Le mal de nos start-ups (1) – Confusion des termes et constats erronés

Hors-cadre
Par Carl-Alexandre Robyn (Valoro) · 17/01/2018

C’est frustrant de voir comment un concept aussi simple que “start-up” est approprié, détourné, galvaudé par certains “communicants” qui, pour se rendre intéressants ou apparaître comme des “experts”, y trouvent des sens cachés, des subtilités qui ont échappé au commun des mortels mais qui continuent à nourrir l’embrouillamini dans les interprétations et, par conséquent, à compliquer le recueil et la comparaison de statistiques.

Voici un exemple tiré de l’article “Trois chantiers pour faire décoller nos start-ups”, paru dans l’Echo du 4 janvier 2018: “Une start-up est généralement définie comme une jeune entreprise innovante à fort potentiel, encore non rentable”.

Il faut en finir avec les définitions à multiples nuances concernant les start-ups. Si on veut utiliser le terme anglo-saxon, il faut être cohérent et s’en tenir à l’étymologie du mot. En anglais, to start-up, c’est commencer, démarrer, débuter, et to start-up a business, c’est donc se lancer dans les affaires.

Confusion des termes et constats erronés

Si l’on ne revient pas à l’essentiel, quel mot allons-nous trouver pour définir “une toute jeune entreprise, non innovante mais à fort potentiel bien qu’encore non rentable”? Ou encore, quel homonyme pour qualifier “une jeune entreprise innovante mais à potentiel limité quoique déjà rentable”? Ou encore, quel paronyme pour définir “une  entreprise qui vient de se lancer, qui n’est pas innovante et qui n’a pas un potentiel international mais qui est déjà rentable”? Etc. etc. etc.

Bref, pour simplifier, accordons-nous pour qu’une start-up désigne toute jeune entreprise, quels que soient son secteur d’activité, son degré d’innovation, son marché potentiel (local, national, international) et sa rentabilité, qui se trouve encore dans ses phases précoces d’existence (amorçage, démarrage, tout premiers développements commerciaux). En d’autres mots, convenons de définir comme start-up toute jeune pousse ayant jusqu’à 36 mois ou 48 mois d’existence.

Sous-classification

Cela n’empêche pas de classifier ensuite les entreprises émergentes en “start-ups à fort potentiel”, “start-ups à potentiel limité”, “start-ups innovantes”, “start-ups non innovantes”, “start-ups rentables”, ou non, “start-ups clean tech”, “start-ups legal tech”, “start-ups fintech”, “start-ups biotech”, “start-ups med tech à fort potentiel”, etc.

Pour continuer à baliser le terrain, on peut dire qu’une scale-up est simplement une start-up qui est parvenue à passer à l’échelle supérieure dans ses activités. On pourrait compliquer la définition à l’envi en précisant, par exemple, qu’elle est passée à une autre échelle tout en conservant ses marges, c’est-à-dire sans perte de rentabilité. Mais alors, pourquoi une start-up qui, par stratégie de conquête rapide de nouveaux marchés, décide de rogner sur ses marges, mais qui a augmenté ses moyens de livraison, de production, de distribution et son chiffre d’affaires, ne serait-elle pas qualifiée elle aussi de scale-up ? Gardons des définitions simples pour que les termes restent accessibles à tout le monde.

Enfin, convenons qu’un “centaure” est une scale-up suffisamment développée pour être valorisée à 100 millions (euros ou dollars). Qu’elle soit ou non cotée en Bourse. Et qu’une “licorne” est un centaure suffisamment développé pour atteindre une valorisation d’un milliard – d’euros ou de dollars.

C’est également désappointant de voir ou de lire les constats inexacts. Comme celui-ci (toujours tiré du même article de l’Echo): “En Belgique, l’environnement permettant l’essor et la croissance des start-ups n’est pas assez dynamique.” C’est faux. L’écosystème belge start-ups n’est probablement pas efficient mais il est dynamique. Ce ne sont pas les initiatives, tant publiques que privées, tant régionales que fédérales et internationales, qui manquent.

Il y a chaque année, plus de jeunes pousses quémandeuses de fonds, plus de contributeurs financiers (venture capitalists belges et étrangers), plus de structures d’accompagnement (incubateurs, accélérateurs, privés, publics, universitaires…), plus de structures d’appariement, plus de conférences, colloques, évènements de tous genres sur la thématique start-ups.

=> A suivre, dès demain: Diagnostics ineptes et solutions indigentes

Carl-Alexandre Robyn

Start-up Financial Architect / Associé-fondateur

Cabinet Valoro