L’incertitude sur les normes d’émission bruxelloises est source de pertes économiques

Tribune
Par Daniëlle Jacobs (Beltug) · 29/06/2018

Il est évident que l’importance des communications mobiles devient de plus en plus cruciale pour les entreprises et les institutions publiques. L’utilisation des applications basées sur les données, en particulier, connaît une progression exponentielle. Les opérateurs télécom constatent même un doublement annuel de la consommation de données. Des réseaux modernes et performants sont donc essentiels, voire une nécessité absolue, pour les entreprises.

Voilà bien longtemps que l’expression “always-on, whenever, wherever” n’est plus un slogan vide de sens. Cela vaut à la fois pour les communications internes et externes, avec les collaborateurs et les clients, mais également et de manière croissante pour l’utilisation d’applications métier.

Des réseaux mobiles efficaces sont une nécessité absolue

L’avènement des Smart Cities, de l’Internet des Objets et des applications numériques évoluées ne font que confirmer la pertinence de réseaux mobiles interconnectés et fermement ancrés.

A l’heure de la transformation numérique, l’innovation est l’une des priorités absolues des entreprises. Ces dernières réservent d’importants budgets pour investir dans des applications mobiles et numériques novatrices, basées sur les données. Mais un scénario de rentabilisation s’avère nécessaire pour leur permettre d’investir. Parallèlement, pour pouvoir élaborer correctement un tel “business case”, il est évidemment nécessaire de disposer d’un cadre légal stable qui offre des garanties à moyen et long terme.

L’arrivée prometteuse de la 5G

Les opérateurs télécom se préparent au déploiement de réseaux 5G. Ces nouveaux réseaux mobiles sont bien plus que le simple prolongement des capacités 4G actuelles: ils offrent en effet de nouvelles et vastes opportunités d’innovation. La 5G, c’est par ailleurs la promesse d’une technologie particulièrement fiable, avec divers niveaux de qualité, et – surtout – une très faible latence. Un hôpital peut par exemple envoyer des images vidéo 100 fois plus vite que via un réseau 4G. Il est évident que de telles applications revêtent un caractère vital pour des opérations à distance.

Source: Ericsson

En ce qui concerne les applications professionnelles, la 5G sera un laisser-passer pour d’innombrables applications innovantes et révolutionnaires. La 5G donnera certainement un coup d’accélérateur au déploiement des villes intelligentes et de réseaux basés sur l’Internet des Objets, avec interconnexion de tous les dispositifs numériques.

Inquiétude à propos des réseaux mobiles à Bruxelles

Beltug, l’association des responsables ICT des entreprises et institutions publiques de Belgique, s’inquiète dès lors tout particulièrement des performances de la future infrastructure réseau 5G. Le fait que les différentes Régions du pays appliquent des normes d’émission différentes est source d’une grande inquiétude. 

La 4G avait déjà été et demeure une pierre d’achoppement à Bruxelles, la capitale de la Belgique mais aussi le siège de nombreuses institutions européennes et entreprises internationales. Ce problème est encore accentué avec la 5G. Pire, la norme d’émission très basse pourrait même impliquer que le déploiement d’un réseau 5G à part entière soit impossible à Bruxelles. La norme d’émission bruxelloise de 6 volts par mètre ne permet en effet pas de supporter un trafic 5G. Cette norme est beaucoup plus sévère que la directive internationale de l’Organisation Mondiale de la Santé qui est de 41,2 volts par mètre ou que la norme flamande qui est de 20,6 volts par mètre.

Danielle (Beltug): “L’arrivée éventuelle d’un quatrième opérateur mobile a fait récemment son retour dans l’actualité. Compte tenu de la norme d’émission bruxelloise, cela pose des problèmes supplémentaires. Si un quatrième opérateur devait faire son apparition, l’émission autorisée pour chaque opérateur s’en trouverait à nouveau réduite dans la mesure où la norme est cumulative. Autrement dit, elle vaut collégialement pour tous les opérateurs.”

Il est absolument nécessaire que la capitale dispose d’un réseau mobile performant, pour des questions d’intérêt économique mais aussi, très certainement, en raison du statut international de Bruxelles. Bruxelles a besoin de la 5G pour son rayonnement international ainsi que pour son propre avenir économique.

Pour les entreprises et pour les institutions publiques, il est primordial que des applications professionnelles et des solutions numériques innovantes soient accessibles sans entraves partout en Belgique. Elles ne veulent pas courir le risque que des applications fonctionnent bel et bien en Flandre et en Wallonie mais pas à Bruxelles. Cela constitue en outre un désavantage concurrentiel pour les sociétés qui sont basées dans la capitale.

Le problème n’est par ailleurs pas circonscrit aux seules entreprises belges. La 5G est en effet une norme mondiale. Les entreprises et organismes internationaux, eux aussi, déploient leurs applications innovantes afin de pouvoir opérer partout dans le monde, en ce compris à Bruxelles. 

Situation spécifique en Wallonie: une norme par opérateur, pas de norme agrégée.

Une révision à la hausse de la norme d’émission est une nécessité

La solution est simple: augmenter la norme d’émission à Bruxelles et l’amener au même niveau que celle en vigueur en Région flamande. Cette norme, elle aussi, reste sévère, bien plus restrictive que les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. Mais elle permet par contre de poursuivre les investissements dans des réseaux mobiles et de déployer la 5G, en ce compris à Bruxelles.

Nous comprenons bien entendu parfaitement que les politiciens bruxellois se soucient de la santé publique. Mais une norme d’émission plus basse se traduit par un rayonnement plus fort des dispositifs mobiles.

Plus on réduit la diffusion des antennes, plus les usagers sont exposés à un rayonnement élevé de leur équipement mobile, ce qui est exactement le contraire du but poursuivi.  

Ne pas attendre que les élections soient passées 

L’incertitude ouvre la voie à des pertes économiques, à une réduction des investissements novateurs et à un désavantage concurrentiel pour les entreprises et les institutions publiques.

Beltug table sur le fait que les politiciens sont parfaitement conscients de cette situation précaire et prendront la bonne décision. L’innovation, une infrastructure et des services numériques bien développés sont trop importants. Qui plus est, Bruxelles est une ville internationale, comptant de très nombreux investissements étrangers. Elle ne peut pas rater le train express de l’innovation numérique.  

Danielle Jacobs
directrice de Beltug