données, ils permettront de calculer des chemins de retour alternatifs.

De même, soulignent les étudiants, la vision globale de tous les individus, de tous les parcours empruntés permet de mieux coordonner l’intervention d’équipes multiples. Histoire d’éviter que deux équipes ne recherchent par exemple des victimes dans une zone qui a déjà été explorée.

Les développements entrepris par les étudiants concernent à la fois les algorithmes de gestion des déplacements, le logiciel de gestion des différents capteurs (récupération et traitement des données) et le convertisseur logiciels/cartes de capteurs.

Côté communications, le principe est de rendre à la fois chaque système embarqué autonome mais aussi de leur permettre d’interagir. Dans un premier temps, toutes les communications (entre systèmes embarqués et entre chaque système embarqué et le poste de supervision) s’effectueront en WiFi. “Nous n’avons pas le temps [en 3 mois] d’implémenter une autre solution”, soulignent les étudiants, “mais la volonté est de recourir plus tard aux ondes radio. Des scénarios divers pourraient être envisagés selon les contextes et les publics visés.”

Une équipe très entourée

Pour les besoins de leur projet (qui leur sert de stage appliqué), le quatuor d’étudiants a réalisé une petite étude d’opportunité auprès de soldats du feu et pourra compter, pour les tests et l’évaluation, sur le concours de la protection civile de Crisnée et de la caserne des pompiers de la Ville de Liège.

Côté technologique, ils sont épaulés et coachés par Neomytic, qui leur met en outre du matériel et des logiciels à disposition (tout comme Technifutur), tant pour les besoins du développement que pour la réalisation d’un prototype. Et pour éviter de devoir se déplacer vers Mons (siège de Neomytics), NRB leur a mis à disposition une salle et un équipement sur le site des Hauts-Sarts à Liège.

Le projet Hateya pourra aussi compter, au besoin, sur l’assistance du centre de compétences Multitel de Mons qui pourrait par exemple valider les algorithmes des étudiants (Multitel est engagé dans un projet européen qui s’attaque à ce même problème du guidage de personnes dans des environnements complexes ou hostiles).

L’Imagine Cup met en concurrence, l’espace d’un concours, des équipes d’étudiants venues du monde entier qui ont développé (certaines depuis plusieurs trimestres) des projets dont le fil rouge est la mise en oeuvre des technologies ICT afin de relever des défis sociétaux: environnement, éducation, santé…

Plusieurs catégories ont été prévues pour le concours: Jeux, Citoyenneté, Innovation… Le projet Hateya se présente à la fois dans les catégories “World Citizenship” et “Innovation”.

Cette année, le nombre d’équipes qui participeront à la filiale nationale (planifiée pour le 15 avril) a pratiquement doublé en comparaison de l’année dernière. Le 15 avril, un jury organisé par Microsoft choisira l’équipe qui défendra les couleurs belges à Saint-Pétersbourg, pour la finale mondiale de la Cup (juillet 2013).

Outre cette équipe désignée via concours intra-belge, il y a toujours une possibilité de voir participer d’autres étudiants belges au concours international. Mais pour ce faire, il leur faudra convaincre un jury international qui opère une sélection de projets, en-ligne, à l’issue d’un pitch virtuel. C’est d’ailleurs de la sorte que, l’année dernière, l’équipe Make A Sign avait réussi à obtenir son ticket pour Melbourne.