Les goulets d’étranglement vers un vrai cloud hybride – en Wallonie et ailleurs

Hors-cadre
Par Luc Costers (Nutanix) · 29/10/2021

Où en est le cloud hybride en Belgique ? Commençons par les bonnes nouvelles: on y compte de nombreux utilisateurs, soit du cloud privé, soit de services tels que Microsoft Azure, Google Cloud, Amazon AWS et autres hyperscalers.

Revers de la médaille: un tel environnement hybride est trop souvent utilisé en mode silos séparés. Avec, à la clé, des relocalisations vers un fournisseur de services X ou Y, d’un mois à l’autre, en fonction d’une tarification plus avantageuse. En Wallonie surtout, le cloud hybride semble à la traîne. Quelles en sont les causes? Et comment amorcer un mouvement de rattrapage?

Il faut chercher quelque peu pour trouver des données chiffrées concrètes classées par région. Selon les chiffres de StatBel, une moitié des entreprises de Belgique a acheté en 2020 des services de cloud computing (e-mail, stockage, logiciels dédiés). Mais ce taux passe à près de 90% pour les sociétés comptant plus de 250 personnes.

Les disparités existent aussi entre régions en matière de software-as-a-service ou d’applications de cloud, comme l’a observé Smart Profile. D’après son enquête, 69% des entreprises flamandes utilisent une ou plusieurs solutions de cloud, soit un peu plus que les 63% de la Région de Bruxelles-Capitale, mais à bonne distance de leurs homologues wallonnes (seulement 47% dans ce cas).

Les écarts sont également notoires en matière d’emploi: alors que les spécialistes ICT représentent 4,6% de la population active totale de Belgique, ils sont à peine 2,8% en Région wallonne (chiffres de StatBel).

Cause n°1: des entreprises plus petites, une culture plus conventionnelle

L’un des facteurs expliquant la différence entre la Wallonie et les autres régions du pays est, d’une part, la présence de petites entreprises (familiales) et, de l’autre, une certaine prédilection pour les anciennes architectures en trois niveaux.

C’est aussi là que réside un autre problème: ces sociétés ont souvent besoin d’un spécialiste pour leur parc de serveurs, d’un autre pour le réseau, d’un troisième pour les banques de données, etc. Leur transformation numérique se résume généralement à recourir à des logiciels dans le cloud pour des applications bien précises – de comptabilité, notamment. Les projets de modernisation ne sont pas amorcés par les grands intégrateurs de systèmes, qui préfèrent se concentrer sur les 100 plus grosses sociétés. Comme le veut la loi de Pareto, 20 % du parc de sociétés assure 80 % du chiffre d’affaires.

Cause n°2: les talents et les certificats

Le deuxième problème auquel tous les patrons sont confrontés en Belgique est la carence de talents. Je parle de talents en général, pas nécessairement de spécialistes IT qui sont suffisamment nombreux aujourd’hui. Malheureusement, ils ne sont pas toujours engagés au bon endroit et passent trop de temps à “éteindre les incendies”, occasionnés par l’emploi de technologies désuètes: mises à jour manuelles, connexions automatisées… De ce fait, ils n’ont plus assez de temps pour l’innovation ou pour réfléchir aux opportunités de leur entreprise.

À cela s’ajoute le fait que leurs compétences sont également figées en silos. Pour un spécialiste IT, obtenir un certificat d’un prestataire déterminé augmente la valeur sur le marché. Mais sitôt qu’une nouvelle technologie rend ces certificats ‘inutiles », le même collaborateur, par une sorte de réflexe d’autodéfense, sera moins enclin à tester ou à utiliser la nouvelle technologie. Les certificats sont ainsi un frein aux processus d’innovation des entreprises.

Amorcer un mouvement de rattrapage

Le modèle de HCI (HyperConverged Infrastructure) (1) apporte déjà une solution dans plusieurs domaines pour résorber ce retard. Comme la HCI fonctionne avec des éléments préconfigurés, il n’est plus nécessaire de disposer de spécialistes en interne. Il suffit de deux semaines au maximum pour former correctement les généralistes IT, qui peuvent dès lors assurer un suivi.

Les différentes couches sont reliées les unes aux autres via des API. On peut comparer cela aux applications pour smartphone: il suffit de les installer, elles fonctionnent et se connectent automatiquement. La HCI apporte le même niveau de facilité en ce qui concerne les centres de données. Les applications sont reines et la complexité sous-jacente de l’infrastructure est rendue invisible.

Source: Nutanix.

Cela donne aussi la possibilité d’exploiter (ou de former) différemment les talents disponibles et de mettre en place une équipe multidisciplinaire. On pourrait la comparer à l’équipe médicale chargée d’une opération à l’hôpital: il faut un chirurgien, un anesthésiste, des infirmiers…

Eh bien, c’est la même chose dans le domaine IT: il faut quelqu’un qui connaisse l’intelligence artificielle, DevOps et l’infrastructure. En dégageant certaines personnes de la complexité opérationnelle quotidienne et en les regroupant avec d’autres profils, on réunit plus facilement les conditions pour mener une innovation à la fois plus rapide et plus profonde.

Parlons à présent du mouvement de rattrapage: toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. À l’instar des autres régions, il y a en Wallonie des pionniers (early adaptors) et, à l’autre bout du spectre, des traînards (laggards).

Compte tenu du nombre de projets que soutient l’Agence du Numérique, dans le cadre de la stratégie Digital Wallonia de la Région, pour doper la transformation numérique au sud du pays, on doit reconnaître que le mouvement de rattrapage est amorcé. Odoo en est un bon exemple: une suite d’applications open source ciblant le marché des entreprises (CRM, e-commerce, comptabilité, etc.). 

C’est une perle wallonne comptant à son palmarès plusieurs récompenses et filiales à l’étranger. Beaucoup d’autres réussites wallonnes montrent à quel point les opportunités d’innover sont nombreuses. Surtout maintenant grâce au cloud.

Le côté financier

De nombreuses entreprises attirées par le cloud se tournent vers un hyperscaler (tel Amazon AWS, Microsoft Azure, etc.)… pour se rendre compte que le principe de tout loger sur le cloud n’est pas vraiment bon marché. Dès lors, ces sociétés envisagent de conserver en interne une partie de leur workload.

Mais combien cela leur coûte-t-il de déplacer un workload ou de l’administrer elles-mêmes? Qui sait exactement quelles sont les économies à réaliser en souscrivant à la promotion de tel ou tel hyperscaler proposée le mois prochain?

En améliorant les connaissances sur les prix, on parvient vite à calculer le coût de l’opération. Tout le monde connaît le prix d’une bière ou d’un soda au bistrot, et dans quel magasin ils sont moins chers. Mais on ne sait pas exactement combien coûte le workload. Or, c’est le seul moyen de gérer les finances de l’entreprise de façon correcte et avisée. Un calcul du return on investment doit de préférence se tenir sur un horizon de cinq ans et prendre en compte les économies et les gains d’efficience, résultant par exemple d’une augmentation de l’activité et d’une diminution des coûts du personnel. 

Ce sont d’ailleurs des choses qui peuvent se discuter avec le partenaire local lors d’une négociation ouverte. Examinez ensemble comment sont prodigués les services et comment ils peuvent être optimisés pour votre situation. L’essentiel est de se ménager la flexibilité requise: ne pas être pieds et poings liés à une solution ne contenant que les composants d’un seul prestataire, choisir soi-même le logiciel dans un catalogue de compatibilité et l’hyperviseur souhaité. Tout cela sur base de paramètres qui vous semblent importants: performance, prix, etc. De quoi aider à libérer davantage de collaborateurs et à les affecter à d’autres tâches et projets plus utiles.

Vous souvenez-vous de la virtualisation?

« C’est trop beau pour être vrai. Si c’était aussi facile, tout le monde utiliserait cette technologie. » C’est à cette fausse conviction très répandue que font aujourd’hui face la HCI et des prestataires comme Nutanix. Pourtant, de nombreuses entreprises de Belgique, grandes ou petites, ont adopté cette technologie avec succès. Il suffit de remonter dix ans en arrière: à l’époque, on entendait les mêmes propos à propos de la « virtualisation ».

Entre-temps, tout le monde connaît les avantages que cette technologie a apportés à l’industrie et quelle fut son importance pour permettre le développement et l’adoption du cloud. Eh bien, c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui avec la HCI. Alors, testez-la par vous-même, vous verrez à quel point son fonctionnement est simple, et vous serez prêt pour l’avenir.

Se préparer pour l’avenir

Une chose encore à ne pas oublier: la HCI n’est pas un but ultime, c’est plutôt une plate-forme de démarrage à partir de laquelle vous pourrez poursuivre l’automatisation de vos processus et, par une augmentation de l’efficience, libérer du temps pour les projets qui vous tiennent à cœur. Comparez cela à une Tesla: c’est une voiture qui peut être régulièrement mise à jour par une connexion Internet. Un ordinateur sur roues qui s’améliore constamment, une sorte de “software defined datacenter” maximisé. C’est cela que la HCI peut signifier pour votre entreprise et vos services.

Luc Costers
Responsable local de
Nutanix Belgique-Luxembourg

(1) HCI, acronyme Hyper-Converged Infrastructure. Ce terme d’“hyper-convergence” désigne un type d’architecture matérielle informatique qui agrège intimement les composants de traitement, de stockage, de réseau et de virtualisation de plusieurs serveurs physiques. Objectif: optimiser le processus de consolidation au sein des centres informatiques et salles serveur.  [ Retour au texte ]